mercredi 23 décembre 2020

L'immortalité numérique : un nouveau mythe moderne ?


Il existe, dans presque toutes les cultures, des représentations de la vie après la mort. Celles-ci ont été considérées comme des illusions consolatrices, censées exorciser la peur de la mort et comme des vestiges de formes de pensée archaïque, préscientifique. Mais aujourd’hui, c’est la science elle-même qui semble avoir quitté son terrain, recouvrant celui perdu par les religions et promettant, à l’instar de celles-ci, une sorte de vie après la mort : l’immortalité numérique. 

L’immortalité numérique désigne la possibilité pour un être humain de transférer sa conscience ou son esprit, ou pour un employer une expression plus conventionnelle et moins floue, le contenu de son cerveau sur un support numérique afin de s’assurer, une existence post-mortem, éventuellement sous la forme d’un robot humanoïde.

Le 10 juillet 2020 sortait le film écrit et réalisé par Gavin Rothery, et intitulé fort à propos Archive, qui raconte l’histoire d’un scientifique (George Almore) qui, endeuillé par la perte de sa compagne, essaie de la ramener à la vie, grâce au mind-uploading. Le scientifique en question avait auparavant réussi à télécharger, sous la forme d’une archive, le contenu du cerveau de sa compagne et essayait de fabriquer un robot humanoïde capable d’éprouver toute la gamme des passions humaines (joie, tristesse, jalousie, rancune...) afin d’y transplanter la conscience de la défunte. Les faits se passent en 2038, soit dans moins d’un demi-siècle. Ray Kurzweil, le directeur de l’ingénierie chez Google, celui que l’on considère comme « le Thomas Edison de notre époque » annonce, quant à lui, l’immortalité numérique d’ici 2045.  

Le mind-uploading est une technique, en développement, qui permet, ou pourrait permettre de transférer, le contenu d’un cerveau sur un ordinateur, lequel serait alors en mesure de reconstituer l’esprit en simulant son fonctionnement. On peut toujours arguer que cela relève de la science-fiction voire de la simple fiction puisqu’en fait, à ce jour, aucune extraction de la conscience et aucun transfert n’ont été réalisés. Mais toutes les prouesses technologiques ont été, au moment de leur conception, considérées comme impossibles. Chimériques ou non, cette idéologie bénéficie de l’appui de très grandes institutions comme Google qui investit massivement dans les sciences de la vie[1].

Rémi Sussan résume très bien l’idéologie des tenants de l’immortalité numérique ou virtuelle, enjeu majeur du transhumanisme : « Leur théorie est la suivante : notre esprit est une production émergente de l'interaction entre les neurones. Si nous pouvons cartographier ces interactions, et les reproduire sur un autre support, nous aurons effectué une "copie de sauvegarde" de notre personnalité. Reste alors à placer cette copie dans un nouveau corps, artificiel ou même virtuel, pour ressusciter l'individu ainsi préservé »[2].

Tout une industrie est en train de se créer autour de cette idéologie, relayée par une abondante cinématographie (de Total recall à Archive), par des applications qui permettent de discuter avec une sorte d’avatar virtuel d’un proche disparu (Replika) et des startups fantastiques comme Nectome qui propose à ses clients de sauvegarder leurs cerveaux sur le cloud en attendant de pouvoir le télécharger, dans un avenir plus ou moins proche, sur une machine.

Ce Graal, si tant est qu’on le trouve, « sera réservé, comme le remarque fort justement l’écrivaine Béatrice Jousset-Couturier, aux nantis et parachèvera la lutte des classes entre les riches, qui vivront éternellement jeunes, et les moins riches, qui mourront bêtement de vieillesse.»[3]

Sources 

1. L'immortalité, c'est pour bientôt? En ligne sur sciencesetavenir.fr. Publié le 05/10/2019 : Consulté le 23/12/2020 <https://www.sciencesetavenir.fr/high-tech/intelligence-artificielle/l-ia-et-l-humanite-eternite-l-immortalite-c-est-pour-bientot_137659>

2. Immortalité: la quête des géants technologiques. En ligne sur digitalcorner-wavestone.com. Publié en Juillet 2014 : Consulté le 23/12/2020 <https://www.digitalcorner-wavestone.com/2014/07/immortalite-la-quete-des-geants-technologiques/>

3. L'immortalité numérique entre fantasme et business. En ligne sur the conversation.com. Publié le 16 Janvier 2020 : Consulté le 23/12/2020 <https://theconversation.com/limmortalite-numerique-entre-fantasme-et-business-129384>

4. Google rêve de l'immortalité et y travaille sérieusement. En ligne sur numerama.com. Publié le 29 octobre 2014 : Consulté le 23/12/2020 <https://www.numerama.com/magazine/31108-google-reve-de-l-immortalite-et-y-travaille-serieusement.html>


[1] Google’s $1.5 billion research center to “solve death”. En ligne sur tottnews.com. Publié le 14 mars 2019 : [Consulté le 23/12/20] < https://tottnews.com/2019/03/14/google-calico-solving-death/ >

[2] Rémi Sussan, « Demain, tous immortels ? », Sciences humaines, Mars 2014, p. 29.

[3] Immortalité numérique : mon âme sur clé USB. En ligne sur Femina.ch. Publié le 06/02/2017 : [Consulté le 23/12/20] < https://www.femina.ch/societe/actu-societe/immortalite-numerique-mon-ame-sur-cle-usb >


mardi 22 décembre 2020

L’émergence d’applications écologiques de la blockchain démontrée par Suez

Suez, multinationale de la gestion de l’eau et des déchets a annoncé le 22 septembre [1] le lancement d’une blockchain de l’économie circulaire garantissant la traçabilité des boues valorisées dans les stations d’épuration. A travers cette annonce, loin d’être anodine, Suez démontre la percée de cette technologie en dehors du secteur bancaire et d’initiatives collectives à petite échelle. 

Anticiper l’application de la loi Economie Circulaire

Le but de ce déploiement ? Garantir aux agriculteurs une ressource sûre pour remplacer les intrants chimiques et encourager l’utilisation de ressources recyclées pour l’épandage des sols agricoles. Diane Galbe, directrice générale adjointe de Suez : 

“Nous récupérons sur les stations d'épuration du phosphore et le recyclons sous la forme d'un engrais, qui se substitue aux phosphates minéraux. […] Grâce à la blockchain, la traçabilité des matières fertilisantes est désormais 100% sécurisée et valorisée. Première technologique proposée sur ce secteur, la solution permet de rassurer les producteurs de boues par une plus grande maîtrise de la gestion de leur filière de valorisation agricole.” [1]

Avec CircularChain, Suez anticipe la loi Economie Circulaire votée le 12 février 2020 qui prévoit d’augmenter les contraintes concernant les boues valorisées pour les terres agricoles. Mais, au delà de cette application pour les agriculteurs, cette annonce tend à montrer que de nouveaux secteurs s’approprient la technologie, amorçant alors sa démocratisation annoncée depuis 2015 [2]. Et parmi ses applications, on en trouve de plus en plus d’ordre écologique, alors que la blockchain a pu rencontrer beaucoup de critiques sur sa consommation énergétique. Comment expliquer cette transition écologique de la blockchain depuis le lancement du Bitcoin en 2009 ?


Histoire de la blockchain, sujet de mode, d’espoirs… et de controverses 

C’est en 2015, lorsque The Economist s’intéresse à la blockchain, que le terme atteint un pic de notoriété. En couverture, le journal la renomme « machine à créer de la confiance ». Il prédit même que « la technologie derrière le Bitcoin pourrait changer le monde ». A la suite de cette publication, le sujet suscite une grande curiosité et l’ensemble des rédactions s’y intéresse pour relayer l’article. Le sujet est désormais partout et soulève l’intérêt du grand public. Elle reste cependant une promesse technologique qu’il faut encore développer, les acteurs devant s’en saisir pour exploiter ses capacités et l’appliquer à leurs domaines. [2] 

Si la technologie tient en elle tant d’espoir, c’est qu’elle promet une décentralisation des opérations, de ne plus avoir besoin de passer par un organisme tiers, envisageant la continuité du monde promis par Internet : disparition des intermédiaires, autonomie des individus et autorégulation libératrice. Et les chiffres rapportés par l’IDC (International Data Corporation) vont dans ce sens : les dépenses mondiales dans les solutions blockchain s’élève à 2,9 milliards de dollars en 2019, soit une croissance de 88,7% par rapport à 2018. Et on l’estime à 4,3 milliards de dollars pour 2020. [3]

Le coût environnemental du Bitcoin, mauvaise presse pour la blockchain

Mais rapidement, une notion centrale de la blockchain suscite la controverse : le protocole Proof-of-Work (PoW), utilisée notamment par la blockchain Bitcoin. Cette étape de contrôle des blocs de transaction met en compétition des « mineurs », garants de l’intégrité du système qui rivalisent de puissance de calcul pour trouver la « preuve » permettant la validation du bloc afin de remporter une récompense en bitcoin. Cette surenchère technologique, toujours plus gourmande en énergie, engendre une course à la puissance pour s’assurer de remporter la récompense. Ce qui fait que la dépense énergétique est consubstantielle au Bitcoin [4], mais pas nécessairement pour la blockchain. Même si aux yeux du grand public, les deux restent associés. Cette dépense énergétique demeure cependant relative. En effet, des études (dont celle de Bitmex du 15 septembre 2017) viennent montrer que les mineurs se tournent majoritairement vers des énergies renouvelables et sous-exploitées : 

« une grande partie de l’électricité aujourd’hui utilisée dans le Bitcoin serait en fait de l’électricité provenant d’infrastructures hydro-électriques sous-utilisées (car initialement dédiée à la production d’aluminium en Chine, production qui a baissé drastiquement suite à une baisse de demande pour ce matériau).» [5]

Si le PoW demande une énergie toujours plus importante, d’autres protocoles moins gourmands existent, dont le Proof-of-Stake [6] qui est souvent préféré pour cette raison. 


Les premières applications écologiques de la blockchain 

En parallèle des cryptomonnaies, des initiatives collectives apparaissent peu à peu sur des projets de moindre envergure pour appliquer la blockchain dans le secteur de l’énergie et de l’écologie, voyant dans ce registre de confiance partagée une opportunité pour développer des projets de valorisation énergétique. Ouvrant alors la voie à l’exploitation écologique de la blockchain comme a pu le faire Brooklyn Microgrid (pour l’auto-gestion de la consommation photovoltaïque collective d’un quartier), un exemple souvent cité. [7] 

Si les montants des investissements des grandes sociétés dans la blockchain sont importants et qu’ils rencontrent une croissance fulgurante, on estimait en 2016 que pour les grands acteurs du secteur de l’énergie, elle serait encore longue à se déployer. Pour les entreprises bancaires, l’enjeu et les opportunités à se lancer étaient évidents, pour les autres, peut-être un peu moins. [7]  


2020, l’âge de la maturité ?

Après quelques années, le déploiement et les applications de la technologie pénètrent finalement ce secteur d’activité avec l’initiative de Suez, démontrant que la blockchain s’insère progressivement dans de nouveaux domaines. Ce projet fait figure de test pour le géant de l’eau et des déchets, qui compte poursuivre cette dynamique et développer prochainement une technologie similaire pour la traçabilité des déchets dangereux, qui constituent un volume annuel et des enjeux bien plus importants. En se lançant dans ce domaine, il pourrait être la locomotive de toute une filière et ainsi amorcer une révolution dans la gestion des déchets. Une baisse des investissements dans la blockchain ne devrait donc pas arriver avant un moment et pourrait même s’étendre à de nouveaux marchés. 


Sources : 

[1] HECKETSWEILER Tiphaine. SUEZ lance CircularChain, la blockchain de l’économie circulaire. Publié le 22/09/2020. Disponible en ligne. suez.fr [consulté le 05/12/2020] : https://www.suez.com/fr/actualites/communiques-de-presse/suez-lance-circularchain-blockchain-economie-circulaire-et-accompagne-la-transition-agricole-clef-de-voute-alimentation-durable

[2] LELOUP Laurent. Blockchain, la révolution de la confiance. Publié le 17/02/2017. Disponible en ligne. books.google.fr [consulté le 05/12/2020] :  https://books.google.fr/books/about/Blockchain.html?id=1t8fDgAAQBAJ&printsec=frontcover&source=kp_read_button&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false   

[3] IDC. IDC Reports Worldwide Blockchain Spending to Slow Down to US$ 4.3 Billion in 2020. Publié le 22/06/2020. Disponible en ligne. idc.com [consulté le 19/12/2020] : https://www.idc.com/getdoc.jsp?containerId=prAP46625520

[4] RODRIGUES David. Blockchain et transition énergétique : une cohabitation impossible ? Publié le 16/09/2019. Disponible en ligne. environnement-magazine.fr [consulté le 19/12/2020] https://www.environnement-magazine.fr/energie/article/2019/09/16/125867/tribune-blockchain-transition-energetique-une-cohabitation-impossible

[5] JEANNEAU Clément. Impact écologique des blockchains et cryptomonnaies : idées reçues et réalités. Publié le 02/02/2019. blockchainpartner.fr [consulté le 19/12/2020] :     

[6] COMITOGIANNI Kevin. Proof-of-Work vs Proof-of-Stake. Publié le 19/10/2020. Disponible en ligne. crytonaute.fr [consulté le 15/12/2020] : https://cryptonaute.fr/proof-of-work-vs-proof-of-stake/

[7] LAURENT Anthony. Blockchain, 15 projets dans l’énergie. Publié le 08/02/2017. Disponible en ligne. environnement-magazine.fr  [consulté le 15/12/2020] : https://www.environnement-magazine.fr/energie/article/2017/02/08/48996/blockchain-15-projets-dans-energie

La multiplication des plateformes de streaming : plusieurs origines, un seul engouement

Pourquoi Apple tient tant à son produit "Apple TV" en dépit de l'indifférence dont on fait preuve les utilisateurs jusqu'à présent [1] ? Et pourquoi l’entreprise Amazon donne-t-elle à ses clients "Prime" l'accès à sa plateforme vidéo alors que l'abonnement vise avant tout à accélérer le délai de livraison des produits physiques [2] ? Plusieurs raisons poussent différentes entreprises à intégrer une solution de streaming vidéo à leur gamme de produits. Voyons dans quelle logique s’inscrit la transformation des usages de consommation vidéo.

 

La télévision va sur internet pour continuer d’exister, l'exemple d'Arte 

En 2012, le constat d’un changement à venir dans le mode de consommation des vidéos était déjà dressé [3]. Depuis, le virage numérique s'est opéré et le modes de consommation ont évolué.

En août 2018, Véronique Cayla, la présidente d'Arte France expliquait : « D'ici trois à cinq ans, le modèle de la télévision, tel que nous l'avons connu, sera archaïque, puis disparaîtra, et la télévision aura alors basculé dans l'ère de la délinéarisation. » [4].

En juin 2020, Madame Cayala commentait la consommation de vidéos Arte lors du premier confinement : "En avril, nos audiences numériques ont doublé, à 160 millions de visites. Je m'en réjouis car c'est le fruit de notre politique précoce d'investissement dans le digital. Aujourd'hui, le site Arte.tv reflète toute la richesse et la profondeur de nos contenus, nos chaînes YouTube marchent très bien ainsi que les podcasts." [5].

Le site Arte.tv, est un site de vidéo à la demande propre à la chaîne Arte. TF1 et les chaînes de télévision les plus importantes proposent désormais toutes ce service payant de location ou de vente de film en ligne. Mais comme la citation de la présidente d'Arte France l'indique, la diffusion des vidéos se fait aussi via la plateforme YouTube.

 

YouTube est une composante majeure de la nouvelle télévision présente sur internet



En 2019, 93% des français de 25 à 49 ans regardaient YouTube au moins une fois par jour [6].

La chaîne YouTube Arte a été créée à la fin de l'année 2010. Elle a aujourd'hui plus d'un million et demi d'abonnés et cumule plus de 156 millions de vues [7].

Arte n'est pas un cas isolé, l'ensemble des acteurs traditionnels ont été contraints d'évoluer dans le sens du streaming vidéo pour conserver leur visibilité.
D'autres acteurs audiovisuels traditionnels sont arrivés sur YouTube il y a quelques années. C'est notamment le cas de la SNCF Réseau [8], du journal Le Parisien [9] ou encore de l''Institut National de l'Audiovisuel (INA). Ce dernier est un établissement public spécialisé dans l'archivage et la rediffusion de contenu audiovisuel français [10]. Actuellement, la chaîne YouTube principale de l'INA compte plus de 400 milles abonnés et plus de 110 millions de vues [11].

Comme la télévision, YouTube est désormais un haut lieu de visibilité et d'influence. Les artistes et l'ensemble de producteurs de contenu qui ont quelque chose à vendre peuvent utiliser YouTube pour capter une audience et rediriger les consommateurs, notamment vers d'autres plateformes de streaming vidéo. En effet, sur YouTube, Norman a fait une vidéo pour indiquer que les clients d'Amazon Prime pouvaient aller visionner son spectacle [12]. De même, l’humoriste Vérino renvoie son audience YouTube vers son site personnel de VOD où se trouve ses spectacles complets en accès payant [13].



Les plateformes vidéos se multiplient, les concurrents se positionnent face à Netflix 

Apple TV, Disney+, HBO, Amazon Prime Vidéo viennent concurrencer Netflix.  

Même une offre spécifiquement francophone vient d'être lancée le 20 octobre 2020 : la plateforme de streaming Salto [14]. Elle donne accès à un grand nombre de films et séries diffusés à la télévision française [15].

Disney plus, Amazon Prime Vidéo et Apple TV proposent des prix plus bas que Netflix [16].
Plus cher que ses jeunes concurrents et déjà bien implanté sur le marché du streaming avec plus de 180 millions de clients en avril 2020, Netflix peine à trouver de nouveaux clients et commence à stagner [17] [18].

La plateforme Prime Video propose des vidéos gratuites, comprises dans le forfait Prime pour les livraisons rapides à 50€ par an. Mais elle propose aussi des vidéos payantes à la demande, comme les sites internet des chaînes de télévision classiques [2].

Depuis son lancement en novembre 2019, Apple TV propose des films et des séries à partir de moins de 5€ par mois. En dépit de ce tarif attractif et d'abonnements offerts pour tout achat d'un appareil Apple, le nombre d'abonnés reste relativement faible. Encore récent, le potentiel d'évolution de ce service ne doit pas pour autant être négligé [1].

Si des entreprises, comme Apple et Amazon, n’ayant au départ aucun lien avec la production audiovisuelle, investissent d’importantes sommes d’argent dans leur plateforme vidéo et dans la réalisation de films ou séries, c’est qu’elles y voient une belle opportunité à saisir.

Nous sommes définitivement passé, selon le mot de Régis Debray, de la vidéosphère à l'hypersphère [19]. Nous consommons désormais une part importante de notre énergie et de nos émissions de gaz à effet de serre pour la bande passante internet des vidéos [20] [21].
Le métier de documentaliste audiovisuel existe à part entière [22]. L'avenir nous dira si l'augmentation du nombre de vidéos en circulation impactera ou non l'ensemble des documentalistes, hors du secteur audiovisuel.

 

Sources :

[1] FORBES. Apple TV+ : Pourquoi Apple Peine Face À Netflix Et Disney+ ?. Publié le 06/02/2020 [en ligne]. Consulté le 22/12/2020. Disponible à l'adresse suivante : <https://www.forbes.fr/business/apple-tv-pourquoi-apple-peine-face-a-netflix-et-disney/>

[2] AMAZON. About Amazon Prime. [en ligne]. Consulté le 22/12/2020. Disponible à l'adresse suivante : <https://www.amazon.com/gp/help/customer/display.html?nodeId=201910360>

[3] REVUE RESEAU | CAIRN. La fin de la télévision ?. Publié le 15/11/2012 [en ligne]. Consulté le 22/12/2020. Disponible à l'adresse suivante : <https://www.cairn.info/revue-reseaux-2012-5-page-43.htm>

[4] LES ECHOS. Arte pousse ses pions dans le numérique. Publié le 29/08/2018 [en ligne]. Consulté le 22/12/2020. Disponible à l'adresse suivante : <https://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/arte-pousse-ses-pions-dans-le-numerique-137512

[5] LE FIGARO.Véronique Cayla: «Arte a démocratisé l’accès à la culture et séduit les jeunes publics». Publié le 14/06/2020 [en ligne]. Consulté le 22/12/2020. Disponible à l'adresse suivante : <https://www.lefigaro.fr/societes/veronique-cayla-arte-a-democratise-l-acces-a-la-culture-et-seduit-les-jeunes-publics-20200614>

[6] THINK WITH GOOGLE. YouTube, 27 minutes d'attention et d'opportunités. Publié en novembre 2019 [en ligne]. Consulté le 22/12/2020. Disponible à l'adresse suivante : <https://www.thinkwithgoogle.com/intl/fr-fr/strat%C3%A9gies-marketing/video/infographie-mediametrie-youtube-27-minutes/>

[7] YOUTUBE. Arte, à propos. 2020 [en ligne]. Consulté le 22/12/2020. Disponible à l'adresse suivante : <https://www.youtube.com/c/arteplus7fr/about>

[8] YOUTUBE. SNCF Réseau, à propos. Consulté le 22/12/2020. Disponible à l'adresse suivante : < https://www.youtube.com/c/sncfreseau/about>

[9] YOUTUBE. Le Parisien, à propos. Consulté le 22/12/2020. Disponible à l'adresse suivante : <https://www.youtube.com/c/LeParisien/about>

[10] LE MONDE. YouTube va mettre en ligne 57 000 vidéos issues du fonds de l'INA. Publié le 27/03/2012 [en ligne]. Consulté le 22/12/2020. Disponible à l'adresse suivante : <https://www.lemonde.fr/technologies/article/2012/03/27/youtube-va-mettre-en-ligne-57-000-videos-issues-du-fonds-de-l-ina_1676174_651865.html>

[11] YOUTUBE. INA Société, à propos. Consulté le 22/12/2020. Disponible à l'adresse suivante : <https://www.youtube.com/c/Inasociete/about>

[12] YOUTUBE. Norman fait des vidéos - Quand tu oublies ton mot de passe... (Norman). Publié le 11/12/2020 [en ligne]. Consulté le 22/12/2020. Disponible à l'adresse suivante : <https://www.youtube.com/watch?v=1-1MOuvp2KA>

[13] VOD.VERINO [en ligne]. Consulté le 22/12/2020 [en ligne]. Disponible à l'adresse suivante : <https://vod.verino.fr/>

[14] NUMERAMA. Netflix, Disney+, Canal+, OCS : le comparatif 2020 des offres de SVOD en France [en ligne]. Consulté le 22/12/2020. Disponible à l'adresse suivante : <https://www.numerama.com/pop-culture/541742-netflix-amazon-canal-ocs-apple-tv-le-grand-comparatif-2019-des-offres-de-svod-en-france.html>

[15] SALTO. TV et Streaming en illimité [en ligne]. Consulté le 22/12/2020. Disponible à l'adresse suivante : <https://www.salto.fr/>

[16] LA TRIBUNE. Comparatif des offres de streaming en France. Publié le 16/10/2020 [en ligne]. Consulté le 22/12/2020. Disponible à l'adresse suivante : <https://www.latribune.fr/technos-medias/internet/netflix-amazon-appletv-disney-comparatif-des-offres-de-streaming-en-france-832844.html>

[17] 01NET. Grâce au confinement, Netflix explose son nombre d’abonnés. Publié le 22/04/2020 [en ligne]. Consulté le 22/12/2020. Disponible à l'adresse suivante : <https://www.01net.com/actualites/grace-au-confinement-netflix-explose-son-nombre-d-abonnes-1898693.html>

[18] FORBES. Disney+ Bat De Nouveaux Records, Netflix S’Effondre. Publié le 13/12/2019 [en ligne]. Consulté le 22/12/2020. Disponible à l'adresse suivante : <https://www.forbes.fr/finance/disney-bat-de-nouveaux-records-netflix-seffondre/>

[19] MEDIOLOGIE.ORG. Louise Merzeau (1963-2017) et Régis Debray : Médiasphère. Publié le 01/08/2018 [en ligne]. Consulté le 22/12/2020. Disponible à l'adresse suivante : <https://www.mediologie.org/mediasphere-181>

[20] LES ECHOS. Publié le 28/06/2019 [en ligne]. Consulté le 22/12/2020. Disponible à l'adresse suivante : <https://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/netflix-et-youtube-les-deux-poids-lourds-des-autoroutes-de-linformation-1033939>

[21] YOUTUBE. Konbini - Jancovici : Pourquoi vous polluez quand vous êtes sur Internet ?. Publié le 07/06/2019 [en ligne]. Consulté le 22/12/2020. Disponible à l'adresse suivante : <https://www.youtube.com/watch?v=muBTIVjS8sA

[22] ARCHIMAG. Documentaliste audiovisuel. Publié le 12/01/2018 [en ligne]. Consulté le 22/12/2020. Disponible à l'adresse suivante : <https://www.archimag.com/emplois/job/2018/01/12/une-documentaliste-audiovisuel-%E2%80%93-clichy-9>

Pour en savoir plus : 

YOUTUBE. Marketing Mania Daily - Guerre du streaming : Qui va tuer Netflix ?. Publié le 08/12/2020 [en ligne]. Consulté le 22/12/2020. Disponible à l'adresse suivante : <https://www.youtube.com/watch?v=U4EqndLoNBw>

PWC. The streaming shekup (2013-2018). Publié en 2019 [en ligne]. Consulté le 22/12/2020. Disponible à l'adresse suivante : <https://www.pwc.com/us/en/services/consulting/library/consumer-intelligence-series/consumer-video-streaming-behavior.html> ou en pdf à l'adresse suivante : <https://www.pwc.com/us/en/services/consulting/library/pdf/consumer-video-streaming-behavior.pdf>


dimanche 20 décembre 2020

Google annonce la fin de sa plateforme d’hébergement d’objets 3D Google Poly

Google à annoncé le 2 décembre dernier dans un e-mail auprès des utilisateurs de Poly qu’elle allait fermer la plateforme de stockage et de création d’objets 3D l’année prochaine, se désengageant toujours un peu plus du secteur de la réalité augmentée et de la réalité virtuelle. Le service s’arrêtera le 30 juin 2021 et les utilisateurs ne pourront plus télécharger de modèles 3D depuis la plateforme à partir du 30 avril 2021.

Lancée en 2017, Google Poly a été présentée comme un outil de création 3D optimisé pour la réalité virtuelle. Les utilisateurs peuvent facilement y créer, avec des outils de RV, des objets « low-poly » : des images 3D avec un nombre relativement faible de polygones. Le logiciel à été conçu pour être un moyen « léger » de créer et d’afficher des ressources 3D, de les partager depuis un navigateur web, et de les mettre à disposition d’une communauté pour être ensuite utilisées dans des applications, des sites web ou des jeux. Google Poly fonctionnait comme une bibliothèque dans laquelle était conservée des milliers d’objets 3D. [1]

Google n’a pas donné d’explications précises sur cette fermeture, mais a cependant déclaré que celle-ci entrait dans un plan visant à déplacer leurs ressources et investissements vers des expériences de réalité augmentée utiles telles que Google Lens, la recherche d’itinéraire de Google Maps, ou encore la navigation interactive proposée par Google Search. Google a déjà arrêté la plupart de ses jeux de réalité augmentée et virtuelle, notamment sa plateforme de RV Daydream. [2]

Cette disparition laisse toute la place à Sketchfab, entreprise française basée à New York et déjà leader sur le marché. Sketchlab permet de visualiser rapidement des modèles 3D, et est très prisée dans le secteur du e-commerce. La plateforme permet de télécharger des modèles sous licence Creative Commons (CC) et a annoncé fin novembre avoir atteint le demi-million de modèles gratuits disponibles en ligne.
Sketchfab gère aujourd’hui 30 formats de fichiers différents et affiche clairement sa volonté de toucher le monde de l’entreprise, souhaitant acheter des modèles de haute qualité pour VFX (effets visuels), le développement de jeux, la VR/AR, l’architecture et l’animation. La visionneuse et l’inspecteur de modèle 3D permettes d’examiner chaque maillage et chaque texture avant d’acheter des modèles disponibles avec des licences éditoriales standards. [3]

Google Poly n’est pas le premier produit à être arrêté brutalement par Google au détriment de ses utilisateurs : Chromecast audio, Google+, Google Reader, Goo.gl, Inbox, … sont autant d’exemples de produits ou services fermés par Google, entrainant ainsi une image de défiance auprès des utilisateurs au moment du lancement d’un nouveau produit. [4]

Sources :

[1] BERGOUNHOUX, Julien. La plateforme d’hébergement d’objets 2D Google Poly sera fermée le 30 juin 2021 [En ligne]. Usine-digitale.fr, publié le 3 décembre 2020 [Consulté le 7 décembre 2020]. < https://www.usine-digitale.fr/article/la-plateforme-d-hebergement-d-objets-3d-google-poly-sera-fermee-le-30-juin-2021.N1036194

[2] L, Bastien. Google Poly – Une plateforme de partage d’objets 3D pour Tilt Brush et Blocks [En ligne]. Réalité-virtuelle.com, publié le 2 novembre 2017 [Consulté le 7 décembre 2020]. < https://www.realite-virtuelle.com/google-poly-0211/

[3] BERGOUNHOUX, Julien. Sketchfab lance un mode collaboratif pour travailler en équipe sur des modèles 3D hébergés dans le cloud [En ligne]. Usine-digitale.fr, publié le 12 mai 2020 [Consulté le 7 décembre 2020]. < https://www.usine-digitale.fr/article/sketchfab-lance-un-mode-collaboratif-pour-travailler-en-equipe-sur-des-modeles-3d-heberges-dans-le-cloud.N963441

[4] LAUSSON, Julien. Avec Poly, Google creuse une nouvelle tombe dans son cimetière de services abandonnés [En ligne]. Numerama.com, publié le 3 décembre 2020[Consulté le 7 décembre 2020]. < https://www.numerama.com/tech/673456-avec-poly-google-creuse-une-nouvelle-tombe-dans-son-cimetiere-de-services-abandonnes.html

samedi 19 décembre 2020

Supercalculateur : l'as des données à la traque du Covid-19

S'inscrivant dans la stratégie édictée par les Autorités sanitaires sénégalaises de lutter contre la pandémie mondiale actuelle, une équipe de chercheurs de l'Université Virtuelle du Sénégal (UVS) [1] a donc décidé de mettre à contribution l'outil informatique big data présent dans les locaux du Centre National de Calcul Scientifique (CNCS) situé au cœur de la cité de Diaminadio.

Doté depuis juin 2019 de son méga ordinateur, le Sénégal via son université virtuelle tend à apporter sa pierre à l'édifice dans la bataille contre la Covid-19.

En effet, l'acquisition par le pays du supercalculateur BullSequana X800 (SC) [2] auprès du leader mondial de la transformation digitale ATOS [3]; correspond à l'axe II "Capital humain, protection sociale et développement humain" qui inclut le volet "Education et formation" (relatif au développement des TIC et de l'université virtuelle) du Plan Sénégal Emergent (PSE) [4] visant à une refonte du paysage national.

Par le biais de cet outil, les chercheurs du Pôle Innovation et Expertise pour le Développement (PIED) ont ainsi pu exploiter via la plateforme [5] et l'expertise mise à disposition par Atos, le modèle théorique qu'ils avaient créés afin de simuler les différents scénarios de propagation du virus malgré les mesures préventives mises en place (port du masque et distanciation sanitaire requis). [6]

Pour ce faire, les chercheurs du PIED ont donc testés un algorithme mathématique modélisant la propagation du virus qu'ils ont par la suite paramétré en sectorisant par tranche d'âge et en fusionnant les données territoriales. L'objectif étant d'obtenir une meilleure visibilité des disparités en fonction des régions.

Grâce à BullSequana X800 (SC), il sera désormais possible d'exploiter d'énormes volumes de données en très peu de temps via des simulations de propagation et l'analyse d'éventuelles solutions.

Reste à savoir si l'un des symboles de modernité et de puissante économique "big data" que représentent les supercalculateurs, permettront dans un futur proche de contribuer à l'éradication de ce fléau planétaire et éventuellement d'en prévenir d'autres.


Sources

[1] Université Virtuelle du Sénégal (UVS). Disponible en ligne : [consulté le 01/12/20] <https://www.uvs.sn/>

[2] Supercalculateur BullSequana X800 (SC). Disponible en ligne : [consulté le 01/12/20] <https://atos.net/en/solutions/high-performance-computing-hpc/bullsequana-x-supercomputers#bullsequana-x800-series>

[3] ATOS. Disponible en ligne : [consulté le 01/12/20]  <https://atos.net/fr/2020/communiques-de-presse_2020_11_26/luniversite-virtuelle-du-senegal-utilise-le-supercalculateur-bullsequana-datos-base-sur-des-processeurs-intel-pour-evaluer-limpact-des-mesures-de-confinement-liees-au-covid-19>

[4] Plan Sénégal Emergent (PSE). Site du gouvernement du Sénégal, Février 2014, p.77-79. Disponible en ligne : [consulté le 01/12/20] <https://www.sec.gouv.sn/sites/default/files/Plan%20Senegal%20Emergent_0.pdf> repris dans le PSE Plan d'Actions Prioritaires 2019-2023. FAOLEX Database, Décembre 2018, p.28-30. Disponible en ligne : [consulté le 01/12/20] <http://extwprlegs1.fao.org/docs/pdf/Sen188171.pdf>

[5] Centre d'excellence mondial pour l'informatique haute performance (HPC), l'intelligence artificielle (IA), le quantique et les sciences de la vie. Disponible en ligne : [consulté le 01/12/20] <https://atos.net/fr/2020/communiques-de-presse_2020_07_08/atos-cree-un-centre-dexcellence-dans-le-domaine-des-sciences-de-la-vie-pour-soutenir-les-chercheurs-du-monde-entier>

[6] JULLIEN, Vincent. Covid-19, remarques sur un épisode scientifique contemporain, dans Ce que peuvent les sciences. Une enquête, sous la direction de Jullien Vincent. Paris, Editions Matériologiques, "Sciences & philosophie", 2020, p.287-297. Disponible en ligne. Publié sur cairn.info le 16/07/20. [consulté le 16/12/20] <https://www.cairn.info/ce-que-peuvent-les-sciences--9782373612417-page-287.htm>

Partie 1 : Levée de Bouclier face à l'hébergement par Microsoft du Health Data Hub

 

https://www.accessnow.org/the-eu-commission-should-strike-down-the-eu-us-privacy-shield-here-is-why/
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Mis en service le 2 décembre 2019, le Health Data Hub (HDH) est la nouvelle plateforme numérique des données médico-administratives françaises. Le 16 juillet 2020, un accord de confiance entre l'Union européenne et les États-Unis est révoqué, le "Privacy Shield" ou "bouclier de protection des données". Or, le Health Data Hub, est hébergé par Microsoft, une entreprise américaine soumise au droit fédéral des États-Unis. A la suite de cette décision,  la place de Microsoft est en question, l'interrogation sur la sécurité des données demeure et une clarification s'impose.

Le  14 octobre 2020, Conseil d’État appelé à juger sur le maintient du Health Data Hub, notait que "la Plateforme des données de santé et Microsoft se sont engagés, par contrat, à refuser tout transfert de données de santé en dehors de l'Union européenne"[1]. Le Conseil d’État a alors suggéré qu'en l'absence "d'illégalité grave et manifeste qui justifierait une suspension immédiate de la plateforme", Microsoft reste en charge de l’hébergement du Health Data Hub. Il rajoute pourtant que cela sera : "dans l'attente d'une solution qui permettra d'éliminer tout risque d'accès aux données personnelles par les autorités américaines."

Le risque de transfert des données vers les États-Unis n'est pas un élément nouveau à la connaissance des pouvoirs publics. La loi américaine en question, le "CLOUD Act" date de mars 2018[2]. Cette loi, "Clarifying Lawful Overseas Use of Data", donne la capacité au gouvernement fédéral  d'accéder aux données des clients de toute entreprise américaine. Elle est conçue comme une loi anti-terrorisme et anti-corruption visant à garantir la sécurité de l’État américain.  Nouveau jalon, elle vient s’inscrire en filiation intellectuelle deux lois qui la précèdent. La première, le Foreign Corrupt Practice Act de 1977, qui autorise le gouvernement américain à avoir accès aux données commerciales des entreprises américaines sur son territoire et à l'étranger [3]. La seconde, est le USA Patriot Act du 26 octobre 2001, une réponse immédiate aux attentats du World Trade Center. Celle-ci autorise le gouvernement fédéral américain à utiliser tous les outils jugés appropriés pour avoir accès aux données d'une personne privée ou morale, qu'elle se trouve sur le territoire américain ou non [4].

Coté européen, le Privacy Shield date, lui, du 12 juillet 2016 et définit les conditions de transferts des états membres de l'Union européenne vers des états tiers [5]. L'article 25 de ce décret pose les bases de ces échanges de données. Il y est établit que l'état tiers devra pouvoir garantir la protection des données et des droits de l'individu citoyen des état membres de l'Union. Mais aussi que ces échanges de données se feront dans le respect des lois commerciales et nationales en vigueur dans ce pays tiers. Dans cette même section, il est rappelé la décision 2000/520/CE ou "Safe Harbour Privacy Principles" [6] qui doit garantir un "niveau adéquat de protection pour les données personnelles transférées à partir de l'Union européenne à destination d'organisations établies aux États-Unis" [traduit de l'anglais]. 

Ces éléments définissent les contraintes sur les entreprises étrangères américaines et leurs obligations vis-à-vis de l'Union européenne. Pour comprendre la décision de la CJUE, quatre ans plus tard, il est important de savoir qu'elle est la conséquence des "Affaires Schems I & II" [7]. En 2011, Maximilien Schrems, un militant-activiste autrichien, demande à Facebook l'accès à ses données personnelles . Il se rend alors compte que l'utilisation qui en est faite dépasse le cadre prévu par la réglementation européenne : les données qu'il a supprimées ont été conservées par l'entreprise américaine, ici située en Irlande. Leur transfert vers les États-Unis n'est pas exclu. C'est pour cela qu'il déposera un plainte et poursuivra ensuite son action jusqu'à l'audience du 25 mars 2015 à la Cour de Justice de l'Union Européenne (CJUE), qui décidera de l'invalidation du Safe Harbour. La décision de la CJUE en juillet 2020 est le deuxième volet de l'affaire Schrems, qui conduit à l'invalidation du Privacy Shield :le dispositif qui devait suppléer au Safe Harbour. Pour l'Union européenne, ce sont les manquements à la protection des données privées qui ont conduit à cette décision.

Le Health Data Hub est donc soumis à ces tensions juridiques internationales puisqu'il est hébergé par une entreprise américaine. Microsoft présente ses engagements vis-à-vis de la gestion des données de leurs clients dans une section de leur documentation intitulée "Data Law" [11]. Il y est précisé que Microsoft ne communique pas directement avec les instances gouvernementales américaines ou des pays où ses filiales sont implantées. Microsoft mentionne plus bas  "nous fournissons les données utilisateur que lorsque nous recevons une ordonnance exécutoire ou une assignation."[traduit de l'anglais], ce qui constitue peut-être la limite de la protection légale que l'entreprise peut s'engager à offrir.

Ces dispositions prises en réaction aux risques d'application du CLOUD Act, ont certainement jouées en faveur du maintient de l'hébergement du Health Data Hub par Microsoft. Mais si la décision rendue par le Conseil prend le contre pied, il ne s'agit pas d'un retournement de la situation pour autant [12]. Ce sont en revanche les risques de transferts et de non-respect des clauses de la loi sur le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) du 27 avril 2016 qui ont catalysé cette situation [13]. Le RPGD encadre les bonnes pratiques sur la manipulation des données personnelles au sein de l'Union européenne. Il est précisé dans l'article 3 que "[l]es sociétés non européennes sont également soumises au règlement [RGPD] dès qu'elles ciblent les résidents de l'UE par le profilage ou proposent des biens et des services à des résidents européens". C'est en définitive cela qui a conduit la CJUE à rendre sa décision sur l'inadéquation du RGPD avec le Privacy Shield [14].

 

Références bibliographiques :

[1] Conseil d'État. "Health Data Hub et protection de données personnelles : des précautions doivent êtres prises dans l'attente d'une solution pérenne". Décision contentieuse. conseil-etat.fr Publié le 14/10/2020. [En ligne]. Consulté le 16/10/2020.Disponible à l'adresse : <https://www.conseil-etat.fr/actualites/actualites/health-data-hub-et-protection-de-donnees-personnelles-des-precautions-doivent-etre-prises-dans-l-attente-d-une-solution-perenne>

[2] Congressional Research Service. H.R.4993. "Clarifying Lawful Overseas Use of Data or the CLOUD Act." congress.gov Publié le 02/06/2018. [En ligne]. Consulté le 23/10/2020.Disponible à l'adresse : <https://www.congress.gov/bill/115th-congress/house-bill/4943>

[3] 95th United States Congress. 91 STAT. 1494  L95-213 [S.305] "Foreign Corrupt Practices Act of 1977" uslaw.link Publié le 19/12/1977.Consulté le 23/10/2020 PDF disponible à l'adresse : < https://www.govinfo.gov/link/statute/91/1494?link-type=pdf>

[4] 107th United States Congress. H.R.3162. L357-66. Uniting and Strengthening America by Providing Appropriate Tools Required to Intercept and Obstruct Terrorim (USA PATRIOT ACT) Act of 2001. congress.gov Publié le 23/10/2001. [En ligne] Consulté le 23/11/2020. Disponible à l'adresse : <https://www.congress.gov/bill/107th-congress/house-bill/3162>

[5] JOUE.n°L207-1 2016/1250/CE- Directive 65/46/EC of the European Paliament and the Council on the adequacy of the protection provided by the EU-U.S. Privacy Shield. (notified under document C(2016) 4176). eur-lex.europa.eu Publié le 01/08/2016. (En ligne) Consulté le 23/11/2020. Disponible à l'adresse : <https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TX/?uri=uriserv%3AOJ.L_.2016.207.01.0001.01.ENG>

[6] JOUE. n°L215 - 2000/520/CE : Décision de la Commission du 26 juillet 2000 conformément à la directive 95/46/CE du Parlement européen et du conseil, relative à la pertienence de la protection assurée par les principes de la "sphère de sécurité" et par les questions souvent posées y afférentes, publiées par le ministère du commerce des États-Unis d'Amérique [notifiée sous le numéro C(2000)2441] (Texte présentant de l'intérêt pour l'EEE). eur-lex.europa.eu Publié le 25/08/2000. [En ligne] Disponible à l'adresse : <https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=CELEX%3A32000D0520>

[7]European Data Protection Board- Foire aux questions sur l'arrêt rendu par la Cour de justice de l'Union européenne dans l'affaire C-311 - Data Protection Comissioner contre Facebook Ireland Ltd et Maximilian Schrems. edpb.europa.eu Publié le 24 Juillet 2020. [En ligne] Disponible à l'adresse : <https://edpb.europa.eu/our-work-tools/our-documents/ohrajn/frequently-asked-questions-judgment-court-justice-european-union_fr>

[8] Microsoft. Data Law "About our practices and your data" blogs.microsoft.com [En ligne] Consulté le 11/11/2020. Disponible à l'adresse : <https://blogs.microsoft.com/datalaw/our-practices/>

[9] Le Monde. Collectif. "L'exploitation de données de santé sur une plate-forme de Microsoft expose à des risques multiples" lemonde.fr Publié le 10/12/2019 [En ligne]. Consulté le 25/11/2020. Disponible à l'adresse : <https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/12/10/l-exploitation-de-donnees-de-sante-sur-une-plate-forme-de-microsoft-expose-a-des-risques-multiples_6022274_3232.html

[13] JOUE. Règlement UE 2016-679 du Parlement européen et du conseil de l'Union Européenne relatif à la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel et à la libre circulation de ces données-version consolidée. eur-lex.europa.eu Publié le 04/05/2016 [En ligne]. Disponible à l'adresse :<http://data.europa.eu/eli/reg/2016/679/oj>

[14] Cour de Justice de l'Union Européenne. C-311/18 The Court of Justice Invalidates Decision 2016/1250 on the adequacy of the protection provided by the EU-US Data Protection Shield. curia.europa.eu Publié le 16/07/2020 [Téléchargement] Disponible à l'adresse : <https://curia.europia.eu/jcms/upload/docs/application/pdf/2020-07/cp200091en.pdf>

vendredi 18 décembre 2020

La signature électronique : une aubaine pour les entreprises

A l'aune de la dématérialisation des documents, la signature électronique est devenue un élément fort important pour les entreprises du fait de ses enjeux commerciaux et sécuritaires. Car elle représente un véritable avantage dans la gestion des entreprises, tant par la souplesse qu'elle offre dans les procédures que par la gouvernance des documents. Avec la Covid-19, de nombreuses entreprises ont mis en place le télétravail et ont besoin de la signature électronique pour survivre.[4]

En quoi consiste la signature électronique ?

Depuis 2001, les entreprises publiques et privées ont la possibilité de faire ce qu'on appelle la dématérialisation des documents dans le cadre de leurs activités voire de leurs échanges avec des clients. Elle donne une valeur légale à des documents lors de certains échanges mais aussi de validation sur internet. Ceci étant dit, elle a de facto la même valeur légale qu'une signature papier. Sous ce rapport, la signature électronique peut-être considérée comme un atout indispensable pour les entreprises en cas de contentieux. Par ailleurs, elle permet aux entreprises de gagner en efficacité et de gagner un temps précieux.[2]

La signature électronique et ses enjeux commerciaux 

L'adoption de la signature électronique dans le cadre commercial peut-être une aubaine pour les entreprises. Car elle peut propulser les ventes, mieux elle peut donner un souffle nouveau à l'image de marque des entreprises. Par ailleurs, le fait d'utiliser la signature électronique, les entreprises peuvent satisfaire convenablement les besoins de la clientèle. Par ailleurs, elle peut faciliter le travail des commerciaux lors de la validation des devis et des bons de commande.[3] 

La signature électronique, un outil de sécurité pour les entreprises

De par son mode de fonctionnement, la signature électronique offre beaucoup de possibilités en terme de sécurité pour les entreprises surtout en ces temps de télétravail presque généralisé.[2] Elle permet aux entreprises de mieux sécuriser les dossiers sensibles. En outre, les entreprises peuvent s'en servir pour prouver l'intégrité des dossiers signés sur la durée et identifier les personnes signataires souvent causés par un manque de pièce justificative ou via l'horodatage de la souscription. Par ailleurs, elle permet d'apporter son consentement à des documents numériques en toute sécurité.

En somme, la mise en place de la signature électronique est une aubaine pour les entreprises. Car elle est un outil fiable dans la mesure où elle facilite la connexion entre les entreprises et ses collaborateurs dans plusieurs aspects. 

 

Sources : 

[1] De Bellefonds, Xavier Linant. Preuve et signature électronique : Dans le droit du commerce électronique, 2005, p85-109. En ligne sur Revues et ouvrages en sciences humaines et sociales | Cairn.info. Publié le 01/03/2010 .Consulté le 06/12/2020 . Disponible sur Preuve et signature électroniques | Cairn.info


[2] Le Point. Signature électronique : pourquoi elle devient incontournable. Publié le 02/04/2020. En ligne sur Le Point.fr . Consulté le 06/12/2020 . Disponible sur Signature électronique : pourquoi elle devient incontournable - Le Point 

 

[3] Docaposte. Pourquoi adopter la signature électronique. Publié le 01/07/2019. En ligne sur Le Blog Docaposte. Consulté le 06/12/2020 . Disponible sur Pourquoi adopter la signature électronique ? - Blog DOCAPOSTE 

[4] OUDNI, Sabrina. Comment la signature électronique vous aide pendant le télétravail. Publié le 14/10/2020. Consulté le 15/12/2020. Disponible sur Signature électronique des documents pendant le télétravail - Factorial


Le dépôt légal des podcasts : vers une adaptation de la réglementation ?

Disponibles à la demande, ils vous parlent au creux de l’oreille : les podcasts confirment leur succès croissant. Data.gouv.fr, la plateforme ouverte des données publiques françaises, met à disposition depuis début novembre le premier jeu de données officiel référençant les podcasts français archivés par l’Institut National de l’Audiovisuel. [1] Cette collecte, réalisée dans le cadre du dépôt légal, illustre un besoin de clarification juridique du code du patrimoine.

Ces dernières années, le podcast a transformé l’offre radio. Selon une mesure réalisée par Médiamétrie, plus de 99 millions d’écoute de podcasts ont été réalisées au mois de juin 2020 ! [2] Basé sur le mode de consommation « A la demande », l’auditeur peut choisir de l’écouter facilement à tout moment, en tout lieu et sur tout support. Sans recours nécessaire à l’écran, le podcast stimule l’imaginaire de l’auditeur, tout en lui permettant d’être libre de réaliser d’autres tâches pendant son écoute. Les genres de podcasts sont multiples (information, fiction, documentaire…).[3] Les auditeurs privilégient les thématiques centrées autour de l’actualité et du divertissement.[2]

Original ou natif ?             

A l’origine, le podcast correspond à une nouvelle mise à disposition pour écoute d’une émission diffusée à la radio. 

Apparu depuis quelques années, le podcast natif est une offre de contenu ne faisant, quant à elle,  pas l’objet d’une diffusion préalable à la radio. De nombreux éditeurs privés tels que des producteurs ou des plateformes dédiées créent et publient des podcasts natifs. [4] 

A ce jour, les podcasts originaux sont encore les plus écoutés mais la part d’écoute des podcasts natifs évolue de manière rapide et significative. Le podcast natif est plébiscité par un public jeune (composé aux deux tiers de personnes de moins de 35 ans). [2]

Un jeu de données inédit

Le jeu de données publié par l’Institut National de l’Audiovisuel recense près de 5300 « émissions » de podcasts. Mais ce sont bien tous les épisodes des podcasts correspondants qui sont collectés de manière détaillée. Cette collecte est très récente puisqu’elle n’a commencé qu’en 2020. [1]  Ce jeu exhaustif est donc le premier du genre mis à disposition. 

Quel est le périmètre de cette collecte qui est réalisée dans le cadre du dépôt légal ? Les podcasts originaux ? Les natifs ? Ou les deux ?

Le dépôt légal des podcasts : une ambiguïté à lever

La mémoire du patrimoine audionumérique est conservée grâce au dépôt légal, qui concerne tout document diffusé au public.[4] Sur le territoire français, trois organismes gèrent le dépôt légal : la Bibliothèque Nationale de France (BnF), l’Institut National de l’Audiovisuel (INA) et le CNC (Centre National du Cinéma et de l’image animée). [5]

Le dépôt légal du web audiovisuel a été instauré par la loi DAVSI (Droits d’auteur et droits voisins dans la société de l’information) de 2006 et a été confié à l’INA, qui à ce jour réalise la collecte de plus de 15300 sites. [1] [6]

Sur un plan juridique, les podcasts originaux et natifs sont traités dans deux catégories distinctes et relèvent de deux organismes différents [4] :

  • Les podcasts originaux étant des documents sonores diffusés par les services de radio, leur dépôt légal est géré par l’Institut National de l’Audiovisuel (Article R132-34 du Code du patrimoine [7]) ;
  • Les podcasts natifs étant des « contenus faisant l’objet d’une communication au public par voie électronique », leur dépôt légal est confié à la Bibliothèque nationale de France (Article R132-23 du Code du patrimoine [7]). 

Au regard de ces définitions, le jeu de données de l’INA ne référence que des podcasts originaux. 

Or, le rapport Hurard [4], qui dresse un état des lieux de l’écosystème de la création audionumérique et tout particulièrement des podcasts, souligne une ambiguïté. Dans les faits, il s’avère que l’Institut National de l’Audiovisuel réalise une collecte des podcasts plus large que ses attributions officielles car elle référence également les podcasts natifs. 

Pour appréhender l’éventail des informations fournies par l’INA dans le jeu de données publié récemment, il ne convient donc pas de se baser sur l’application du code du Patrimoine, mais sur les règles d’usage en cours. Ainsi le jeu de données publié par l’INA contient tout type de podcasts : originaux et natifs, publics ou privés. 

Une évolution du code du patrimoine semble nécessaire pour inscrire cette règle d’usage dans la réglementation afin de l'adapter au dépôt légal des podcasts natifs. [4] 


Sources :

[1] Data.gouv.fr. Podcasts français [En ligne]. Data.gouv.fr, Publié le 09 novembre 2020 [Consulté le 24 novembre 2020]. < https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/podcasts-francais >

[2] OSMANIAN MOLINERO, Laure. Le podcast, un format à fort potentiel [En ligne]. Mediametrie.fr, Publié le 16 septembre 2020 [Consulté le 26 novembre 2020]. < https://www.mediametrie.fr/fr/le-podcast-un-format-fort-potentiel >

[3] BOUTON, Rémi. Podcast : le grand retour du son. Nectart, 2020/1, n° 10, p.96-103. Disponible en ligne : [Consulté le 24 novembre 2020]. < https://www.cairn.info/revue-nectart-2020-1-page-96.htm >  

[4] HURARD, François., PHOYU-YEDID, Nicole. L’écosystème de l’audio à la demande (« Podcasts ») : enjeux de souveraineté, de régulation et de soutien à la création audionumérique [En ligne]. Ministère de la culture, 19 novembre 2020 [Consulté le 24 novembre 2020]. < https://www.culture.gouv.fr/Espace-documentation/Rapports/L-ecosysteme-de-l-audio-a-la-demande-podcasts-enjeux-de-souverainete-de-regulation-et-de-soutien-a-la-creation-audionumerique >

[5] NEUER, Laurence. A quoi sert le podcast légal ? [En ligne]. Lepoint.fr, Publié le 11 janvier 2020 [Consulté le 26 novembre 2020]. < https://www.lepoint.fr/editos-du-point/laurence-neuer/a-quoi-sert-le-depot-legal-11-01-2020-2357314_56.php >

[6] Inatheque.fr. Les sites web média [En ligne]. Inatheque.fr [Consulté le 02 décembre 2020]. < http://www.inatheque.fr/fonds-audiovisuels/sites-web-media.html >

[7] Legifrance.gouv.fr. Code du patrimoine : Chapitre II : Modalités et organisation du dépôt légal (Articles R-132-1 à R-132-45) [En ligne]. Legifrance.gouv.fr [Consulté le 10 décembre 2020]. < https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006074236/LEGISCTA000024240053/#LEGISCTA000024240053


mercredi 16 décembre 2020

Le projet schéma numérique édition 2020 : La BnF présente via une approche cartographique originale l'évolution de ses services numériques.


Cette fin d'automne voit l'aboutissement du projet schéma numérique 2020 de la BnF démarré début 2019 qui propose sous une carte thématique son actualité, les grands axes stratégiques et la relation qu'entretient la BnF avec le numérique à travers une réflexion collective menée par tous les acteurs au sein de la bibliothèque au cours du projet. 

 

 

Extrait du schéma numérique 2020

Extrait du schéma numérique 2020. Source image : Emmanuelle Bermes Twitter. [1]
 

Vue d'ensemble exhaustive du numérique au sein de la bibliothèque,  ce schéma est depuis 2016 le résultat par la BnF d'une réflexion approfondie entamée les années précédentes. Cette réflexion est articulée autour de 6 axes majoritaires qui évoquent la constitution d'une collection numérique de référence, l'importance de signaler et conserver, proposer des concepts innovants en direction des publics comme Gallica, nourrir le réseau qu'elle s'est constituée avec les partenaires nationaux et internationaux puisqu'elle est devenue au cours des décennies, le médiateur incontournable entre les territoires et entre les cultures. [2]


Il se veut aussi un témoin d'une volonté de rendre compréhensible au plus grand nombre, experts comme profanes, les outils et les processus pour elle et ses partenaires.
Enfin, ce schéma tend à démontrer l'engagement de la BnF d'accompagner l'évolution des techniques inscrite dans la diffusion d'une connaissance évoluant dans le temps vers tous les acteurs de la bibliothèque.

L'édition 2020 fait évoluer ces 6 axes en 10 grands axes qui sont résolument tournés vers le devancement des usages, faire disparaître autant que faire se peut la fracture numérique, le partage, un numérique éthique, des données toujours plus ouvertes, devenir la pierre d'angle du patrimoine numérique au XXIe siècle. [3]

Lors du démarrage en mars 2019 du projet de l'édition 2020, la BnF voulait vraiment que chaque agent puisse s’accaparer cette nouvelle approche cartographique dont le résultat est cette carte à la fois divertissante, joueuse, [4] et qui fait le lien  de manière merveilleusement ludique entre les différents axes évoqués précédemment étant le fond même du projet .


L'expression des besoins  a pris naissance au travers d'entretiens, d' enquêtes diverses vers différents spécialistes, des bibliothécaires, des graphistes, des auteurs-illustrateur etc. Chaque élément graphique a été soigneusement étudié et voulu avec une petite dose d'humour sur leurs formes finales [5]. Ce n'est pas tout, car cette carte est accompagnée d'un jeu de 40 cartes documentaires imprimables, que l'on peut découper et avec lesquelles jouer. [6]


Les deux se complètent et se veulent ouverts sur l'avenir, prêts à accueillir de nouvelles informations et  être une base transversale pour les futurs projets.

Let's play !

 

 Sources : 

[1]  BERMES, Emmanuelle. Aujourd'hui à 15h30, rejoignez-nous pour une visite guidée du tout nouveau tout beau schéma numérique de la BnF.  In Twitter @figoblog. [Publié le 26 novembre 2020]. <https://twitter.com/figoblog/status/1331922516533710848 >

[2] BnF. Le schéma numérique 2016 de la BnF. [En ligne]. Paris : BnF, 2020 [ Consulté le 16 décembre 2020]. <https://www.bnf.fr/fr/schema-numerique-bnf-2016>

[3] BnF. Stratégie et vision. [En ligne]. Paris : BnF, 2020 [Consulté le 16 décembre 2020]. <https://www.bnf.fr/fr/strategie-et-vision>

[4]  BnF. Schéma numérique de la Bibliothèque de France. [En ligne]. [Pdf]. BnF, 2020. [Consulté le 16 décembre 2020].<https://www.bnf.fr/sites/default/files/2020-1/Affiche_cartographie_du_numerique_BnF.pdf>

[5] BnF. Une démarche d'élaboration et une forme inédites, au service de la transformation numérique. [En ligne]. Paris : BnF, 2020 [Consulté le 16 décembre 2020]. <https://www.bnf.fr/fr/une-demarche-delaboration-et-une-forme-inedites-au-service-de-la-transformation-numerique>

[6] BnF. Schéma numérique de la Bibliothèque de France. Version imprimable du jeu de cartes documentaires. [En ligne]. [Pdf]. BnF, 2020. [Consulté le 16 décembre 2020]. <https://www.bnf.fr/sites/default/files/2020-11/Schema_numerique_jeu_de_cartes_documentaires.pdf>

dimanche 13 décembre 2020

Archivage et innovation technologique : l'ADN pourrait-être une solution au stockage des mégadonnées à l'horizon 2040

 Dans une publication aux allures de science-fiction, l'Académie des Technologies annonçait le 15 octobre 2020 les résultats d'un état des lieux sur les progrès et enjeux du stockage des données dans l'ADN. Le rapport est sans appel au regard des différentes recherches en cours dans le domaine : l'ADN serait une solution de loin supérieure à toutes les technologies utilisées actuellement par les acteurs du Big data.  

Stockage des données dans l'ADN humain, de quoi s'agit-il ?

La planète évolue sous l'ère du numérique. Cette situation génère une énorme quantité de données qui, en 2018, selon l'Académie des Technologie, " était de l'ordre de trente-trois mille milliards de milliards de caractères (octets), du même ordre que le nombre estimé de grains de sable sur terre " [1]. C'est dire à quel point il est important voire urgent de trouver des moyens alternatifs plus performants pour stocker cette masse d'informations toujours croissante. 

Depuis quelques années, les recherches qui explorent la piste de l'ADN comme solution se précisent. Le processus, en laboratoire, consiste à encoder et synthétiser l'ADN humain pour repousser ses capacités de stockage. On estime à 750 mégabits, l'équivalent d'un film de moindre qualité, la taille du génome humain (ADN). Grâce à ce travail, on pourrait stocker en théorie dans 1 mm3 d'ADN, un milliard de gigaoctet de données. Chloé HECKETSWEILER décrit un peu plus le processus en ces termes : 

" il s'agit de convertir les données stockées en forme de 0 et de 1 dans un ordinateur en une succession de nucléotides. Ces molécules désignées par A, T, C et G composent l'alphabet de l'ADN : grâce aux progrès spectaculaires de la biologie moléculaire, il est désormais possible de les lire - c'est le séquençage - mais aussi de les écrire - c'est la synthèse " [2]. 

Elle poursuit en faisant référence à Yaniv ERLICH, professeur d'informatique à l'Université Colombia, qui en 2017, s'était amusé à encoder dans des brins d'ADN puis à décoder L'arrivée d'un train à La Ciotat, un film des années 1895. Ainsi, le processus est possible mais il demande davantage de moyens et de recherche pour une application à grande échelle. 

Stockage de données dans l'ADN : Acteurs et  enjeux

  • Acteurs

La concurrence qui existe dans le domaine de la recherche, du développement et de l'innovation met au prise de nombreux acteurs. Mais les États-Unis d'Amérique semblent bien avancés pour ce qui est des travaux de recherches sur l'ADN comme support de stockage des données. Le Massachusetts Institute of Technology (MIT), Harvard et l'entreprise Illumina travaillent actuellement sur une machine capable d'encoder dans une molécule un téraoctet de données - l'équivalent de 250 films - en 24h pour un coût maximal de 1 000 dollars (902 euros) [3]

L'intelligence Advanced Research Projtects Activity (IARPA) a investi 48 millions de dollars dans ce projet. L'Europe n'est pas en reste dans cette aventure avec la participation de l'entreprise française DNA Script qui a réussi aux cotés de Microsoft et la biotech Twist Bioscience, à décrocher une partie du financement américain. [4]

  • Enjeux

 La capacité de stockage semble être le principal argument avancé par ceux qui soutiennent les énormes investissements qui sont faits dans ce domaine. L'humanité pourrait bénéficier, à l'issue de ces recherches, d'une technologie sans pareille. Selon Tomas YBERT " cela permettrait de stocker toute la production informatique annuelle du monde dans un coffre de voiture, il est clair que de nombreux enjeux gravitent autour de ces recherches sur l'ADN comme support de stockage des données " [5]. 

 D'un autre coté, conservé à bonne température, l'ADN a contrario des autres supports traditionnels utilisés jusqu'ici, a une durée de vie de l'ordre du millénaire. Ce qui réduit significativement tout risque d'obsolescence qui caractérise les supports actuels. 

Les écologistes seraient eux aussi enthousiasmés par l'aboutissement de ce projet quand on estime à un stade de foot la superficie d'un data center et il en aurait des milliers dans le monde.  Nombre sans cesse croissant du fait de l'obligation des géants d'internet de multiplier les data centers pour faire face à la crise de stockage qui sévit actuellement [6]. Et l'ADN ne nécessitant pas d'énergie, la consommation mondiale diminuerait de manière considérable. 

Malgré quelques appréhensions qui subsistent encore chez certaines personnes au sujet de la mise en place de cette nouvelle technologie, l'humanité semble nourrir beaucoup d'espoir dans cette promesse scientifique. En attendant 2040 pour être fixé, continuons à observer de près cette actualité.

 

Références bibliographiques : 

[1] VIGINIER Pascal, Archiver les méga données au-delà de 2040 : la piste de l'ADN, Paris, Académie des Technologie  [en ligne], consulté le 25/11/2020 : https://www.academie-technologies.fr/blog/categories/publications-de-l-academie/posts/archiver-les-megadonnees-au-dela-de-2040-la-piste-de-l-adn

[2] HECKETSWEILER Chloé, Le gouvernement américain investit dans le stockage de données dans l'ADN, Paris, Le Monde [en ligne], consulté le 29/11/2020 : https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/01/22/le-gouvernement-americain-investit-dans-le-stockage-de-donnees-dans-l-adn_6026763_3234.html 

[3] Ibid.

[4] HOUZELLE Chantal, DNA Script mise sur le stockage des dponnées dans l'ADN à dix ans, Paris, Les Echos [en ligne], consulté le 30/11/2020 : https://www.lesechos.fr/pme-regions/innovateurs/dna-script-mise-le-stockage-des-donnees-dans-ladn-a-dix-ans-1164638

[5] DESMICHELLE Stéphane, L'ADN, une piste sérieuse pour stocker nos milliards de données, Paris, Sciences et Avenir [en ligne], consulté le 29/11/2020 : https://www.sciencesetavenir.fr/fondamental/l-adn-une-piste-serieuse-pour-stocker-nos-milliards-de-donnees_113820 

[6] KOPPE Martin, Stockage de données : les promesses de l'ADN synthétique, Paris, LE Journal CNRS,https://lejournal.cnrs.fr/articles/stockage-de-donnees-les-promesses-de-ladn-synthetique 

      LEMKE Coralie, Peut-on vraiment stocker des données dans l'ADN ?, Paris, Sciences et Avenir [en ligne], consulté le 30/11/2020 : https://www.sciencesetavenir.fr/fondamental/l-adn-une-piste-serieuse-pour-stocker-nos-milliards-de-donnees_113820