Ce
billet s’adresse à tous ceux qui vivent dans la crainte de ne pas parvenir à
maîtriser le flot de leurs mails, tweets, et autres posts.
La
lecture de l’article de Xavier de la Porte [1] sur le site internetactu.net nous relate
l’expérience du journaliste Olivier Burkeman [2] qui découvre et utilise avec
plaisir la nouvelle fonctionnalité inbox pause de Gmail, c'est-à-dire mettre le
courrier en attente ni plus ni moins.
« Tout
cela est irrationnel. Mais le fait même d’être stressé par l’information est
irrationnel. En théorie, nous pourrions suivre des millions de sources
d’information, en pratique, nous le faisons qu’avec un petit nombre, et le
choix est assez arbitraire. J’essaie de répondre à tous les mails personnels,
mais je ne me soucie pas de répondre à tous les messages personnels sur
Twitter. La pile de livres à lire sur mon bureau me jette un regard noir, mais
je ne ressens jamais aucune angoisse à l’idée de tout ce que je pourrais lire
sur le web si je le voyais. Pourquoi donc ne pas combattre l’irrationalité par
l’irrationalité ? Inquiétez-vous moins de réduire l’afflux d’information.
Cherchez plutôt des moyens de réduire le stress que procure cet afflux – et si
cela signifie se tromper soi-même avec des boutons “pause”, des “boomerang” et
des trucs comme ça – qu’importe ? Dans la guerre contre la surcharge
informationnelle, toutes les armes sont à utiliser » [1].
Certes !
Ce cynisme me plaît, mais plutôt que de
céder à ma tendance à la procrastination (un mot vraiment laid mais très amusant), poursuivons l’article jusqu’au bout
car voici la citation qui va éclairer notre journée : « la surcharge
informationnelle, et l’angoisse qu’elle créée, ne sont pas propres à notre
époque.. »
En
effet Hubert Guillaud [3] nous dit, retranscrivant les propos de Anaïs Saint-Jude
fondatrice et responsable du programme BiblioTech de la bibliothèque de Stanford [4],
lors de sa conférence pour Lift 2012 intitulée de Gutenberg à Zuckerberg : « La
surcharge d’information fait partie de la condition humaine : nous sommes
confrontés par trop de possibilité, trop de complexité » et d’ajouter
« la surcharge
d’information est une force qui génère de l’innovation ».
Un
autre article particulièrement intéressant de Xavier de la Porte [5] montre la comparaison que fait Anaïs Saint-Jude entre la période du XVe au
XVIIe siècles et la notre. Les mutations liées à la révolution Copernicienne, la
découverte de nouveaux mondes et l’invention de l’imprimerie ont en leur temps pu donner le sentiment aux gens d’être submergés par une quantité d’informations nouvelles, une nouvelle vision du monde qui nécessite de déployer des capacités d’adaptation. Comparant cette période à la révolution de l’ère numérique que
nous sommes en train de vivre, elle trouve des similitudes amusantes de
pratique entre l’explosion des échanges épistolaires au 17e siècle
(voir absolument la représentation cartographiée [4] des échanges épistolaires de Voltaire), les petits mots qui
circulent sur des bouts de papiers et les débats sur la place publique avec nos mails,
tweets, murs facebook et autres espaces virtuels.
Aux
vues de ces recherches, la surcharge informationnelle d’une société est liée à
une période d’intenses bouleversements, de révolution des comportements et des
idées. Elle « permet d’identifier
de nouveaux besoins, de créer de nouvelles formes d’information »
Pour
conclure je réalise que ce flot d’informations, s’il est un courant difficile à
maîtriser, est aussi le marqueur inhérent d’une société en état de re-création et qu'il est agréable de se souvenir que nous sommes en train de vivre une
révolution.
[1] DE LA PORTE, Xavier.
Internetactu.net. Surcharge informationnelle : combattre l’irrationalité par
l’irrationalité [en ligne]. Publié le 10 décembre 2012 [consulté le
11/12/2012].
<http://www.internetactu.net/2012/12/10/surcharge-informationnelle-combattre-lirrationalite-par-lirrationalite>
<http://www.internetactu.net/2012/12/10/surcharge-informationnelle-combattre-lirrationalite-par-lirrationalite>
[2] BURKEMAN, Oliver. The
Guardian, This column wil change your life: information overload [en ligne]. Publié
le 2 novembre 2012 [consulté le 11/12/2012].
[3] GUILLAUD, Hubert.
Internetactu.net. #Lift12 : Notre surcharge informationnelle en
perspective
[en ligne]. Publié le 29 février
2012 [consulté le 11/12/2012].
<http://republicofletters.stanford.edu/case-study/voltaire-and-the-enlightenment>
[5] DE LA PORTE, Xavier. Internetactu.net. De nouveaux médias sociaux ne sont peut être pas si nouveaux que ça [en ligne]. Publié le 21 novembre 2011 [consulté le 11/12/2012]. <http://www.internetactu.net/2011/11/21/les-nouveaux-medias-sociaux-ne-sont-peut-etre-pas-si-nouveaux-que-ca>
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