Premières élections célébrées dans le nouveau contexte sécuritaire et les plus surveillées depuis 40 ans : le 26 mai prochain des centaines de millions de citoyens sont appelés aux urnes pour élire 705 eurodéputés. Alors que l'Union Européenne appelle les 27 pays membres à blinder la campagne des européennes contre les cyber-attaques et les fake news, l'Espagne applique les directives en avant-première.
Les Oscars de la désinformation (Source : EU vs. Disinfo) |
Dans la lutte pour la cyber-sécurité européenne, chacun des 27 pays membres est responsable de son processus électoral et doit veiller à mettre en place les préconisations de l'Union. Pour cela, les pays peuvent recourir, entre autres, à deux outils institutionnels communautaires en ligne. Hybrid CoE, basée à Helsinki, est une plateforme ouverte aux pays membres de l'OTAN et de l'UE destiné aux échanges de connaissance par la publication de rapports de recherche et d'analyse. Elle propose également des stratégies et des formations ciblées, et favorise les bonnes pratiques pour la lutte contre cette "menace hybride".
De son côté, le corps diplomatique européen, épaulé par ses services d'information, a lancé EU vs Disinfo, une base de données alimentée par l'UE et par ses états membres, qui publie, étudie, analyse, diffuse et classe les données recueillies avec moteur de recherche (par date, titre, média et pays). Le site dispose également d'un flux d'alerte sur des menaces potentielles contre un ou plusieurs territoires. Un graphisme décalé et un registre léger, qui reste journalistique, montrent le dynamisme de la démarche promue par les services de politique extérieure.
Mais en février dernier, au moment où l'UE renforçait ses directives anti-fake news en vue de l'appel aux urnes, Pedro Sánchez, le socialiste à la tête de l'exécutif espagnol, n'a d'autre issue que de convoquer des élections présidentielles : ce sera le 28 avril, un mois avant les élections municipales et autonomiques qui seront célébrées en même temps que les européennes, le 26 mai.
Jusqu'ici peu réceptive à la problématique de désinformation -la manipulation informative émanant de la Russie en 2014 se situait très loin de Madrid- la crise catalane a confronté l'Espagne à un phénomène similaire lors du pseudo-référendum indépendantiste. Le gouvernement espagnol s'est donc dépêché d'appliquer la stratégie préconisée par l'UE avant l'heure, afin de protéger la campagne présidentielle du mois prochain.
Collage : Luis Parejo (Source : www.elmundo.es) |
Par ailleurs, une centaine d'agents de police ont été affectés à une cellule dont le travail exclusif est de passer au crible aussi bien les sources ouvertes -réseaux sociaux, messageries, forums, blogs et sites web- que les sites hébergés dans le deep web -très prisé par les collectifs "anti-système"- afin de prévenir les cyber-attaques contre les organismes d'Etat. Cette petite armée cyber-sécuritaire divise en trois les menaces cybernétiques : celles contre le système informatique de décompte des votes, les fake news (classifiées selon leur degré de dangerosité) et les cyber-attaques contre les partis politiques et les administrations publiques.
Un rapport hebdomadaire est désormais rendu au gouvernement, qui décide de la marche à suivre au cas par cas. Les campagnes de désinformation, par exemple, sont traitées soit par la publication directe de communiqués, soit en faisant appel à la presse traditionnelle pour rétablir les faits. Mais l'exécutif espagnol exprime une inquiétude particulière pour des applications telles que Whatsapp, dont l'Espagne est très adepte. Un moyen de diffusion direct, difficilement traçable et peu onéreux, déjà abondamment utilisé par le parti d'extrême droite Vox.
Alors que les fake news inquiètent 80% des espagnols (face à la moyenne européenne de 76%), 36% de la population utilise Whatsapp comme source principale d'information (contre 6% en France), d'après une étude de l'Institut Reuters. L'actuel président du Brésil a d'ailleurs mené sa campagne présidentielle par voie de cette messagerie instantanée, parfaite pour la propagande nationaliste selon les analystes : 61% de ses votants ont suivi la campagne présidentielle sur Whatsapp. Après les élections, le journal Folha de São Paulo a dévoilé le résultat de son décompte : 97% des informations partagées par les partisans de Bolsonaro pendant la campagne étaient manipulées, ou fausses.
Sources :
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De Bolsonaro a Vox: cómo WhatsApp ha llegado a ser el arma más eficaz de
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WIGELL, Mikael,
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