lundi 9 février 2015

"Comment le Big Data rattrape aujourd’hui la papyrologie (1)"

Lors de ensevelissement de Pompéi sous les cendres, en 79 après J.-C., Herculanum fut aussi frappée par le souffle de l'éruption carbonisant les matériaux périssables tels que le bois, le cuirs mais aussi les rouleaux de papyrus.
Découverts en 1752,lors des fouilles archéologiques commandées par Charles de Bourbon, dans la "villa des papyrus", ces 1800 rouleaux de carbones présentaient déjà un aspect hermétique à la lecture.

Des techniques historiques plus ou moins destructrices

Depuis leur découverte, de nombreuses techniques ont été mises en place, sans donner de résultats probants : de la plus ancienne (et la moins destructrice) du père Piaggio, en 1753, permettant l'ouverture progressive de ces volumen millimètre par millimètre, jusqu'aux décennies 1960-1970 avec la technique dite "d'Oslo" qui, par l'emploi d'un produit gélatineux permettait de décoller les différentes couches formant le document, à la plus rudimentaire qui consistait utiliser un couteau afin de disjoindre les spires provoquant la destruction du rouleau, les essais n'ont pas manqué.
Récemment des techniques d’approche plus moderne ont été tentées avec différentes techniques d'imagerie mais sans donner de résultats très satisfaisants : "Ainsi, concernant l’utilisation des rayons X, l’encre utilisée dans l’Antiquité étant fabriquée à partir de carbone issu des résidus de fumée, elle a donc une densité quasi identique à celle de la feuille de papyrus brûlée, ce qui la rend difficile à distinguer(2)."

Une approche à distance

La technologie employée à l'heure actuelle est celle de la tomographie X en contraste de phase (XPCT). En effet, cette nouvelle technique permet de discerner les lettres de leur support en s'appuyant sur les variations d'indices de réfraction percevoir la différence entre l'encre et le papier. Cette méthode présente l'avantage de pouvoir étudier le contenu des volumen sans savoir recours à la nécessité de les ouvrir et donc, de les détériorer.

Elle a pour l'instant été employée sur deux rouleaux confiés par l'Institut de France au Synchrotron européen de Grenoble dont l'équipe internationale de chercheurs issus du CNR italien, de l’ESRF, et du CNRS, composée de physiciens, de mathématiciens et d’historiens.
Selon Vito Mocella, membre du CNR italien :  «Notre but était de montrer que la technique a marché pour lire à l'intérieur des papyrus sans y toucher [...] À présent, nous devons peaufiner la technique et les algorithme(3)».
Selon Daniel Delattre, chercheur au CNRS, ces données issues de la recherches scientifiques se retrouveront en libre accès.

"La seule bibliothèque de l’Antiquité retrouvée complète à ce jour" (1)

Si les ouvrages retrouvés à ce jour ne sont, majoritairement, pas œuvres perdues mais bien des textes connus, on peut citer cependant la découverte d'une partie des livres d’Épicure, De la Nature, ainsi que les poèmes de l'un de ses disciples, Philomène de Gadara.
Il reste encore 700 à 800 rouleaux dont le contenu est encore à découvrir ce qui prendrait encore une dizaine d'années, selon les chercheurs, laissant une large place à de possibles découvertes.
De plus le troisième étage de la villa des papyrus, situé au niveau de la mer, dont l'existence a été faite dans les années 2000, reste toujours a explorer.

 De nouvelles possibilités ?

Cette avancée majeure dans le domaine pourrait, à terme, être employée sur d'autres corpus dont les restes, carbonisés, auraient été conservés et permettraient de retrouver le contenu des ouvrages détruits. On peut citer le cas récent de l'INION à Moscou (4) dont l'incendie du 2 février 2015, a détruit des ouvrages anciens mais surtout uniques.



(1)Aurélie Sobocinski, Des papyrus antiques carbonisés déchiffrés à la lumière des rayons X , Le Monde, publié le 20/01/2015, [consulté le 9/02/2015]

(2)
Pascale Mollard-Chenebenoit,

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