lundi 6 janvier 2020

Constellation Starlink, entre humanité et hégémonie

Fondée en 2002, la société Space X d’Elon Musk lance des satellites dans l’espace pour étendre le réseau Internet au monde et combattre la « fracture numérique » en créant une constellation artificielle nommée Starlink.


Internet mondial
D’après les données de la banque mondiale [1], le pourcentage d’utilisateurs d’internet est passé de 0 à 50% de la population mondiale en près de 30 ans. Aujourd’hui, utilisé par plus de la moitié de la population mondiale (près de 4 milliards de personnes), Internet s’est transformé en un outil indispensable de notre quotidien.

Actuellement, les réseaux mobiles 4G et 5G, l’ADSL, la fibre optique et Internet par satellite sont constamment déployés pour apporter le haut débit dans les zones dites « blanches » non couvertes ou « grises » à faible couverture [2]. D'ici 2022, le « Plan France Très Haut Débit » prévoit d’équiper tout le territoire.

Photo de l'Agence Spatiale Européenne
La course à l'espace
Elon Musk (patron de Space X et visionnaire) y perçoit un intérêt et part à la conquête de l’autre moitié de la population avec son projet de constellation Starlink qui permettrait d’offrir une couverture mondiale d’Internet. Pour accomplir sa mission, l’agence aérospatiale doit réaliser près de 200 lancements afin de positionner 12 000 satellites artificiels en orbite terrestre basse (OTB) [3] avant 2024. Les satellites Starlink sont à une distance de 550 km de la Terre permettant de réduire ainsi le temps de latence. 120 satellites sont déjà en orbite et une nouvelle vague sera lancée début 2020.

La course à l’Internet depuis l’espace a d’ores et déjà commencée avec la société française Arianespace en février 2019 pour 650 satellites mis en orbite par la start-up OneWeb. Le projet Kuiper du géant Amazon vient s’y greffer aspirant positionner 3250 satellites à son tour. Une ambition à la fois humaniste et hégémonique car pour Monsieur Musk, «l’objectif à court terme est de s’approprier 3 à 5% du marché mondial de l’internet, soit environ 30 milliards d’euros.» [3], pour un investissement de 10 milliards.

Pollution spatiale

Le projet Starlink a fait parler de lui récemment lorsque des points lumineux sont apparus dans le ciel du Var, la nuit du 24 au 25 décembre. [4] Il s’agit en effet des satellites de Space X. Dès lors, le projet Starlink complexifiant l’observation de multiples phénomènes astronomiques par télescope, Elon Musk est «accusé» de «pollution visuelle».

D’autres types de pollutions sont à observer comme la pollution de l’espace par exemple liée au danger que représente la collision des débris (sur 7500 satellites placés en orbite seul 1200 sont opérationnels) et qui encourage l’Agence Spatiale Européenne (ESA) à réaliser des missions de nettoyage [5]; le rayonnement non-désiré des satellites (risques sanitaires liés aux ondes radiofréquences) [6] peut également poser des barrières au projet même si ces risques ne sont pas démontrés par manque d’analyses détaillées; le relais entre satellites et le réseau internet s’établit par «station terrienne» (Space X en envisage l’installation d’1 million).

La sombre liste des risques potentiellement connus ci-dessus, et de manière générale les projets d’Internet à l’échelle astronomique infèrent que certaines controverses voient le jour. L’écologie spatiale pourrait bien être au cœur de nos préoccupations dans les années à venir, au même titre que notre quête actuelle pour la préservation de l’environnement. Cela soulève la question de l’impact écologique spatial.

Le projet Starlink est-il seulement spéculatif et hégémonique ?

L’Internet accessible à tous perpétuerait la motivation humaine et intemporelle de diffuser l’information et la connaissance. Même si l’humain a toujours été porté par sa capacité d’adaptation, pourrait-on se passer aujourd’hui d’Internet devenu pour certain une «cyberaddiction » qui par extrapolation pourrait porter son usage au premier niveau de la pyramide de Maslow ? La problématique de l'utilisation d’Internet par ailleurs est bien réel (illectronisme, informatisation) mais la solution de l’Internet mondial y répond-elle à elle seule ?

Sources :
[1] Union internationale des télécommunications, Rapport et Base de données sur le développement des télécommunications/TIC dans le monde. Consulté le 28 décembre sur https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/IT.NET.USER.ZS

[2] Agence nationale de la cohésion des territoires. Couverture numérique «Le déploiement de l’Internet fixe et mobile s’accélère». Publié le 18 octobre 2019. Consulté le 28 décembre 2019 sur https://www.cget.gouv.fr/actualites/le-deploiement-de-l-internet-fixe-et-mobile-s-accelere

[3] Pierre Thouverez. Technique de l’ingénieur, Informatique et Numérique, «Starlink : un accès internet par satellite accessible partout dès 2020 ?». Publié le le 16 décembre 2019. Consulté le 28 décembre sur https://www.techniques-ingenieur.fr/actualite/articles/satellites-spacex-starlink-musk-innovation-internet-73601/

[4] Aéronautique & défense, «Quand les satellites d'Elon Musk illuminent le ciel du Var». Publié par Les Echos le 28 décembre 2019. Consulté le 28 décembre 2019 sur https://www.lesechos.fr/industrie-services/air-defense/quand-les-satellites-delon-musk-illuminent-le-ciel-du-var-1159288

[5] Anne Bauer. Aéronautique & défense, «L'Europe lance sa première mission de nettoyage de l'espace». Publié le 10 décembre 2019 par Les Echos. Consulté le 28 décembre 2019 sur https://www.lesechos.fr/industrie-services/air-defense/leurope-lance-sa-premiere-mission-de-nettoyage-de-lespace-1155064

[6] Le déploiement de la 5G, «Les fréquences», onde et santé. Consulté le 28 décembre sur https://reseaux.orange.fr/5g-deploiement

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