mardi 13 mars 2018

Le Big Data au service de la solidarité

Comment les données du Big Data et les algorithmes risquent - si l'on n'y prend pas garde - de monétiser l'action sociale et solidaire sous couvert de rendre le monde meilleur.

Rappel

Le processus du Big Data est toujours le même. Des données sont extraites d’immenses bases de données, puis analysées par des algorithmes complexes avant d’être finalement utilisées pour la prise de décision [1].
Le Big Data est jusqu'à lors utilisé à des fins de prises de décision d'intérêts économiques ou de surveillance [2] pourtant certains voient dans le Big Data l'opportunité de rendre le monde meilleur !

Chrystèle Bazin [3], se demande si les méthodes du Big Data peuvent s'appliquer directement aux questions sociales et solidaires ? Et s'il existe un danger sur le terrain de la solidarité, en particulier au regard de la mesure de l’impact social des actions ?

L'auteure rappelle quelques utilisations du Big Data ; par exemple, l'analyse des données issues d'associations et de citoyens en contact avec des SDF permet de cartographier des zones afin de leur venir en aide et de mieux couvrir leurs besoins. Une autre possibilité à mettre à l'actif de l'utilisation des données collectées est le crowdsourcing solidaire qui permet à des personnes en détresse de se manifester après un tremblement de terre, comme ce fut le cas au Népal en 2015.

Entrepreneuriat social 

Pour collecter, agréger et analyser les données, des plate-formes comme Quakemap, Entourage ou encore Mutum ont vu le jour et agissent comme des structures associatives qui mettent en relation un besoin et une capacité d’entraide. Ces plateformes portées par un entrepreneuriat social dont les acteurs veulent « faire le bien en se faisant du bien ». Chrystèle Bazin se demande alors si l'utilisation que font ces acteurs des données pour réussir leurs missions modifie l’ensemble du secteur social et solidaire ? Et dans quel sens ?

Risque de monétisation de l’action sociale et solidaire

Car les données ne sauraient, sans danger, être le seul indicateur de la réussite d’une action. Le risque est en effet que l’efficacité d’une action sociale soit jugée au nombre d’euros qu’elle fera économiser à la collectivité - efficacité elle-estimée à partir des fameuses datas. Car en effet, le Big Data prenant de plus en plus d'importance, la mesure de l’impact social serait, à terme, issue des seuls calculs algorithmiques sans prise en compte de la réalité du terrain ni surtout du fait que l'action solidaire et sociale se mène sur le long terme.
La monétisation de l’action sociale et solidaire risque alors d’attirer les investisseurs désireux d'investir dans des projets à impact social positif sans intérêt réel pour la solidarité ni la dignité des personnes.

Dans le but d’éviter cette possible dérive, les acteurs sociaux et solidaires doivent s’approprier les tenants et les aboutissants du monde numérique dans le but d'en faire une nécessité pour nous tous.


Sources :

[1] Bastien. L. Dangers du Big Data : le Big Data fait-il plus de mal que de bien ? In LE BIG DATA [en ligne]. Publié le 22 mai 2017 [consulté le 12 mars 2018] <https://www.lebigdata.fr/dangers-du-big-data-2205>

[2] Bastien. L. La Chine veut faire revivre le socialisme grâce au Big Data ? In LE BIG DATA [en ligne]. Publié le 22 janvier 2018 [consulté le 12 mars 2018] <https://www.lebigdata.fr/chine-big-data-danger-occident>

[3] Bazin. Chrystèle. Les données peuvent-elles faire le « bien » ? In Usbek & Rica [en ligne]. Publié le 12 mars 2018 [consulté le 12 mars 2018] <https://usbeketrica.com/article/les-donnees-peuvent-elles-faire-le-bien>

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