La smart city est irriguée par un flux incessant de données : des acteurs publics, des opérateurs privés, des GAFA... A l'heure du RGPD, le débat sur la maîtrise et la gouvernance de ces données suscite beaucoup de questions. La Fing -Association Think Tank- étudie et expérimente le self data qu'elle définit depuis 2012 [1] comme " la production et le partage de données personnelles par les individus, sous leur contrôle et à leurs propres fins". Elle propose une nouvelle approche de la smart city, issue de ses expérimentations auprès de trois villes, via "un kit de self data territorial"[2] à destination des collectivités.
L'approche courante de la smart city pose en effet souvent la question du partage des données des parties prenantes en l'associant avec la problématique des données personnelles [3]. La nouveauté avec l'approche "self data territorial" est de replacer le citoyen au cœur de la smart city en lui donnant la maîtrise de ses propres données dans son intérêt et celui du collectif.
L'idée est qu'il dispose d'un cloud personnel alimenté par ses données personnelles, elles-mêmes transmises par l'ensemble de l'écosystème de la smart city tels que la ville et les opérateurs privés. Le citoyen dispose ensuite d'une palette de services associés qu'il est libre ou non d'utiliser. On peut imaginer par exemple qu'il récupère ses données de consommation de ses fournisseurs d'énergie, ses données issues des transports publics et qu'il peut à la fin de sa journée mesurer son empreinte carbone via une application.
Cette approche nouvelle associant self data et smart city est encore en phase d'expérimentation et la Fing propose un outil méthodologique et expérimental pour que les collectivités puissent s'associer à cette démarche. Déjà trois villes ont été incluses dans le projet depuis 2017: Lyon, Nantes et La Rochelle. A noter, chacune d'elle a identifié une problématique qui lui était propre et a appliqué un modèle de self data correspondant à ses enjeux. Par exemple, Lyon teste actuellement le self data au service de l'action sociale via un modèle de cloud personnel.
Si l'approche est prometteuse et permettrait de résoudre un certain nombre de problèmes liés aux données personnelles tout en donnant une nouvelle place aux citoyens dans la smart city, elle reste encore tributaire du développement de certaines technologies comme par exemple le PIMS (Personnal Information Systems). La forme même d'un kit laisse de plus présager, que la démarche reposera sur la bonne volonté des collectivités alors qu'elles sont justement la clé de voûte de l'approche. Au Royaume par exemple, un programme similaire existe et est soutenu par le Gouvernement depuis 2012. Mais l'alternative, au regard aussi de la maturité du projet self data, ne serait-elle pas d'en faire déjà une approche complémentaire à d'autres initiatives de la smart city [4] comme cela a été fait à Nantes par exemple?
[1] Christine Tréguier, Le Self data: une autre façon d'utiliser nos données personnelles, 16 mai 2018.
[2] La Fing, Publication du "kit de self data territorial", 11 octobre 2019,
[3] La CNIL, Smart city et données personnelles: quels enjeux de politiques publiques et de vie privée? , 12 octobre 2017.
[4] Lucas Boncourt/ EVS pour Localtis dans Infrastructures numériques, données smart city, La maîtrise des données urbaines, enjeu central de la smart city, 12 septembre 2019.
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