lundi 26 mars 2018

Rapport Orsenna : "Voyage au pays des bibliothèques"

Présenté le 20 février dernier à la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, le rapport écrit par l'académicien Erik Orsenna et l'inspecteur général des affaires culturelles Noël Corbin sur les bibliothèques [1] suscite des réactions très diverses chez les professionnels. Parmi ses 19 propositions, le rapport annonce le lancement d'un "plan national pour les bibliothèques" portant sur l'extension des horaires d'ouverture, la mise en réseau des établissements, la collaboration Etat-collectivités ou encore la formation initiale et continue des bibliothèques. Pour le moment, la profession salue une volonté politique de s'emparer de la question, mais déplore "un manque de moyens engagé criant" [2].

Après trois mois de consultation auprès des bibliothécaires et des élus, Erik Orsenna et Noël Corbin dévoilent leur rapport intitulé "Voyage au pays des bibliothèques, lire aujourd'hui, lire demain" portant sur les bibliothèques, leur fréquentation et leur avenir. Parmi ces recommandations, une attention toute particulière est donnée à l'extension de leurs horaires d'ouverture.

Comme le rappelle Erik Orsenna, l'objectif de cette mission était d'établir un diagnostic des lieux de lecture publique en France afin de préparer la mise en oeuvre de l'engagement présidentiel "ouvrir mieux, ouvrir plus" [3]. Une démarche qui satisfait Xavier Galaup, président de l'Association des Bibliothécaires de France (ABF) qui tient à ce "qu'une analyse territoriale des besoins soit réalisée avant que les établissements se lancent dans de tels chantiers".  D'autres points ont également reçu l'approbation de l'ABF, tels que l'attention portée aux réseaux intercommunaux et le développement de partenariats.

D'autres professionnels réagissent au rapport Orsenna [4], et notamment Frédéric Saby, Conservateur général des bibliothèques et directeur général délégué à la documentation, université Grenoble-Alpes, qui pense que ce rapport va bien au-delà de la question des horaires d'ouverture et qu'il traite, avant tout, de la question de l'avenir des bibliothèques : "Elles jouent d'abord leur rôle par l'espace, par le lieu. Les bibliothèques virtuelles ne viendront pas remplacer les vraies bibliothèques. Elles les complètent, avec efficacité, en rendant un vrai service, elles ne les remplacent pas". Frédéric Saby souligne également un point important du rapport Orsenna : l'ouverture dominicale des bibliothèques universitaires (BU). Selon lui, il faut bien évidemment élargir les horaires d'ouverture des BU car la situation des étudiants est critique à Paris : "l'ouverture hebdomadaire moyenne des BU en France est de soixante et une heures bien en deçà de nos partenaires européens, qui se situent autour de soixante-cinq heures et moins de quinze BU sont ouvertes le dimanche sur le territoire pour 2,5 millions d'étudiants" [5]. Cependant, il faudra penser cet avenir en même temps que la place des professionnels des bibliothèques.

Par ailleurs, certains bibliothécaires sont plus mitigés concernant le rapport Orsenna. En effet, Nicolas Sautel-Caillé, bibliothécaire dans la région Midi-Pyrénées reproche au rapport de ne pas associer l'objectif culturel à l'élargissement des horaires d'ouverture : "Pourquoi ouvrir les bibliothèques le dimanche ? Pourquoi continuer à accueillir autant d'étudiants à Paris alors que les conditions d'études y sont désastreuses ?". Il souligne, ici, un problème majeur, celui du mal-logement. En outre, il reflète l'enquête menée en ligne, par Archimag du 20 au 22 février derniers, selon laquelle un bibliothécaire sur trois ne souhaite pas étendre ses horaires de travail (33%), et près d'un sur deux (43%) refuse catégoriquement de travailler le dimanche. Certains seraient prêts à travailler plus tard le soir et le dimanche mais sous certaines conditions.

Le rapport Orsenna fait donc débat et démontre l'importance de ces lieux considérés comme le premier réseau culturel de proximité. En effet, en 2016, 40% de la population française a poussé la porte d'une bibliothèque contre 25% en 1997 [6]. 55% de ces visiteurs n'empruntent pas de livres mais, selon Erik Orsenna, les bibliothèques sont des lieux de vie, de partage, d'échange dont la mission va bien plus loin que le seul prêt de livre ou conseil de lecture.

Il y aurait donc urgence à ce que les ambitions affichées bénéficient des moyens adéquats. Les professionnels, élus et associations attendent maintenant de voir comment ses 19 propositions vont se traduire concrètement et avec quels moyens.

Ce rapport arrive en prélude à une journée de concertation, le 9 avril prochain, au Centre Pompidou, à Paris pour définir les conditions de mise en oeuvre d'un plan national pour les bibliothèques.

Sources : 

[1] ORSENNA Erik, CORBIN Noël, "Voyage au pays des bibliothèques, lire aujourd'hui, lire demain", assemblee-nationale.fr, rapport, février 2018, [consulté le 26 mars 2018], <http://www2.assemblee-nationale.fr/static/15/commissions/CAffCult/20182002%20Rapport%20Voyage%20au%20pays%20des%20biblioth%C3%A8ques.pdf>

[2] OURY Antoine, "Un accueil mitigé pour le rapport Orsenna et ses 19 propositions", actualitte.com, 23 février 2018, [consulté le 26 mars 2018], <https://www.actualitte.com/article/monde-edition/un-accueil-mitige-pour-le-rapport-orsenna-et-ses-19-propositions/87494>

[3] JOST Clémence, "Ce qu'il faut retenir du rapport Orsenna pour les bibliothèques", archimag.com, 20 février 2018, [consulté le 26 mars 2018], <http://www.archimag.com/bibliotheque-edition/2018/02/20/rapport-orsenna-bibliotheques>

[4] GALAUP Xavier, SABY Frédéric, SAUTEL-CAILLE Nicolas, "Quel avenir pour nos bibbliothèques?", humanite.fr, 06 mars 2018, [consulté le 26 mars 2018], <https://humanite.fr/quel-avenir-pour-nos-bibliotheques-651492>

[5] GRAVELEAU Séverin, "Bibliothèques universitaires : le rapport Orsenna préconise d'en ouvrir trois le dimanche à Paris", lemonde.fr, 23 février 2018, [consulté le 26 mars 2018], <http://www.lemonde.fr/campus/article/2018/02/23/bibliotheques-universitaires-le-rapport-orsenna-preconise-d-ouvrir-trois-bu-le-dimanche-a-paris_5261572_4401467.html>

[6] Culture.gouv.fr, "Erik Orsenna : voyage à travers les bibliothèques d'en France", publié le 03 octobre 2017, [consulté le 26 mars 2018], <http://www.culture.gouv.fr/Nous-connaitre/Missions-et-consultations-publiques/Mission-Orsenna-sur-la-lecture/Actualites/Erik-Orsenna-Voyage-a-travers-les-bibliotheques-d-en-France>




Le système d'information d'une entreprise est la clé de sa survie

La 24ème édition de Documation s'est tenue la semaine dernière. Ce salon professionnel, dont la thématique s'articule autour de la gestion documentaire et d'informations en entreprise, nous rappelle l'importance des systèmes d'information pour la survie de l'entreprise, dans un contexte d'actualité économique difficile.

La première journée s'est ainsi ouverte sur une conférence consacrée aux apports de l'intelligence artificielle dans les domaines de l'information, et notamment sur son pouvoir en matière de productivité. De nombreux éditeurs de logiciels étaient au rendez-vous pour présenter leurs solutions.  [1] 

Les enjeux pour les entreprises sont de plus en plus importants, comme en témoigne le récent exemple de la société américaine Toys'R'Us, qui a annoncé le mois dernier la liquidation de ses 735 magasins aux Etats-Unis. 
Une liquidation que des analystes économiques attribuent au manque d'investissement de la firme dans son système d'information. [2]
Pourtant, Toys'R'Us a été l'une des premières sociétés à investir dans un stock informatisé révolutionnaire dès les années 80, grâce à son fondateur Charles Lazarus. Mais après son départ en retraite dans les années 90,  l'entreprise n'a pas su négocier l'arrivée d'internet et de la vente en ligne . [2]
Aujourd'hui encore, le géant américain, comme beaucoup d'autres marques de jouets, continue de distribuer des catalogues papier pour promouvoir ses produits en période de fêtes. Outre le côté obsolète de ce genre de campagne, les études de marketing montrent qu'aujourd'hui, 70% des acheteurs vont sur internet pour rechercher des jouets. [3]

Avec l’avènement du numérique, les habitudes des consommateurs ont profondément changé, et les tentatives consistant à les encourager à retourner vers des habitudes plus anciennes, tout comme les tentatives de prédire quel sera leur comportement dans le futur, se soldent souvent par un échec, comme l'explique un article du Guardian, qui conseille de s'en tenir à satisfaire les besoins des consommateurs aujourd'hui. [4]

La priorité pour les entreprises se trouve plutôt dans les systèmes d'information et les deux concepts doivent évoluer ensemble, écrit Quentin Elhaik dans un article très intéressant des Echos[2]. "Montre-moi ton système d'information et je te dirai l'état de ton entreprise" écrit-il. 
D'après le journaliste, l'investissement des entreprises devrait même aller au-delà d'un ERP (Enterprise Resource Planning) ou d'un CRM (Customer Relationship Management), mais intégrer la révolution numérique dans leur quotidien et leur culture, et à tous les échelons. 
Les entreprises ont trop tendance à écarter les solutions de gestion documentaire et d'informations de la réflexion stratégique menée par la direction générale, or ces deux concepts ne peuvent évoluer l'un sans l'autre, explique-t-il.[2]
La transformation digitale est devenue une question de survie pour les entreprises. Combien, dans un futur proche, disparaîtront faute d'avoir investi à temps dans un système d'information leur permettant de prendre ce virage ?


Sources: 

[1] JOST Clémence, "Documation 2018: ce qu'il faut retenir de la première journée du salon", archimag.com, 20 mars 2018, [consulté le 26/03/2018] <http://www.archimag.com/demat-cloud/2018/03/20/documation-2018-retenir-première-journee-salon

[2] ELHAIK Quentin, "Toys'R'Us est-il victime de son système d'information? ", lesechos.fr, 18 mars 2016, [consulté le 26/03/2018] <https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-180464-toys-r-us-victime-de-son-systeme-dinformation-2161991.php

[3] WATTEZ Eric, "Faillite de Toys'R'Us: comment le géant du jouet en est arrivé !", capital.fr, 15 mars 2018, [consulté le 26/03/2018] <https://www.capital.fr/entreprises-marches/toysr-us-les-erreurs-qui-ont-precipite-sa-chute-1261387

[4] Observer editorial, "The Observer view on collapse of Maplin and Toys R Us", theguardian.com, 4 mars 2018, [consulté le 26/03/2018]  <https://www.theguardian.com/commentisfree/2018/mar/04/observer-view-collapse-toys-r-us-maplin-town-centres-retail-crisis >


lundi 19 mars 2018

Les Fake News à l'épreuve de l'artiste et du diplomatiste. Questionner l'archive.


Fontaine, Marcel Duchamp, 1917 (réplique), Scottish National Gallery of Modern Art, Edinburgh - Source : Wikipedia CCBYSA
Ces derniers mois, l'engouement pour les Fake News n'est pas resté inaperçu. On les aperçoit dans de nombreux domaines. Alerté par France Info Culture [1] de l'ouverture récente de l'exposition "America ! America ! How real is real"[2], ce billet propose de croiser le regard de l'artiste contemporain avec celui du diplomatiste sur les Fake News. 

En 1917, Marcel Duchamp propose la "Fontaine", au comité d’accrochage du Salon des artistes indépendants de New York sous un faux nom tandis que ce dernier en faisait lui-même partie. L'expérience se solde d'un refus en contradiction avec le principe pourtant fondateur de ce salon : ne refuser aucune œuvre. Avec ce coup d'éclat, Marcel Duchamp réussit à démontrer que le regard de ces pairs sur la valeur fonctionnelle de l'objet manufacturé (readymade), ici l'urinoir, reste prédominante. Pourtant tout l'apanage de l’œuvre artistique a été développé : un objet, une signature, une date et une présentation au Salon. Urinoir ? Fontaine ? Œuvre ? Dans son contexte de création, Marcel Duchamp n'a pas pu faire passer l'urinoir pour ce qu'il n'était pas [encore]. Aujourd'hui, la "Fontaine" de Marcel Duchamp compte plusieurs copies conservées dans des musées internationaux d'art contemporain renommés. Plusieurs années plus tard, et authentifiée par d'autres pairs, l’œuvre de Marcel Duchamp a fini par obtenir son statut patrimonial.

Détourner les objets, les évènements et les informations n'est pas un geste récent dans les pratiques artistiques. L'exemple de l'urinoir de Duchamp remonte à un siècle (1917-2018). Réel, fiction, authentique, faux, trace, archive, document sont autant de concepts traités par les artistes d'art contemporain grâce aux usages de divers médias. "Fake news room" est en 1983 une installation des artistes Larry Sultan et Mike Mandel. A l'époque, ils avaient créé une salle de rédaction de fausses informations au Berkeley Art Museum [3]. En 2017, les artistes l'on réactivée sous la forme d’une œuvre net art [4].

Parfois, les artistes questionnent et mettent à mal le statut de l'archive et les informations qu'elle véhicule. C'est le cas de Vera Frenkel, qui mena son travail à partir des années 1970. Elle créa notamment dans sa série "The Secret Life of Cornelia Lumsden. A remarkable Story" différentes installations où archives authentiques, archives fausses, archives détruites, archives recrées se côtoient dans un univers où la frontière entre réel et fiction ne cesse d'être interrogée [5]. Selon Vera Frenkel, la création de son personnage mi-fictif mi-réel de Cornelia Lumsden avait "à voir avec l'histoire collective, comment on la détruit, comment on la préserve".

L'article d'André Gunthert "La trace ou la source absente" [6], faisant suite à sa participation à un récent séminaire du Centre d’Histoire et Théorie des Arts (CEHTA) de l’EHESS, montre que les questions liées à l'économie de la trace, du document et de l'archive marquent encore l'actualité des Sciences Humaines et Sociales. De manière non exhaustive citons certains grands acteurs du 20e siècle : Paul Ricœur, Gérard Genette ou Jacques Derrida.

Enfin, pour étayer notre propos, un article de Marie-Anne Chabin [7] nous mène vers la découverte d'un autre intervenant que l'artiste pour mettre à mal les informations fausses : le diplomatiste. Sans pour autant faire le lien immédiat avec les Fake news (l'article fut publié en 2013, issu d'une table ronde en 2010), Marie-Anne Chabin met en avant la démarche du diplomatiste comme le moyen "de s’interroger sur la crédibilité de l’écrit qu’il a sous les yeux et tout d’abord de discerner s’il est bien ce pour quoi il se donne" en citant Georges Tessier.

Si les Fake News ont "fait couler beaucoup d'encre" ces derniers mois, elles continueront d'inspirer les artistes et encourager les diplomatistes à les dénicher.


Sources :
 

[1] LIXON, Jean-François. "America ! America !" : quand l'art explore l'info et les fake news. In franceinfo culturebox [en ligne]. Publié le 17/01/2018, [consulté le 19/03/2018] <https://culturebox.francetvinfo.fr/arts/evenements/america-america-quand-l-art-explore-l-info-et-les-fake-news-268081>

[2] "America ! America ! How real is real" au musée Frieder Burda de Baden-Baden, en Allemagne, qui se tient jusqu'au 21 mai

[3]  Des artistes travaillent chaque jour à la conception de Fake News. In Offbeat [en ligne, consulté le 19/03/2018].<http://offbeat.fr/contempler/art/des-artistes-travaillent-chaque-jour-a-la-conception-de-fake-news/>

[4] Fakenewsroom [en ligne, consulté le 19/03/2018] <http://fakenewsroom.org/ae92fa>

[5] BENICHOU, Anne. De l'archive comme œuvre à l'archive de l’œuvre. Vera Frenkel. In Les artistes contemporains et l'archive. Interrogation sur le sens du temps et de la mémoire à l'ère de la numérisation. Actes du colloque 7-8 décembre 2001. Presses universitaires de Rennes. 2004.

[6] GUNTHERT, André. La trace ou la source absente. In l'image sociale. Carnet de recherche d'André Gunthert [en ligne]. Publié le 21/01/2018, [consulté le 19/03/2018] <http://imagesociale.fr/5538>

[7] CHABIN, Marie-Anne. Peut-on parler de diplomatique numérique ? In Vers un nouvel archiviste numérique, sous la dir. de Valentine Frey et Matteo Treleani, L’Harmattan, 2013 (actes de la table ronde de l’INA, 25 novembre 2010). Disponible en ligne : [consulté le 19/03/2017] <http://www.marieannechabin.fr/diplomatique-numerique/>

Éduquer un esprit critique ou un esprit libre ?

Dès la rentrée scolaire de septembre 2018, l'usage des téléphones portables sera interdit dans l'enceinte des établissements scolaires primaires et collèges visant à restreindre un usage compulsif poreux à la désinformation. Faut-il interdire ou mieux éduquer à consulter et pour cela ne pas interdire ? Éduquer à un esprit critique produit-il des esprits libres ?

En 2015, plus de huit adolescents sur dix étaient équipés de smartphones. Le corps enseignant déplore le phénomène des "pianoteurs", ces élèves accros à leur téléphone portable au détriment de leur concentration [1]. Au delà de l'altération de la qualité d'assimilation des enseignements, les smartphones ont envahi les cours de récréation. Au point que le Gouvernement a décidé d'interdire les téléphones portables pour la rentrée scolaire 2018 dans l'enceinte des établissements.

Source inépuisable de distractions à l'école, le Gouvernement envisage de mener deux batailles de front: la lutte contre les fake news auprès des adolescents. L'interdiction des téléphones portables entend redonner la main aux enseignants sur l'éducation aux bonnes pratiques en matière d'usage, d'accès et de sélection de l'information pertinente: " Il s'agit de développer des compétences visant à s'informer et à évaluer l'information, de sorte à distinguer les interprétations validées par l'expérience, les hypothèses, les opinions face aux croyances". L'Education nationale entend développer l'esprit critique: " L'esprit critique s'applique à de nombreux domaines et en particulier à l'information numérique par définition diffuse, morcelée et complexe voire irrationnelle. Il s'agit dans le cas des fake news de savoir identifier et comprendre la signification des informations mensongères fabriquées par des individus, des mouvements ou des puissances étrangères que les réseaux sociaux permettent de diffuser à grande échelle, sans participer volontairement ou à son insu, à leur diffusion"[2].

Parallèlement, des expérimentations sont menées comme le programme INTERCLASS de France Inter crée dans la foulée de l'attentat de Charlie Hebdo et qui vise à initier des collégiens et des lycéens aux médias et à l'information piloté par Emmanuelle DAVIET "(...) Je trouve qu'il y a péril démocratique". " Ces jeunes sont déjà confrontés à la pauvreté sociale, culturelle, économique langagière et on ajoute à cela une pauvreté informationnelle". " Je pense réellement que l'éducation aux médias est une impérieuse nécessite pour toute cette génération" [3].

"L'éducation aux médias et à l'information doit être placée au rang de compétence fondamentale (...)". C'est l'appel lancé à l'occasion de la 19ème journée mondiale de l'Internet Sans Crainte (Safer Internet Day) (SID)[4].

Pour autant, Bruno DEVAUCHELLE sur le blog Veille et Analyse TICE s'interroge: " Ainsi la Ministre de la Culture va dans un sens: éducation aux médias, sensibiliser aux médias dans les écoles. Dans le même temps, le Ministre de l'Education va dans l'autre sens: interdiction à géométrie variable du smartphone à l'école et au collège, avec changement de la loi. D'un coté, il faut éduquer en faisant, de l'autre interdire de faire est éducatif"[5].

Il y aurait donc un paradoxe de nature à brouiller l'objectif : interdire le smartphone c'est interdire de pratiquer. Or une pratique raisonnée et raisonnable parce que l'esprit critique surmonte l'usage compulsif et affectif régulerait les usages sans nécessité d'interdiction. Par ailleurs, certains enseignants font le choix d'autoriser le smartphone en classe: " C'est très positif, l'élève devient acteur de la construction du savoir, il apprend à trier les informations" [1].

Parce que les étudiants aiment qu'on gratifient leurs efforts, il existe une application qui récompense ceux qui lâchent leur smartphone pendant les cours [6]. Les points s'échangent contre un bon de café gratuit, une réduction pour une place de cinéma, du pop-corn ou toute récompense offerte par les marques partenaires.

Gratifier par des bons de consommation de produits, c'est soulever une autre problématique: " (...) comment faire en sorte que l'ensemble de la population redevienne pilote de son devenir, en évitant que les moyens de communication, d'influence (publicité, marketing, etc...) ne neutralisent leur capacité à penser et à choisir ?"[5].

[1] Le Monde de l'Education; L’interdiction du téléphone portable à l'école, une mesure difficilement applicable; Le Monde.fr, http://www.lemonde.fr/education/article/2017/12/11/l-interdiction-du-telephone-portable-a-l-ecole-une-mesure-difficilement-applicable_5228060_1473685.html; 2017/12/11

[2] PIERRE Sylvie, Former à l'esprit critique: une arme efficace contre les fake news; The conversation.com, https://theconversation.com/former-a-lesprit-critique-une-arme-efficace-contre-les-fake-news-91438; 2018/02/08

[3] EUTROPE Xavier, L'éducation aux médias est une impérieuse nécessite; Inaglobal.fr, https://www.inaglobal.fr/presse/article/leducation-aux-medias-est-une-imperieuse-necessite-10128; 2018/03/12

[4] ELALOUF Deborah, SCHMIDT Jean-Bernard; Les fake news, c'est à l'école qu'on doit les enseigner pour les combattre; The Huffingtonpost.fr, https://www.huffingtonpost.fr/deborah-elalouf-lewiner/les-fake-news-cest-a-lecole-quon-doit-les-enseigner-pour-les-combattre_a_23354008/; 2018/02/06

[5] DEVAUCHELLE Bruno; Education aux médias et téléphone portable: contradictions ou intérêts? Veille et Analyse TICE brunodevauchelle.com, http://www.brunodevauchelle.com/blog/?p=2662 ; 2018/03/06

[6] LAURENT Annabelle, une appli qui récompense les étudiants qui lâchent leurs smartphones pendant les cours; Usbek & Rica.com, https://usbeketrica.com/article/hold-recompense-les-etudiants-britanniques-qui-lachent-leurs-smartphones-pendant-les-cours; 2018/03/08

mardi 13 mars 2018

Le Big Data au service de la solidarité

Comment les données du Big Data et les algorithmes risquent - si l'on n'y prend pas garde - de monétiser l'action sociale et solidaire sous couvert de rendre le monde meilleur.

Rappel

Le processus du Big Data est toujours le même. Des données sont extraites d’immenses bases de données, puis analysées par des algorithmes complexes avant d’être finalement utilisées pour la prise de décision [1].
Le Big Data est jusqu'à lors utilisé à des fins de prises de décision d'intérêts économiques ou de surveillance [2] pourtant certains voient dans le Big Data l'opportunité de rendre le monde meilleur !

Chrystèle Bazin [3], se demande si les méthodes du Big Data peuvent s'appliquer directement aux questions sociales et solidaires ? Et s'il existe un danger sur le terrain de la solidarité, en particulier au regard de la mesure de l’impact social des actions ?

L'auteure rappelle quelques utilisations du Big Data ; par exemple, l'analyse des données issues d'associations et de citoyens en contact avec des SDF permet de cartographier des zones afin de leur venir en aide et de mieux couvrir leurs besoins. Une autre possibilité à mettre à l'actif de l'utilisation des données collectées est le crowdsourcing solidaire qui permet à des personnes en détresse de se manifester après un tremblement de terre, comme ce fut le cas au Népal en 2015.

Entrepreneuriat social 

Pour collecter, agréger et analyser les données, des plate-formes comme Quakemap, Entourage ou encore Mutum ont vu le jour et agissent comme des structures associatives qui mettent en relation un besoin et une capacité d’entraide. Ces plateformes portées par un entrepreneuriat social dont les acteurs veulent « faire le bien en se faisant du bien ». Chrystèle Bazin se demande alors si l'utilisation que font ces acteurs des données pour réussir leurs missions modifie l’ensemble du secteur social et solidaire ? Et dans quel sens ?

Risque de monétisation de l’action sociale et solidaire

Car les données ne sauraient, sans danger, être le seul indicateur de la réussite d’une action. Le risque est en effet que l’efficacité d’une action sociale soit jugée au nombre d’euros qu’elle fera économiser à la collectivité - efficacité elle-estimée à partir des fameuses datas. Car en effet, le Big Data prenant de plus en plus d'importance, la mesure de l’impact social serait, à terme, issue des seuls calculs algorithmiques sans prise en compte de la réalité du terrain ni surtout du fait que l'action solidaire et sociale se mène sur le long terme.
La monétisation de l’action sociale et solidaire risque alors d’attirer les investisseurs désireux d'investir dans des projets à impact social positif sans intérêt réel pour la solidarité ni la dignité des personnes.

Dans le but d’éviter cette possible dérive, les acteurs sociaux et solidaires doivent s’approprier les tenants et les aboutissants du monde numérique dans le but d'en faire une nécessité pour nous tous.


Sources :

[1] Bastien. L. Dangers du Big Data : le Big Data fait-il plus de mal que de bien ? In LE BIG DATA [en ligne]. Publié le 22 mai 2017 [consulté le 12 mars 2018] <https://www.lebigdata.fr/dangers-du-big-data-2205>

[2] Bastien. L. La Chine veut faire revivre le socialisme grâce au Big Data ? In LE BIG DATA [en ligne]. Publié le 22 janvier 2018 [consulté le 12 mars 2018] <https://www.lebigdata.fr/chine-big-data-danger-occident>

[3] Bazin. Chrystèle. Les données peuvent-elles faire le « bien » ? In Usbek & Rica [en ligne]. Publié le 12 mars 2018 [consulté le 12 mars 2018] <https://usbeketrica.com/article/les-donnees-peuvent-elles-faire-le-bien>

lundi 12 mars 2018

Proposition de Loi sur les "Fake News" : Nécessité impérieuse ou fausse bonne nouvelle ?

Le groupe majoritaire LREM (La République En Marche) déposera prochainement une proposition de Loi à l’Assemblée nationale, visant à freiner la diffusion de fausses informations par les plateformes numériques en périodes électorales, afin de garantir le bon déroulement du débat démocratique. L’ébauche des deux textes de la Loi de fiabilité et de confiance de l’information sont consultables ci-dessous. [1] La prolifération subite de cette terminologie même de "fake news" n’est-elle qu’un écran de fumée ? Légiférer peut-il endiguer le fléau de la désinformation ?

La manipulation de l’opinion par le biais d’informations mensongères, véhiculées sciemment par des responsables politiques, des entreprises ou des gouvernements ne constituent en rien une nouveauté de nos sociétés contemporaines. Tourya Guaaybess, Maître de conférences en Sciences de l'Information et de la Communication estime que le terme de fake news est parfois simplement utilisé comme une stratégie populiste, afin d'opérer une décrédibilisation du travail journalistique, elle invite plutôt à réfléchir aux moyens de faire face aux diverses formes de désinformation, qui sont bien réels. [2]

Pour contenir ce phénomène de la rumeur, existant depuis des temps immémoriaux, l’avocat Emmanuel Pierrat rappelle que l’arsenal juridique français est pourvu de la Loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. Ainsi, l’article 27 stipule que La publication, la diffusion ou la reproduction, par quelque moyen que ce soit, de nouvelles fausses, de pièces fabriquées, falsifiées ou mensongèrement attribuées à des tiers lorsque, faite de mauvaise foi, elle aura troublé la paix publique, ou aura été susceptible de la troubler, sera punie d'une amende de 45 000 euros. Selon cet avocat : La liberté d’expression souffrirait une fois de plus de l’adoption d’un énième texte de censure. [3]

La circulation massive de l’information depuis le développement spectaculaire des échanges sur les réseaux sociaux ou les plateformes numériques, a induit le déferlement d’informations volontairement trompeuses à une échelle considérable. En effet, une récente étude du MIT (Massachusetts Institute of Technology), pointe qu’une fausse information a 70% de plus de chance d'être propagée. [4]

Antonio Casilli, professeur agrégé de sciences humaines numériques et sociologue indique que le renforcement de la loi existante serait vain si le Gouvernement ne prend pas en compte le modèle économique des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft). En effet, la diffusion de ce type d’information ne serait pas le fait d’internautes lambda. En réalité, c’est la régie publicitaire des GAFAM qui décide de la sélection de l’information erronée, elle monnaye ensuite les données personnelles de leurs utilisateurs et créée des incitations économiques qui favorisent les contenus sensationnalistes. Ce sont des pigistes-internautes vivants au Sud de la planète, pauvres et sous-rémunérés, les ouvriers du clic, qui sont chargés de la diffusion des rumeurs en masse. 

Avant de légiférer, le renouvellement des modèles économiques des médias sociaux serait donc prioritaire et hautement bénéfique, ainsi que la défense des droits des ouvriers du clic, afin qu’ils soient en mesure de refuser d’effectuer les basses besognes. Et Antonio Casilli de préciser : En 2015, Donald Trump aurait acheté près de 60% des fans de sa page Facebook aux Philippines, en Malaisie et… au Mexique. 
Le sociologue préconise également que les partis politiques eux-mêmes en périodes électorales cessent d’acheter des tweets, des "like" et des contenus viraux. [5]

Sources :

[1] REES Marc, Exclusif : téléchargez la future loi contre les fake news, Next INpact. 07 mars 2018 [en ligne], [consulté le 12/03/2018] https://www.nextinpact.com/news/106262-exclusif-telecharger-future-loi-contre-fakes-news.htm

[2] GUAAYBESS Tourya, "Fake news" : de l'instrumentalisation d'un terme à la mode ou les nouveaux visages du "Schmilblick", The Conversation. 11 février 2018 [en ligne], [consulté le 12/03/2018] https://theconversation.com/fake-news-de-linstrumentalisation-dun-terme-a-la-mode-ou-les-nouveaux-visages-du-schmilblick-91339

[3] PIERRAT Emmanuel, "Fake News" et liberté d'expression, Livres hebdo. 06 janvier 2018 [en ligne], [consulté le 12/03/2018] http://www.livreshebdo.fr/article/fake-news-et-liberte-dexpression

[4] LECOMTE Erwan, Les fake news se propagent bien plus rapidement que les informations, Sciences et avenir. 09/03/2018 [en ligne], [consulté le 12/03/2018] https://www.sciencesetavenir.fr/high-tech/reseaux-et-telecoms/sur-twitter-une-fake-news-a-70-de-chances-de-plus-d-etre-diffusee-qu-une-veritable-information_121917

[5] CASILLI Antonio, Une loi sur les fake news : à quoi bon ? Tribune dans l'Obs, Blog Casilli.fr. 02 mars 2018[en ligne], [consulté le 12/03/2018] http://www.casilli.fr/2018/03/02/une-loi-sur-les-fake-news-a-quoi-bon-tribune-dans-lobs-1-mars-2018/

lundi 5 mars 2018

La complexité de l'Open Data des décisions de justice

Un des grands "chantiers" à venir de mise à disposition des données publiques concerne l'open data des décisions de justice. 

En effet, la loi du 7 octobre 2016 pour une République numérique, dans ses articles 20 et 21, institue la mise à disposition du public à titre gratuit de l'ensemble des décisions de justice, judiciaires et administratives. Une mission, présidée par Loïc Cadiet, professeur à l'Ecole de droit de la Sorbonne (université Paris-I), a remis son rapport le 9 janvier à Nicole Belloubet, la Garde des Sceaux. Elle formule vingt recommandations selon trois axes: les enjeux, les conditions et les modalités de mise en oeuvre de l'open data. De nombreux avantages sont mis en avant. L'avantage principal est la publication de l'intégralité des décisions de justice [1] Cette mise à disposition des données permettra aussi une certaine automatisation des tâches les plus répétitives des acteurs du droit, et donc une reconfiguration du marché juridique (avec des possibilités de développement inédit pour les legal tech, ces entreprises spécialisées dans les nouvelles technologies appliquées au droit) [2]

Cependant la loi pour une République numérique précise dans ses articles 20 et 21 que cette mise à disposition devrait se faire "dans le respect de la vie privée des personnes concernées" et être précédées d'une analyse de risques de l'identification des personnes". C'est une des principales difficultés de la mise en oeuvre de ce chantier d'open data. Est renforcée la règle de l'anonymisation, transformée ici, sous l'influence du RGPD, en "pseudonymisation". Le rapport Cadiet distingue les personnes physiques, qui devraient être anonymisées, comme c'est déjà le cas sur Légifrance (mais le rapport révèle que l'anonymisation totale est une tâche quasi impossible sur des millions de documents), et les professionnels du droit [1]

Un des principaux points de divergence concerne ces derniers. Certains se prononcent en faveur du maintien du nom du magistrat, et évoquent la publicité des décisions de justice, qui garantit le procès équitable et qui fait que le magistrat puisse rendre des comptes aux citoyens des décisions qu'il rend. De plus, le but d'harmonisation, de prévisibilité de la justice serait améliorée par cette transparence. Mais d'autres voix se font entendre, selon lesquelles une décision n'est pas le fait d'un magistrat mais d'une institution, la Justice. D'après elles, Il n'y a aucun intérêt à connaître le nom du juge qui a rendu la décision, la publicité de l'audience et celle du prononcé des décisions suffisent [2] La question est aussi particulièrement sensible pour les magistrats exerçant dans le domaine du terrorisme ou de la criminalité. Se pose enfin la question de la mise en oeuvre de ces principes. Elle est en cours d'étude au sein du Ministère de la Justice.

 Sources :

[1] FROCHOT Didier, "Rapport sur l'open data des décisions de justice", 12 janvier 2018, disponible sur le site des Infostratèges [consulté le 5 mars 2018]: http://www.les-infostrateges.com/actu/18012493/rapport-sur-l-open-data-des-decisions-de-justice

[2] BABONNEAU Marine, COUSTET Thomas, "Open data des décisions de justice : le casse-tête judiciaire du 21e siècle", 10 janvier 2018, disponible sur le site Dalloz Actualités [consulté le 5 mars 2018]: https://www.dalloz-actualite.fr/flash/open-data-des-decisions-de-justice-casse-tete-judiciaire-du-21e-siecle

Outils collaboratifs: avantages et inconvénients

Bien que l’e-mail demeure le principal moyen d’échange entre collègues, on commence à voir percer dans les entreprises une myriade de nouveaux outils collaboratifs [1], plus matures, qui facilitent  le partage de connaissances, la gestion de projets ou la coproduction de contenus. En contrepartie, la prolifération de ces logiciels en ligne n’est pas dénuée de risques pour les entreprises [2]. 


Une multiplicité de produits pour une nouvelle façon de travailler 

La tendance actuelle est au collaboratif, voici une revue des derniers outils disponibles, parmi les plus innovants et créatifs :
  • Framaboard : pour la gestion de projet collaborative [3]. Il permet de gérer des tâches en équipe en mode visuel en suivant la méthode Kanban. 
  • Zulip : une application de chat pour les entreprises [4]. Il propose des échanges intuitifs en temps réel à l’aide de fils de conversation afin de faciliter la communication en équipe. 
  • Witeboard : un tableau blanc collaboratif [5]. Il s’agit d’un outil très simple, sous la forme d’un tableau blanc virtuel, idéal pour le brainstorming et les échanges d’idées en utilisant des dessins ou du texte. 
  • Swiff : une plateforme d’échange de vidéos [6]. Cet outil, spécialisé dans le partage collaboratif de fichiers vidéo, est doté d’un puissant moteur de recherche permettant d’importer des fichiers sur les principales plateformes (youtube, dailymotion, viméo…). 
  • Beenote : pour maîtriser et optimiser ses réunions [7]. Il permet de gérer les réunions d’équipes, depuis la préparation jusqu’au compte-rendu, en passant par la prise de notes pendant les réunions. Cette application a pour objectif de gagner en temps et en efficacité. 


Des outils à valeur ajoutée 

Les avantages sont identifiés : alternative aux e-mails, gain de temps, meilleur suivi des projets, priorisation des tâches, partage des documents, amélioration de l’organisation du travail en équipe et gain de productivité [8]. Outre leur efficacité, ces nouveaux outils favorisent aussi la collaboration entre employés en créant du lien social et en améliorant les échanges. 


Les zones d’ombre 

Cependant il existe également des risques pour l’entreprise. Le premier est le renforcement du phénomène de « shadow IT » [9], à savoir le développement de systèmes d’information et de communication au sein d’organisations sans l’approbation de la Direction des Systèmes d’Information, au détriment de la sécurité et du respect des bonnes pratiques. La seconde ombre au tableau se cristallise autour de la « stratégie du nid de coucou », utilisée par ces nouveaux acteurs, qui consiste à appâter les employés par la version gratuite du logiciel, puis à rendre captive l’entreprise après dissémination virale.  


Sources 

[1] Fidel Navamuel | site outilscollaboratifs.com | https://outilscollaboratifs.com/ | [Consulté le 5 mars 2018] 

[2] Xavier Biseul | itespresso.fr | Le collaboratif progresse lentement mais sûrement dans les entreprises | Publié le 7 février 2018 | http://www.itespresso.fr/collaboratif-progresse-lentement-surement-grandes-entreprises-182340.html | [Consulté le 5 mars 2018] 

[3] Site framaboard.org | https://framaboard.org/ | [Consulté le 5 mars 2018] 

[4] Site zulip.com | https://zulip.com/ | [Consulté le 5 mars 2018] 

[5] Site witeboard.com | https://witeboard.com/955c4c00-1d60-11e8-b210-4d4d48e299fb | [Consulté le 5 mars 2018] 

[6] Site swiff.co | https://www.swiff.co/ | [Consulté le 5 mars 2018] 

[7] Site Beenote.io | https://www.beenote.io/?ref=outilscollaboratifs.com | [Consulté le 5 mars 2018] 

[8] Gregory Coste | appvizer.fr | 8 bonnes raisons d’utiliser des outils de travail collaboratif | Publié le 28 février 2017 | https://www.appvizer.fr/magazine/collaboration/gestion-de-taches/azendoo/8-bonnes-raisons-d-utiliser-des-outils-de-travail-collaboratif-1487241367 | [Consulté le 5 mars 2018] 

[9] Margaret Rouse | lemagit.fr | Définition du shadow IT | http://www.lemagit.fr/definition/Shadow-IT | [Consulté le 5 mars 2018]