jeudi 13 octobre 2011

Europeana : la bibliothèque numérique européenne en pleine évolution

Europeana est la bibliothèque numérique européenne créée dans le but de rendre le patrimoine culturel et scientifique de l'Europe accessible au grand public avec des Images, des Textes, des Sons et des Vidéos.

Son enrichissement est le résultat d’une volonté politique.
Et la récente refonte de son portail lui apporte une vraie valeur ajoutée.

Le résultat d’une volonté politique

Europeana a été lancée officiellement par la Commission européenne en novembre 2008.

Les états de l’UE se sont engagés à mettre en commun les ressources numérisées de leurs bibliothèques nationales (livres, matériel audiovisuel, photographies, documents d'archives, etc.) afin d’assurer via Internet la conservation, une diffusion transnationale et un accès public et gratuit de ces documents culturels numérisés libres de droit.

1500 institutions (notamment la Bibliothèque Nationale de France, la British Library, le Rijksmuseum d'Amsterdam et le Louvre) ont participé à ce projet. La France et l’Allemagne en sont les principaux contributeurs.

L'initiative de Google avec le projet Google Book Search (anciennement Google Print) a en effet poussé les pays européens à se questionner sur leur patrimoine et à réagir rapidement pour proposer une alternative européenne au monopole de Google et au problème concomitant de droit d’auteur.

A son lancement, Europeana proposait 2 millions de documents culturels. Trois ans plus tard, elle dépasse largement les objectifs fixés. Les objets consultables en ligne et/ou téléchargeables (deux tiers de photographies, cartes, tableaux, pièces de musées et autres images numérisés, pour un tiers de textes numérisés) s’élèveraient à 15 millions selon les derniers articles circulant sur le web ou plutôt - comme l’indique le dernier communiqué de presse d’Europeana du 12 octobre 2011- à 19 millions de documents.

Cependant, mal organisé et encore mal connu, le contenu de cette bibliothèque se devait d’être repensé après trois ans d’une telle croissance. Face à l’enrichissement de sa base et au développement du Web2, Europeana a réagi en proposant un nouveau site refondu.

Un site métamorphosé

En ce mois d’octobre 2011, Europeana a présenté un site complètement refondu, intégrant de nouvelles fonctionnalités et élargissant sa présence sur le web.

Grâce aux retours de ses utilisateurs, l'ergonomie du nouveau site a été repensée pour devenir « plus visuelle, plus interactive et plus facile à utiliser » :
  • Le portail présente une nouvelle page d'accueil épurée et une navigation dynamique (carrousel d'images permettant la mise en valeur de collections et/ou d'expositions virtuelles),
  • Le site est adapté aux nouveaux usages sociaux (plus d’interactivité, d’accessibilité, de personnalisation) :
    • interface adaptée pour les écrans tactiles iPads et Androïd,
    • espace personnel Mon Europeana (pour sauvegarder ses recherches et articles préférés, indexer ses documents favoris)
    • liens vers Wikipedia et Amazon pour poursuivre ses recherches,
    • ciblage des droits de téléchargement gratuit (le téléchargement se faisant sur le site de l’institution contributrice) et réutilisation des points forts culturels trouvés sur le site,
    • suivi des actualités et possibilité de partager, discuter ou blogger autour du contenu grâce à sa newsletter, son blog, ses pages Twitter et Facebook, ainsi que son LinkedIn groupe pour les professionnels du patrimoine
    • recherche de contributions (retours d’expérience et suggestions d’utilisateurs, ThoughtLab, projet de collecte de documents de particuliers sur la Guerre de 14-18 en Allemagne).
  • La recherche a été restructurée pour plus de précision et de logique.
    La richesse du catalogue de recherche peut désormais être explorée :
    • par l’unique champs de recherche (en tapant des mots ou expressions répondant aux simples questions qui ? quoi ? quand ? où ? puis une fois les résultats affichés sous forme de vignettes en affinant par média, langue, date, pays, contributeur ou droits)
    • par contenu associé
    • par la liste d'institutions contributrices
    • par une frise chronologique interactive.

      Couplé avec le projet de moteur de recherche européen Quaero, le site nécessite des registres de métadonnées afin de fonctionner efficacement.

En route vers l’idéal d’une bibliothèque riche à l’architecture juridique ouverte

Dans son blog S.I.Lex, Calimacq (Lionel Maurel, conservateur à la BNF particulièrement intéressé par les questions juridiques) - qui rêvait d’une bibliothèque à architecture ouverte - constate qu’Europeana n’est maintenant pas si éloignée de cet idéal, plusieurs projets ayant été conduits pour permettre la préservation du caractère ouvert du domaine public numérisé et la libération des droits sur les contenus et métadonnées.

Le récent protocole d’accord, signé le 20 septembre 2011 sous l’égide de la Commission européenne, entre bibliothèques, éditeurs, auteurs et sociétés de gestion des droits d’auteurs – qui permettra aux bibliothèques européennes de numériser et rendre accessibles livres et revues épuisés et hors-commerce tout en garantissant le respect des droits d’auteur - devrait largement bénéficier à l’enrichissement de la base Europeana. Rappelons au passage que Google a aussi signé cet été avec Hachette un accord pour la numérisation d'oeuvres épuisées dont la BNF devrait aussi tirer parti.

L’autre avancée significative est l’accord (« Data Exchange Agreement ») adoptée le 21 septembre 2011, qui prévoit la mise à disposition libre de toutes les métadonnées des oeuvres numérisées de ses collections, sous licence CCo (la licence Creative Commons Zéro, CCo, est une licence libre Creative Commons permettant au titulaire de droits d'auteur de renoncer au maximum à ceux-ci dans la limite des lois applicables, afin de placer son œuvre au plus près du domaine public). La Conférence des bibliothécaires nationaux européens (CENL) a voté massivement pour soutenir les licences ouvertes de leurs données.

En pratique, cela signifie une accessibilité croissante et une réutilisation libre des métadonnées des bibliothèques (titre, auteur, date, empreinte, lieu de publication, etc) décrivant des millions de livres et de textes jamais publiés en Europe, ce qui accroîtra la puissance de recherche d’Europeana. Cette avancée touche au droit des bases de données en respectant les principes de l’Open Data dans lesquels Europeana souhaitent s’engager notamment avec son programme d’Open Linked Data qui lui permettra de jouer un rôle majeur dans le développement du web sémantique.

Par ailleurs, Europeana a, d’une part, développé un Public Domain Calculator qui après remplissage d’un questionnaire établit un diagnostic juridique permettant de calculer automatiquement si une oeuvre appartient ou non au domaine public, et d’autre part, elle a établi un guide de bonnes pratiques pour encadrer la réutilisation des données et contenus.


La grande bibliothèque numérique européenne est donc en marche avec le soutien de la Commission Européenne.

Les étapes importantes qu’elle a franchies doivent toutefois être relativisées. Les détenteurs des droits conservant en amont la décision de numériser et de rendre public, cette liberté pourra toujours la freiner. De même que la liberté de choix des institutions culturelles pour les licences attachées à leurs contenus (usage des licences Creative Commons – et plus encore de la Public Domain Mark). Enfin les coûts et temps de numérisation ne sont pas à négliger !


Sources :

www.europeana.eu un site portail pour « Explorez les collections culturelles d’Europe de l’Antiquité à nos jours »

Article « Europeana » sur Wikipedia

Apports de la nouvelle version signalés dans la lettre d’information d’Europeana d’octobre 2011article de Bruno Texier paru le 12/10/11 sur Archimag

Adoption d’un nouveau Data Exchange Agreement :
annoncée le 22/9/11 par le site Creativecommons

Accord de numérisation des livres hors commerce :
- Communiqué de presse de la Commission européenne du 20/09/11 : Droits d'auteur: la Commission aide à conclure un accord visant à rééditer un plus grand nombre de livres épuisés
- Actualité Vie publique du 28/09/11 : Bibliothèques européennes : numériser les livres hors-commerce
- Site de presse Actualitte, article de Xavier Gillard du 22/09/11 : Europeana se nourrira des oeuvres épuisées des 27 Européens
- Site Clubic.com, article d’Olivier Robillart du 22/09/11 : Numérisation : Europeana peut utiliser les œuvres "épuisées" des éditeurs

Implications juridiques et ouverture à l’Open Data :
Blog S.I.lex article de Calimaq du 10/10/11 : L’architecture juridique ouverte d’Europeana

Importance du projet Europeana :
Sur le site Actualitté, article de Xavier Gillard du 26/09/11 : Europeana : Un projet important pour la Commission


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