jeudi 16 février 2012

Natifs numériques, sauf sur les bancs de l’école !


Un dossier publié ce mois-ci par le service Veille et analyses de l’IFÉ (Institut Français de l’Éducation), intitulé « Jeunesses 2.0 : les pratiques relationnelles au cœur des médias sociaux », relance le débat sur les impacts des nouvelles pratiques médiatiques sur les jeunes générations, notamment en ce qui concerne les apprentissages scolaires.

L’omniprésence des écrans, entraînée par l’essor de technologies mobiles, et la banalisation de l’informatique connectée ont révolutionné nos pratiques, au point de mobiliser désormais une grande partie de notre temps libre. Ceci est vrai en particulier chez les nouvelles générations : une enquête menée aux États-Unis en 2010 révèle que les jeunes entre 8 et 18 ans passent quotidiennement plus de 7h30 à consommer des contenus numériques. Parmi les applications du Web 2.0, les plus utilisées par les jeunes sont les réseaux sociaux, Facebook en tête ; selon une étude du Credoc, les moins de 25 ans sont plus de 80% à être inscrits sur un réseau social.
Depuis les années 90, les experts ont donné plusieurs définitions de cette génération, la plus fameuse étant celle de Digital natives, les natifs numériques (opposée à la génération de leurs parents, appelée Digital immigrants). Celle-ci correspondrait aux personnes exposées dès leur plus jeune âge à l’informatique connectée et ubiquitaire, aux pratiques multimédia nomades, associées notamment au téléphone mobile et aux réseaux sociaux. On l’appelle aussi génération C (pour clic), génération M (pour médias), génération text (pour l’usage intensif de SMS), génération Google.
Mais est-ce-que l’on peux vraiment parler de natifs numériques ? Et dans quelle mesure les pratiques médiatiques des jeunes concurrencent les apprentissages scolaires ?
Le dossier de l’IFÉ souligne 2 points principaux:
  1. Ce n’est pas une génération homogène en terme de volume, diversité et de maîtrise des activités en ligne. Les pratiques varient fortement selon l’âge, mais aussi selon le contexte culturel et social des jeunes : par exemple, les navigateurs plus jeunes préfèrent les jeux en ligne, alors que les collégiens sont partagés entre les réseaux sociaux, la musique et les vidéos. Ou encore, on comptabilise un nombre moyens de 249 SMS par semaine pour le 12-17 ans en France mais un nombre beaucoup plus bas pour leurs homologues québécois (ne serait-ce que parce que seulement 39% d’eux possède un téléphone mobile)
  2. Les connaissances et capacités développées par les jeunes dans les pratiques de loisirs et relationnels ne sont pas transférées aux usages scolaires, les deux mondes restant séparés. Ainsi, par exemple, des études montrent que les étudiants du secondaire ne perçoivent pas l’utilité des sites du Web 2.0 pour leurs apprentissages, à l’exception de Wikipédia. Les expériences numériques avec les nouveaux médias favorisent une démarche exploratoire autonome qui a en effet peu à voir avec les apprentissages scolaires.
S’il existe des limites dans les capacités technologiques et informationnelles des plus jeunes, leurs pratiques médiatiques ne sont pas nécessairement dépourvues d’une dimension éducative. En effet, en « trainant en ligne » (hanging out), les jeunes développent des compétences sociales et techniques de base, utiles pour participer à la société d’aujourd’hui, des compétences qui vont au-delà de la simple « maîtrise de l’information », au sens d’accès à la culture savante légitime. A partir de ces constats, l’école est appeler à repenser son rôle éducatif. Comment le faire, n’est pas une question simple…

Sources complémentaires:
http://eduveille.hypotheses.org/4304

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