jeudi 27 février 2020

Une boîte à outils pour les historien.ne.s... et les autres.

Afin de promouvoir les outils numériques dans la recherche en histoire, deux enseignants chercheurs, Franziska Heimburger, maîtresse de conférences à l’université Paris-Sorbonne et Émilien Ruiz, historien assistant professeur à Sciences Po (en détachement de l’université de Lille) ont, dans le cadre du séminaire "Outils informatiques pour les historiens", créé un blog dédié à ce sujet en 2009. Justement intitulé Boite à Outils pour Historien.ne.s[1], il contient de nombreuses ressources et des informations précieuses, tout cela gratuitement puisque la plupart des outils qui y sont présentés sont opensources. 

Les deux auteurs du blog, ainsi que d'autres chercheurs, ont mis en commun leurs connaissances des outils de recherche et leurs expériences durant 10 ans. Mais ce qui fait la richesse de ce blog, outre les apports personnels de ressources mises en avant et expliquées de façon claire, est le fait qu'ils s'appuient sur un réseau actif de collaborateurs. Emilien Ruiz (qui anime actuellement le séminaire "Chantier d'histoire administrative" avec Marc Olivier Baruch à l'EHESS), est  l'instigateur principal du blog Devenir Historien-ne recensant les retours d'expériences de recherche de ses étudiants apprenti-historiens à l'heure où les sciences humaines s'engagent enfin dans le virage numérique.

On trouvera sur le blog à titre d'exemples une bibliographie académique internationale sur le Records Management [2], des listes d'outils spécialisés dans le Text Mining [3], de nombreux outils facilitant la production de livrables tels que Scrivener [4] permettant d’abolir les problèmes de gestions des innombrables fenêtres et onglets qui parasitent inévitablement le travail de production écrite. Mais aussi des présentations de traitement de texte tel LaTeX, dont l'architecture rend plus simple et plus rapide la gestion des bibliographies, ainsi que la manutention de textes longs - et donc de fichiers lourds ; que les traitements de texte classiques tels que Word ou OpenOffice.

On pourra aussi y découvrir une série de tutoriels très complets pour les essentiels de la recherche - Zotero par exemple [5] - ou des astuces pour dynamiser des cartes ou graphes statiques à l'aide de l'utilitaire Gimp, habituellement dédié aux GIFs[6].
L'exemple ci-dessous montre bien en quoi l'utilité de la méthode dépasse l'agrément esthétique:
crédit: Baptiste Coulmont [7]

Plus qu'un long discours il apparaît que la meilleure manière d'illustrer la richesse du portail est de faire la cartographie de ses liens sortants, triés à partir des résultats d'un crawl de Xenu [8]. Le rendu a été réalisé à l'aide de la plateforme Gephi [9], entrainée par l’algorithme Force Atlas 2, dont on retrouvera le tutoriel sur le blog [10] parmi des dizaines d'autres.



                                                                                        



[1]Franziska Heimburger, Émilien Ruiz, La boîte à outils des historien·ne·s, [En ligne].https://www.boiteaoutils.info/, [consulté le 27 février 2020].

[2]Franziska Heimburger, Émilien Ruiz, Archives et numérique, [En ligne]. https://www.boiteaoutils.info/ressources-issues-de-notre-bibliographie-collaborative-sous-zotero/archives-et-numerique/ , [17 mai 2014, consulté le 26 février 2020].

[3]Franziska Heimburger, Émilien Ruiz, Text Mining, [En ligne]. https://www.boiteaoutils.info/ressources-issues-de-notre-bibliographie-collaborative-sous-zotero/text-mining/  17 mai 2014, [consulté le 26 février 2020].

[4]Caroline Muller Lesinvités de la boîte , 2015, Scrivener, un outil d’écriture créative, [En ligne].https://www.boiteaoutils.info/2015/06/scrivener-ecriture-creative/ , 29 juin 2015, [consulté le 26 février 2020].

[5]Franziska Heimburger, Émilien Ruiz, Zotero,[En ligne]. https://www.boiteaoutils.info/category/tutoriels/zotero/, [consulté le 27 février 2020].

[6]Émilien Ruiz,Animer un graphique ou une carte avec Gimp – La boîte à outils des historien·ne·s, [En ligne].https://www.boiteaoutils.info/2014/06/gif-gimp/, [consulté le 27 février 2020].

[7]Baptiste Coulmont, Cartographie, [En ligne]. http://coulmont.com/blog/category/cartographie/, [consulté le 27 février 2020].

[8]Tilman Hausherr Find broken links on your site with Xenu’s Link Sleuth (TM), [téléchargeable]. http://home.snafu.de/tilman/xenulink.html, [consulté le 27 février 2020].

[9]Common Licence, Gephi - The Open Graph Viz Platform, [téléchargeable]. https://gephi.org/, [consulté le 27 février 2020].

[10]Franziska Heimburger, Calendrier de l’avent « Trucs, astuces et outils » – La boîte à outils des historien·ne·s, [En ligne]. https://www.boiteaoutils.info/2019/12/calendrier-de-lavent-trucs-astuces-et-outils/, [consulté le 27 février 2020].

mardi 25 février 2020

Records Management et Intelligence Artificielle


En 1956, les participants de la Conférence de Dartmouth donnaient son nom à l'Intelligence Artificielle, partant de ce principe : « chaque aspect de l’apprentissage ou toute autre caractéristique de l’intelligence peut être si précisément décrit qu’une machine peut être conçue pour le simuler » Des années ont passé avant de voir Deep Blue l’emporter aux Échecs sur l’intelligence humaine: c’était dans les années 90. L’intelligence Artificielle a ensuite passé le cap des années 2000, tournant dans son essor et, avec l’influence grandissante des GAFAM, l’IA continue son expansion et fait dorénavant partie de notre quotidien. Quid alors des pratiques du Records Management face à l'efficacité toujours plus poussée des technologies de l'IA?

Records Management et Intelligence Artificielle : un avant et un après ?

Le 20 janvier 2020, James Lappin, records manager anglais, a publié un article sur son blog Thinkingrecords.co.uk dans lequel il pose la question de l’avant/après intelligence artificielle pour les pratiques du Records Management. Basé sur son projet de recherche sur la politique d’archivage du courrier électronique, James Lappin retrace l’histoire de la gestion des documents, de l’avant révolution industrielle à la révolution numérique, décrivant ce que cette dernière a eu d’impact sur le records management.[1]

De la fonction de (révolution industrielle) à la fonction de « politique » (révolution numérique), le records management couplé à l’IA deviendrait une data science. Parmi ce qu’annonce James Lappin, voici quelques faits signifiants sur ce que l’après IA induit d’effets sur le Records Management :
  • Le Records Management devient une data science qui aura pour pratique de superviser les algorithmes de classification des informations documentées, des règles de conservation et d’accès aux enregistrements.
  • Le volume des documents et des données continueront d’augmenter car les algorithmes de l’IA produiront eux-mêmes des informations à gérer.
  • Au sein d’un même organisme, la cohabitation des diverses bases de données inter-services sera facilitée par l’IA : les algorithmes pourront utiliser les données d’une base de données pour gérer et alimenter les données d’une autre base de donnée.

IA : un renouveau pour les métiers du records management ?

La révolution de l'IA offre de nouveaux pouvoirs aux gestionnaires de documents / professionnels de la gouvernance de l'information pour intervenir efficacement au sein et entre les systèmes de documents à des fins de gouvernance. Comme tout pouvoir, cela s'accompagne de responsabilités et de la nécessité de l'utiliser judicieusement et en toute sécurité. Telle est l’analyse de James Lappin au sujet de l’impact de l’IA sur les métiers du records management. 

Le fait est que depuis 20 ans déjà, les professionnels de l'information tentent d’appliquer l’IA au Records Management. Sans trop de succès. Ce n’est que depuis 5 ans et grâce à l’essor de la technologie du Machine Learning que l’IA propose des solutions renversant les pratiques (et dépassant parfois les compétences) des professionnels de la gestion documentaire.  Ces tâches en particulier sont en voie d'automatisation : la classification (un des sujets les plus complexes du Records Management), l'élimination des doublons ou des documents obsolètes des systèmes documentaires, ou encore surveillance exhaustive de la conformité des données/documents. 

Où se situent alors les métiers du records management ? 

Percevoir le Machine Learning comme une menace ne constitue pas la meilleure approche : l’IA et ses Machines Learning permettent l’automatisation de certaines tâches au profit du développement de nouvelles compétences pour les professionnels de l'information.[2] Parmi elles, l’éducation de l’IA et des Machines Learning, une expertise visant à détecter des problèmes émergents en matière de gestion documentaire.[3] 

[1] LAPPIN, James. "Records Management, before and after the AI revolution". Thinkingrecords.co.uk. [En ligne]. 30 janvier 2020. [Consulté le 06 février 2020].Disponible sur : <https://thinkingrecords.co.uk/2020/01/30/records-management-before-and-after-the-ai-revolution/>.

[2] GILLIN, Paul. "A fresh look at Artificial Intelligence and Records Management". Infogoto.com. [En ligne]. 27 janvier 2018. [Consulté le 20 février 2020]. Disponible sur : <https://www.infogoto.com/a-fresh-look-at-artificial-intelligence-and-records-management/>.

[3] Conseil National des Archives. "Intelligence Artificielle et impact sur la gestion des documents et des archives". www.ica.org. [En ligne]. 19 mars 2019. [Consulté le 20 février 2020].Disponible sur : <https://www.ica.org/sites/default/files/mef_intelligence_artificielle_dissemination.pdf>.


La veille terrain : une stratégie toujours utile

A l'ère du digital, la veille de terrain garde toujours son utilité et son efficacité quant à la collecte d'informations. Adeline Lory, responsable du marketing pour Scoope Veille augmentée, chargée d'enseignement en veille à l'Université de Bourgogne, et Louis-Marc Pérez, directeur général adjoint d'Ixxo, éditeur de solutions collaboratives de veille, expliquent comment mettre en place cette stratégie de veille. [1]

D'abord, qu'est-ce que la veille terrain ? Pour essayer de donner une définition précise, selon Adeline Lory, en entreprise,  la veille terrain se définit par l'action de collecter des informations stratégiques dans l'objectif d'anticiper des évolutions de son écosystème. [1] En effet, elle s'appuie non pas sur des sources d'informations web ou presse (veille classique) mais plutôt sur des sources humaines. Les sources humaines sont les sources d'information. 

En outre, selon Adeline Lory, la veille classique ne saurait pas collecter des informations de manière efficace comme la veille de terrain. Cette dernière possède l'avantage d'intervenir dans des événements formels (salons, conférences, rendez-vous clients, congrès) et informels (discussions à la machine à café, échanges téléphoniques, etc.) Ce type de veille est « le plus répandu parmi les entreprises. Certaines conçoivent même un plan de veille spécifique avec objectif et plan de visite. » [2]

Julien Bourgau, responsable du développement chez Démosthène, spécialiste de l'animation commerciale et de la force de vente supplétive, témoigne : « Je pratique la veille sur les salons, notamment les salons professionnels de réseaux de distribution, où nous pouvons avoir de très bons contacts. » [3]

Cependant, pour réaliser une veille de terrain, Adeline Lory donne nombre de conseils : 
  1. Mettre en place en amont un agenda des événements professionnels pour l'année prochaine qui intéresse l'entreprise. On peut les repérer en utilisant l'outil EventsEye qui répertorie nombre d'événements professionnels dans le monde. 
  2. Constituer une équipe de quelques collaborateurs et même de l’extérieur de l'entreprise.
  3. Faire un rapport de veille et le communiquer aux services concernés.
Aussi, pour faire la veille de terrain, faut-il assurer la remontée des informations terrain pour en permettre le traitement et la diffusion et recruter des sources humaines motivées et fiables. 

Louis-Marc Pérez met en avant la prise des notes et la photographie prise à l'occasion d'une présentation. Il insiste également sur la transversalité afin d'améliorer la circulation de l'information entre les différents départements de l'entreprise et la génération de connaissances. 

Rémi Laurent, directeur innovation-recherche et développement au sein de la chambre régionale d'agriculture de Normandie, déclare : « Avec 450 collaborateurs, nous disposons de 450 paires d'yeux et de 450 paires d'oreilles susceptibles de faire la veille.» [4] La veille de terrain se conjugue pour lui en mode collaboratif (collaboration avec des clients, des fournisseurs, des agriculteurs et des collectivités.) 

Néanmoins, lors des salons professionnels  dédiés à la veille, la veille terrain n'est guère évoquée. Selon Louis-Marc Pérez elle est « considérée à tort comme de l'espionnage. Contrairement au RGPD et au big data, la veille de terrain n'est pas dans la lumière.» [5] Louis-Marc Pérez pense que la veille terrain peut se hisser en priorité numéro un notamment dans le secteur du retail (commerce de détail.) 

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[1] Lory Adeline, « Veille : allez sur le terrain ! », Archimag n°330 décembre 2019 - janvier 2020, p.13-16. [En ligne]. [Consulté le 25 février 2020]. Disponible sur : < http://www.cafoc-versailles.fr/doc_num.php?explnum_id=466  >

[2] Bruno Texier, « La veille terrain doit passer par la transversalité », (entretien avec  Louis-Marc Pérez), Archimag n°330 décembre 2019 - janvier 2020, p.19. [En ligne]. [Consulté le 25 février 2020]. Disponible sur : <  http://www.cafoc-versailles.fr/doc_num.php?explnum_id=466  >

[3] Adeline Lory, « Veille : allez sur le terrain ! » Op.cit. 

[4] Bruno Texier, « Quand l'agriculture laboure la veille terrain », Archimag n°330 décembre 2019 - janvier 2020, p.20. [En ligne]. [Consulté le 25 février 2020]. Disponible sur : <  http://www.cafoc-versailles.fr/doc_num.php?explnum_id=466  >

[5] Bruno Texier, « La veille terrain doit passer par la transversalité » (entretien avec  Louis-Marc Pérez). Op.cit. 

lundi 24 février 2020

Un panorama d'applicatifs IA dans la chaîne de valeur des médias

Après l’adaptation à Internet et la numérisation des contenus, les médias sont en première ligne pour tester et déployer les outils basés sur l’intelligence artificielle. Cette nouvelle vague d’innovation impacte tous leurs métiers et tous les maillons de la chaîne production [1]. En effet, cette ruée vers ces applications a modifié considérablement les rôles des professionnels et les canaux d’accès à l’information. Le recours à ces applicatifs pose cependant de nombreuses questions, notamment sur le plan éthique : faut-il imposer une forme de transparence vis-à-vis des lecteurs ? Faut-il généraliser l'usage de ces technologies à l'heure des fake news ?

Les applications de l'IA pour les médias sont vastes : automatisation des process métiers et des relations clients, veille et écoute des réseaux sociaux, vérification de l'information et détection des fake news, analyse prédictive de succès, création de vidéos et post-production, conversation automatique par assistants vocaux, rédaction automatisée, recommandation personnalisée. Loin de se vouloir exhaustif, voici un panorama de quelques applications IA dans la chaîne de valeur des médias.

Veille, identification des tendances :

  • NewsWhip est un outil qui permet de détecter des tendances sur Twitter, Facebook, Linkedin. Il est adopté par plusieurs agences de presses comme la BBC, le Guardian, il aide au traitement des données 
  • QWAM Text Analytics traite et analyse de grandes masses de données non structurées pour en tirer les éléments essentiels et indicateurs clés. Utilisé par Le Figaro pour la génération des tags, et l'enrichissement sémantique, la recommandation des contenus similaires [2].

 Vérification de l’information :

  • FactMata est une plateforme qui utilise l'IA pour détecter les fake news en attribuant des indices de confiance aux contenus, en repérant les discours de haine et les contenus abusifs, la propagande [3].

 Rédaction automatique :

  • Quotebot est un programme qui génère automatiquement des textes à partir de données financières pour le quotidien belge L'Echo. Il a été développé avec les journalistes de la rédaction à l'aide de syllabs [4].

Assistants vocaux :

  • CallDesk propose un robot intelligent capable de prendre en charge des appels téléphoniques, au côté des téléopérateurs. Ce robot comprend les requêtes en langage naturel et offre une expérience de qualité aux interlocuteurs en leur apportant une réponse pertinente. Il reconnait également et transfère automatiquement les tâches complexes aux téléopérateurs spécialisés [5].

Indexation automatique  :

  • Newsbridge est une solution d'indexation automatique et en temps réel des rushs, via la reconnaissance d'images. Elle optimise le process de production d'un sujet  et pérennise les  contenus en facilitant leur réutilisation différée. Une fonctionnalité de traduction est également proposée pour les interviews [6].

IA dans les médias : Quelles limites ?

"S’il est certain que l’IA ne remplacera pas les journalistes, sa mise en place dans les rédactions peut être compliquée. Elle peut déclencher un "clash de cultures" entre les employés aux profils technique et journalistique. Ensuite, elle nécessite un bon management et des workflows définis. L’usage de l’IA ne peut se limiter à un seul service au sein de la rédaction, touchant de nombreuses fonctions différentes. Automatiser des tâches de routine nécessite de bien les délimiter afin d’éviter d’inscrire des erreurs ou des biais dans le processus, qui seraient ensuite invisibilisés par l’automatisation" [7]. 

Sources:
[2]http://www.qwamci.com/qwam-text-analytics/ [consulté le 22/02/2020]
[3]https://factmata.com/technology.html [consulté le 23/02/2020]
[5]https://calldesk.ai/  [consulté le 22/02/2020]
[6]https://www.newsbridge.io/  [consulté le 22/02/2020]

dimanche 2 février 2020

« Faire vivre la cartographie » : une étude pour le GIS CollEx-Persée

Le GIS CollEx-Persée [1] a mis en ligne le 6 janvier 2020 une étude réalisée par Six et Dix [2] intitulée : Recueil des attentes et des usages potentiels des responsables documentaires et des communautés de chercheurs, vis à vis d’un outil de cartographie documentaire et scientifique, pour le GIS CollEx-Persée. Grâce à une enquête auprès de bibliothèques délégataires et associées, de chercheurs et de professionnels de l’information, il s’agissait de déterminer si un besoin de cartographie était avéré. [3]

Le Groupement d’intérêt scientifique (GIS) CollEx-Persée est un réseau d’établissements et d’opérateurs de l’enseignement supérieur et de la recherche, ainsi que de la Bibliothèque nationale de France. Il est formé par les collections d’excellence qui y sont présentes ainsi que de structures qui possèdent des fonds labellisés. [4]
L’étude réalisée par Six et Dix n’a pas pour objet de mener une réflexion sur la cartographie en tant que «découpage» [5] ou sur « la dimension partisane de la carte » par exemple.
Elle souligne que l’enjeu d’un système de cartographie documentaire et scientifique serait de valoriser le concept de « fonds » en en donnant une définition très large et en soulignant ses différentes natures pour donner aux chercheurs une vision plus synthétique de ce qui leur est offert.

Un groupe de travail « cartographie », copiloté par l’Abes et la BnF, associées aux bibliothèques du réseau, a d’abord été créé. Il visait à « déployer une cartographie dynamique croisant gisements documentaires et laboratoires de recherche, y associer des référentiels et en assurer le référencement sur le web », la priorité étant « d’améliorer la visibilité des collections par la cartographie et le référencement ».

L’objectif de l’étude :
. Définir les usages potentiels d’un outil cartographique croisant gisements documentaires et laboratoires de recherche (« portail Cartographie CollEx ») en recueillant les attentes des bibliothèques du réseau et des chercheurs sur la base d’entretiens semi-directifs.
. Etablir un état des référencements disciplinaires existants, en France et à l’international.
. Produire des recommandations opérationnelles permettant de décider de la mise en œuvre d’un outil cartographique.

Une synthèse des besoins auprès des publics cibles, les personnels des bibliothèques ou de tout établissement gestionnaire de fonds, les chercheurs ou professionnels de l’information, permettra de réaliser un des enjeux du système : « contribuer à rapprocher ces deux communautés d’utilisateurs » en mesurant les écarts entre les besoins de ces publics.
D'autre part, « le système de cartographie sera alimenté par chargement, moissonnage ou APIs à partir de systèmes de gestion existants. »

En prenant en compte la source des données possibles, l’étude a permis de dégager trois scénarios de mise en œuvre d’une cartographie des fonds, le premier consistant à adapter le Répertoire du CCFr, le second à adapter SCANR et le troisième à adapter un nouvel outil indexant les données du Répertoire du CCFR et de SCANR, sans modifier les interfaces utilisateurs de ces deux outils.

Si certains points restent en suspens, les préconisations sont dans l’esprit de démarches partagées et de mutualisation des moyens qui caractérisent le GIS, visant dans ce cas précis à rapprocher les personnels de bibliothèques et de gestion de fonds avec les chercheurs ou les professionnels de l’information.

[1] COLLEX-PERSEE. Appel à projets 2019-2020. Disponible en ligne. [Consulté le 02/02/2012] : <https://www.collexpersee.eu/appel-a-projets/>

[2] SIX&DIX.  Conseil en organisation et en systèmes d’information. Disponible en ligne. [Consulté le 02/02/2012] : <https://www.sixetdix.com/>

[3] SIX&DIX. Recueil des attentes et des usages potentiels des responsables documentaires et des communautés de chercheurs, vis à vis d’un outil de cartographie documentaire et scientifique, pour le GIS CollEx-Persée. 06/01/2020. Disponible en ligne. [Consulté le 02/02/2012] : <https://www.collexpersee.eu/etude-pour-un-outil-de-cartographie-documentaire-et-scientifique-collex-persee/>  <https://www.collexpersee.eu/wp-content/uploads/2020/01/Cartographie-CollEx-Pers%C3%A9e-Synth%C3%A8se-Etude-site-web-janvier-2020.pdf>

[4] BNUSTRASBOURG. Le GIS CollEx-Persée. Disponible en ligne. [Consulté le 02/02/2020] : <https://www.bnu.fr/fr/le-gis-collex-persee>

[5] La question de la cartographie disciplinaire comme « découpage de la recherche en spécialités » a fait l’objet d’une journée d’études sur la culture numérique.
BLOGDUSEMINAIRE. Interdisciplinarités & humanités numériques Carnet de recherche du séminaire IRIHS - Humanités Numériques. In(ter)disciplinarité(s) au prisme des humanités numériques, organisée par l’Université de Rouen-Normandie et l’IRIHS. 10/12/2019. Disponible en ligne. [Consulté le 02/02/2020] : < https://indisciplineshn.sciencesconf.org/>

Knowledge Management : perspectives pour 2020


Le 17 octobre 2019 se tenait, à l'Institut national des sciences et techniques de la documentation (INTD) la journée d'étude "Comment aborder une démarche Knowledge Management ?" [1] Partant du tournant que constitue pour la gestion des connaissances l'édition de l' ISO 30401, les intervenants y ont proposé à leurs auditeurs retours d'expérience et réflexions sur la mise en oeuvre d'une démarche de Knowledge Management dans une organisation, qu'elle soit publique ou privée. Le rappel de cette journée d'études vient introduire le présent billet, lequel a pour ambition de présenter les perspectives offertes au Knowledge Management pour 2020.  


Bilan de la conférence annuelle "KMWorld" tenue en novembre 2019 à Washington D.C. 

Michael Koening - professeur émérite du département Information et Informatique de l'Université de Long Island - relève trois thèmes notoires abordés lors de cette conférence. Premier thème à retenir :  la pratique de la cartographie des connaissances, présentée comme base solide et essentielle à la construction et la mise en oeuvre de systèmes de gestion des connaissances efficaces. À l'heure des BigData et du Big Content, il faudra ainsi "faire avec" les bases de données relationnelles dont les relations entre chaque "pépite d'information" usent du WOL (Web Ontology Language). Deuxième fait notoire : la mise en place de systèmes de gestion des connaissances garantit aux organisations la faculté à se conformer aux normes et aux exigences qu'il leur faut respecter. La faculté du Knowledge Management à alerter les organisations quant aux éventuels problèmes de non-conformités, connus ou imminents, constitue un véritable atout pour ces dernières et Micheal Koening indique que se pencher sur la DSI ( diffusion sélective de l'information) s’avérerait constituer une stratégie plus que satisfaisante pour les praticiens de la gestion des connaissances. Il note cependant le manque de techniques ou d'exemples spécifiques proposés à ce sujet et espère qu'une amélioration pourra être constatée lors de la conférence KMWorld de 2020. Le troisième thème notable relevé par Micheal Koening n'est pas un sujet  nouveau, mais la conférence annuelle "KMWorld 2019" aura mis l'accent sur le recul notable des techniques et pratiques de capture et de préservation des connaissances du personnel partant à la retraite. [2]

 Knowledge Management en 2020 : quelles perspectives ? 

Toujours plus de données transitent dans les organisations et proviennent de sources toujours plus diversifiées. Ces données, il faudra non seulement les collecter mais aussi les conserver sous des formes utilisables et qui plus est stratégique. Répondre à ces ambitions impliquera, pour les praticiens du Knowledge Management, de prendre en compte  - selon les contributeurs du site KMWorld, deux axes stratégiques pour 2020. [3]

"Alors que le monde se complexifie et que la vitesse du changement continue de s'accélérer, nous avons plus que jamais besoin de l'intelligence artificielle et de l'automatisation" : ces mots d'Art Murray, PDG d'Applied Knowledge Sciences traduisent une des perspectives principales du Knowledge Management pour 2020 : les capacités traditionnelles du KM sont à même de gagner en efficacité à condition qu'elles continuent de se renouveler en recourant aux bénéfices de l'Intelligence Artificielle (IA), qui permet entre autres le traitement naturel du langage. Si aujourd'hui de nombreux consommateurs sont familiarisés à l'IA par le biais de l'utilisation des objets connectés par exemple, les praticiens du Knowledge Management devront mettre à profit l'émergence de ces nouvelles technologies afin de bénéficier, eux aussi, des capacités l'IA - notamment pour assumer plus efficacement les tâches comme le filtrage des sources d'informations. Autre perspective d'avenir : l'expérience client et la transformation des services deviennent des axes de réflexion majeurs. De plus en plus valorisée, l'expérience client est gage de la réussite d'une entreprise. Les utilisateurs s'attendent aujourd'hui à une expérience client, qu'elle que soit la prestation perçue, toujours plus fluide et efficace dans l'accès à l'information cherchée, que ce soit sur les applications ou sites mobiles, l'expérience en magasin ou avec les centres de contact téléphonique.  Tandis que la technologie redéfinit les standards et les attentes des clients, les "services clients" constituent un véritable atout stratégique pour les organismes qui fixent d'ores et déjà leurs priorités et leurs budgets en ce sens - selon le "Rapport sur l'état de service en 2019" de Salesforce. Ce rapport s'emploie à montrer que la quatrième révolution industrielle - alimentée par l'IA, la blockchain, les nouvelles technologies informatiques et la réalité virtuelle - est le moteur de la transformation des services clients, en témoigne l'essor des outils CRM. Cette étude Salesforce révèle également ceci : 82% des décideurs estiment aujourd'hui que le service client de leur entreprise doit se transformer pour rester compétitif et que dans cette optique, l'utilisation de l'IA devrait augmenter de 143% au cours des prochains mois. [4] 



[1] Les Manifestations de l'INTD, "Comment aborder une démarche Knowledge Management". Intd.cnam.fr. [En ligne]. 2019. [Consulté le 24 janvier]. Disponible sur : <http://intd.cnam.fr/les-manifestations-de-l-intd--39348.kjsp?RH=INTDinstitut&RF=INTDseminaire>

[2] KOENING, Michael. "Observations on KMWorld 2019". www.kmworld.com. [En ligne]. Publié le 21 novembre 2019. [Consulté le 14 janvier 2019]. 

[3] KMWorld Staff Features. "Looking for the future of Knowledge Management: 2020 insight". [En ligne]. Publié le 7 janvier 2020. [Consulté le 21 janvier 2020]. Disponible sur : < https://www.kmworld.com/Articles/Editorial/Features/Looking-to-the-Future-of-Knowledge-Management-2020-Insight-135756.aspx >

[4] PETOUHOFF, Nathalie. "State of Service Report : The Age of the AI, and Agent and Customer Empowerment". [En ligne]. Publié en 2019. [Consulté le 27 janvier 2020]. Disponible sur :  < https://www.salesforce.com/products/service-cloud/resources/state-of-service/ >