mardi 14 mai 2013

L'illectronisme, un enjeu de taille

«Nous vivons à l’ère de la révolution de l’information. C’est une révolution qui offre beaucoup de liberté, un peu de fraternité et aucune égalité», déclarait en 2004 Shashi Tharoor, sous-secrétaire général des Nations unies pour les communications et l'information publique jusqu’en 2007.

Selon Wikipedia, "L'illectronisme est un néologisme, traduction de information-illiteracy, qui transpose le concept d’illettrisme dans le domaine de l’information électronique : il s’agit d’un manque de connaissance des clés nécessaires à l’utilisation des ressources électroniques". Alors que la lutte contre l’illettrisme est déclarée Grande cause nationale 2013, plusieurs médias s'interrogent sur les difficultés qu'éprouvent un certain nombre de nos concitoyens face aux ordinateurs, tablettes et autres smartphones. 

Un handicap social


Ce mal moderne toucherait environ 15% de la population selon Bernard Benhamou, délégué aux usages de l’Internet pour le Ministère de la Recherche et de l’Economie numérique. Or, «tout est mis en œuvre pour inciter les gens à utiliser de plus en plus les services numériques ce qui accentue davantage encore le sentiment d’exclusion», observe-t-on à l’association Education & Formation.

De plus en plus de services sont proposés sur la toile, notamment dans l’administration. Gérard Valenduc, codirecteur du centre de recherche " Travail et technologies", interrogé par Atlantico, détaille : "L’illectronisme entraîne un phénomène d’exclusion sociale ou de marginalisation sociale dans plusieurs domaines : l’emploi et la formation principalement. Mais il est également handicapant dans la communication avec les autres (courriels, réseaux sociaux), dans l'accès à l’information en ligne (culturelle, sportive, journaux, voyage...)"

Parmi les 8 compétences clés nécessaires à chaque individu dans nos sociétés, l'UE compte "la compétence numérique qui implique l'usage sûr et critique des technologies de la société de l'information (TSI) et, donc, la maîtrise des technologies de l'information et de communication (TIC)." 

L'ergonomie au centre des enjeux


Dans un article du Bulletin des bibliothèque de France, datant de 2000, la reflexion était déjà lancée autour de ces questions : "L’appropriation de nouveaux moyens de recherche de l’information, tel qu’un catalogue informatisé par exemple, par les usagers, n’est pas une évidence : il peut exister des handicaps d’ordre pratique – la manipulation des outils informatiques –, mais aussi des obstacles venant du contenu, et notamment de la structuration de l’information spécifique à ces supports."

Elie Maroun, chargé de mission à l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme, précise le champ couvert par l'illectronisme : «Une difficulté qui peut se traduire autant par la manipulation de ces nouveaux outils —computer illiteracy— que par une incapacité à accéder aux contenus de l’information numérique et à les comprendre —information illiteracy».

Les métiers de l'infodoc sont au cœur de ces problématiques. La structuration des contenus, leur lisibilité, leur pertinence font partie du travail quotidien du documentaliste. Il s'agit pour les professionnels de prendre en compte l'illectronisme non seulement lorsqu'il pousse les informations et les contenus vers le public, mais aussi comme un sujet dans lequel ses compétences pourraient être valorisées.

 «Il s’agit d’une machine qui change de configuration en permanence. Contrairement à un toaster ou un fer à repasser, où un bouton est égal à une fonction, sur Internet un bouton correspond à une multitude de fonctions», détaille ainsi Bernard Benhamou. "L’ergonomie sera un des principes de démocratie de nos sociétés numériques.»

Sources :

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