mercredi 25 octobre 2017

Les métadonnées des bibliothèques : actrices majeures du Web de données ?

En bibliothèque à un niveau international, des changements profonds s'opèrent au sujet du catalogage. En effet, pour valoriser leurs ressources auprès des internautes, les bibliothèques doivent prendre le train du Web sémantique !

 

 La généralisation des catalogues en ligne s'est développée dans les années 1990 et dès 98, l'IFLA The International Federation of Library Associations and Institutions, a créé les modèles de métadonnées FRBR, FRAD et FRAD [1], à l'attention de toute bibliothèque pour la description de ses notices bibliographiques.

Dernièrement, en août 2017, l'"IFLA LRM" : Library Reference Model (ou modèle de référence pour les bibliothèques), qui est issu de la fusion des trois anciens standards, a été adopté par toute la communauté professionnelle internationale.

Il s'agit donc à présent d'un modèle unique et conceptuel de données bibliographiques, qui s'apparente à une architecture de catalogues, repensée en fonction des attentes des usagers. C'est un modèle puissant qui permet aux ressources de leur garantir : visibilité, référencement, interopérabilité, fiabilité et souplesse de réutilisation par les internautes.
 
Cependant, pour compléter cet outil afin qu'il soit efficient et compatible avec le web de données et les standards du W3C [2], il manque un élément crucial qui est un code de catalogage unique, à vocation internationale. En effet, la finalisation et la publication du RDA-FR (Transposition française de RDA [3]) est prévue et constitue le grand projet de l'année 2018 !

Pour en savoir davantage sur ces nouveautés technologiques essentielles pour le développement des bibliothèques numériques, n'oubliez pas de vous inscrire dès maintenant à la journée professionnelle:

 "Métadonnées en bibliothèques : attention, travaux !
Des chantiers de la Transition bibliographique"

Mardi 14 novembre 2017 de 9h à 17h30
BnF, site François-Mitterrand, Grand auditorium


Sans attendre la publication de l’intégralité des règles RDA-FR ou la mise à disposition de données entièrement FRBRisées, les bibliothèques peuvent dès aujourd’hui engager certains chantiers. Organisée par le groupe « Systèmes & Données », cette journée souhaite apporter des réponses pragmatiques et concrètes aux interrogations sur la Transition bibliographique sous l’angle de l’informatique documentaire

Sources :
TRANSITION BIBLIOGRAPHIQUE. La transition bibliographique en France [en ligne]. Paris: 2017 [consulté le 25/010/2017].  https://www.transition-bibliographique.fr/enjeux/position-francaise-rda/

TRANSITION BIBLIOGRAPHIQUE. La transition bibliographique en France [en ligne]. Paris: 2017 [consulté le 25/010/2017]. https://www.transition-bibliographique.fr/17-09-20-journee-professionnelle-metadonnees-bibliotheques-attention-travaux-14-11-2017/

ARABESQUES numéro 87. Numéro spécial consacré à la Transition bibliographique [en ligne].ABES. Paris: ABES , mensuel [en ligne]. Paris, 2017 [consulté le 25/10/2017].  http://www.abes.fr/Publications-Evenements/Arabesques/Arabesques-n-87

BNF. La transition numérique à la Bnf [en ligne]. Paris, 2017 [consulté le 25/10/2018] http://www.bnf.fr/fr/professionnels/catalogage_pratiques_bnf/a.transition_bibliographique_bnf.html

Internet des Objets : quand l'engouement suscite régulation et contrôle

L'IOT (Internet Of Things, Internet des Objets), représente l'ensemble des objets connectés à des réseaux personnels ou professionnels communiquant vers divers services sur Internet. Ces objets, issus de l'association de la domotique et d'internet, permettent entre autre, de capter des données de santé ou climatologiques. Ils peuvent analyser le sommeil d'un usager, contrôler la température d'un appartement ou rendre une voiture autonome.

Selon Gartner, plus de 20 milliards d'objets connectés seront utilisés dans le monde en 2020¹. 
Les startups françaises du métier, reconnues à l'internationale, commercialisent ces objets dans le monde entier. Ainsi, à l'espace Eureka Park dédié aux startups de la 50ème édition du CES 2017 de Las Vegas, la France, représentait la seconde délégation, juste derrière les Etats-Unis².

Ces objets, rapidement développés afin de satisfaire une appétence grandissante du marché, présentent cependant des risques de compromission³. Ainsi, lors de la conférence Defcon 2016, des hackers ont simulé la compromission d'un thermostat connecté³. Il est aussi question de l'usage de données collectées par les objets connectés vers le cloud⁴.

Afin de répondre à l'ensemble de ces problématiques, diverses parties prenantes étudient et proposent de réguler la protection des données issues des objets connectés, depuis plusieurs années. En juin 2014, Maitre Caroline Laverdet décrivait un panorama du droit des objets connectés⁴. Récemment, La CNIL a publié un pack de conformité dédié aux véhicules connectés⁵ conforme au Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD)⁶. Les 18 et 19 octobre 2017, l'agence Europol a donné une conférence sur la cybersécurité des objets connectés⁷. Jeudi 26 octobre 2017, la commission juridique de l'Acsel se réunit en colloque "Objets connectés, blockchain et robots : un nouveau cadre juridique à inventer" faisant participer plusieurs intervenants issus des milieux juridiques et technologiques⁸. La RGPD apporte de nouvelles réponses juridiques aux enjeux de sécurité des données des objets connectés⁹.

Les industriels s'associent aux Entreprises de Services Numériques afin d'aider les concepteurs d'objets connectés à protéger les données collectées en conformité avec la loi européenne. Les prochains mois devraient voir une mutation des rôles au sein des entreprises, des régulateurs et des certificateurs.


Sources :
¹ VAN DER MEULEN, Rob | Gartner Says 8.4 Billion Connected "Things" Will Be in Use in 2017, Up 31 Percent From 2016
gartner.com | Publié le 7 Février 2017 | Consulté le 25 octobre 2017

² LEMAIRE, Axelle - Secrétaire d’État chargée du Numérique et de l’innovation | La French Tech | La French Tech at CES 2017 - Dossier de Presse - Page 3
lafrenchtech.com | Publié le 2 janvier 2017 | Consulté le 25 octobre 2017

³ RICHARD, Philippe | La sécurité des objets connectés : une menace pour les entreprises
techniques-ingenieur.fr | Publié le 10 août 2017 | Consulté le 25 octobre 2017

⁴ LAVERDET, Caroline - Avocate | LexisNexis | la semaine du praticien en question - N° 670 - Pages 1154 -1155 Les enjeux juridiques de l’Internet des objets
Lexisnexis.fr | Publié le 9 juin 2014 | Consulté le 25 octobre 2017

⁵ CNIL | Véhicules connectés : un pack de conformité pour une utilisation responsable des données
cnil.fr | Publié le 17 octobre 2017 | Consulté le 25 octobre 2017

⁶ CNIL | Règlement européen sur la protection des données : ce qui change pour les professionnels
cnil.fr | Publié le 15 juin 2016 | Consulté le 25 octobre 2017

⁷ Enisa IOT security conference | Conférence du 18 au 19 octobre 2017
europol.europa.eu | Consulté le 25 octobre 2017

⁸ BARBRY, Eric | Cadre Juridique pour les outils de la transformation Digitale | Conférence du 26 octobre 2017
alain-bensoussan.com | Publié le 20 octobre 2017 | Consulté le 25 octobre 2017

⁹ FRANCO, Jean-Michel - Directeur du Marketing Produit à Talend | Objets connectés et GDPR, comment sécuriser le tout-connecté ?
blog.businessdecision.com | Publié le 6 avril 2017 | Consulté le 25 octobre 2017 

lundi 23 octobre 2017

Données personnelles : le nouveau règlement européen en ligne de mire

Comme en témoigne cet article paru récemment dans I2D [1], les données personnelles sont devenues un sujet de préoccupation majeur pour les citoyens, mais aussi pour les entreprises et leurs sous-traitants [2].

A l'occasion du 17è Salon des Assises de la Sécurité et des Systèmes d'Information de Monaco [3], du 11/10/2017 au 14/10/2017, qui a réuni plus de 2500 spécialistes de la cybersécurité, le nouveau règlement européen sur la protection des données personnelles [4] était dans tous les esprits.

Ce dernier, qui doit entrer en vigueur le 25 mai 2018, constitue une véritable avancée pour les citoyens mais un casse-tête pour les entreprises du secteur numérique qui n'ont plus que quelques mois pour se mettre en conformité.

Plus de protection et de transparence :
"Il correspond à la loi informatique et libertés [5] puissance 10", résume Bruno Rasle, délégué général de l'Association Française des Correspondants à la protection des Données à caractère Personnel (AFCDP) [6] et récemment interviewé par le journal "Le Parisien" [7].
Le nouveau règlement va renforcer la notion de consentement : les sociétés devront conserver les preuves de l'approbation de leurs clients pour l'usage de leurs données.

Va apparaître la notion de portabilité: les données personnelles pourront être transférées d'une enseigne à une autre.

Le droit à l'effacement des données va également être renforcé.

Sources:

[1] Chen, Alexandre. Gérer les données personnelles fournies aux applications. I2D. n°55. septembre 2017. consulté le 23/10/2017.


[3] Site Les Assises de la Sécurité. [en ligne]. consulté le 23/10/2017 https://www.lesassisesdelasecurite.com/ 


[5] CNIL. Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée. publié le 31/01/2017. consulté le 23/10/2017

[6] Site Association Française des Correspondants à la protection des Données à caractère Personnel. [en ligne] consulté le 23/10/2017. http://www.afcdp.net/ 

[7] Simon, Cécile. Consommateurs : attention à vos données personnelles !. Le Parisien. publié le 20/10/2017, consulté le 23/10/2017.

Pour aller plus loin: 
Rochelandet, Fabrice. Économie des données personnelles et de la vie privée. Edition La découverte. 2010. [en ligne] http://www.cairn.info/Economie-des-donnees-personnelles-et-de-la-vie-pri--9782707157652.htm

Les musées publics français entrent dans l'ère du big data: lancement du projet Data&Musée

L'entrée des musées publics français dans l'ère du big data a connu un tournant décisif avec le lancement le 27 septembre dernier du projet collaboratif Data&Musée. Il est mené par la société Orpheo, en partenariat avec les écoles TélécomSudParis et ParisTech. Il doit réunir sur une plate-forme unique et ouverte les données des institutions culturelles. Ce projet devrait permettre aux institutions d'élaborer des stratégies de développement, et d'améliorer l'expérience visiteur. (1)

La question de l'utilisation des big data dans les institutions culturelles publiques se pose depuis plusieurs années déjà, mais, selon un des acteurs du "tourisme digital", TOM, elle se heurte encore à un manque de moyens humains et aussi à une résistance d'ordre "moral", car elle est beaucoup reliée, dans les esprits, au monde de l'entreprise.

Des projets ont cependant émergé, à la suite des expériences mises en place par le Dallas Museum of Art et le Musée de la Chasse et de la Nature. Le premier avait en effet créé un programme d'adhésion permettant finalement d'envoyer des mails personnalisés aux visiteurs et le deuxième a installé un livre d'or numérique collectant un nombre d'informations beaucoup plus élevé qu'un livre d'or papier.

La cellule études et marketing de la RMN-Grand Palais a quant à elle mis en place, en 2016, un ambitieux programme de collecte et d'utilisation des données pour mieux connaître et fidéliser les visiteurs.(2)

Le projet Data&Musée, lui, va essentiellement concerner le Centre des Monuments Nationaux et Paris Musées, groupement de 14 musées parisiens. Outre les données "classiques" collectées par les institutions (statistiques de fréquentation par exemple), la mise en place d'un livre d'or intelligent, l'analyse des réseaux sociaux et un système de géolocalisation indoor sont prévus. Ce dernier permettra notamment de visualiser les parcours visiteurs et d'analyser les flux. (1)

Le but étant, à terme, de personnaliser l'expérience visiteur et de  développer des indicateurs de performance des musées, dans un contexte économique difficile et de subventions de plus en plus réduites.

(1) Site EchosDoc, 17 octobre 2017,


Consulté le 23 octobre 2017.

(2) Luczak-Rougeaux, Julia. Data:quels enjeux pour les musées, site TOM, 8 avril 2016,


Consulté le 23 octobre 2017.

(3) Site I'mTech,


Consulté le 23 octobre 2017.





jeudi 19 octobre 2017

Euchronie : une nouvelle moisson pour les ressources autopubliées

Avec l'arrivée du Web 2.0 et la proportion grandissante de contenus générés par les utilisateurs [1] et de l'autopublication, de nouveaux outils se mettent en place afin de les agréger.
Qu'il s'agisse de ressources issues de la recherche "en train de se faire" publiées au sein de carnets de recherche d'Hypothèses [2]  ou bien de travaux de vulgarisation sur les chaînes YouTube, celles-ci peuvent toutes avoir le potentiel de se retrouver sur Euchronie [3].
Cet agrégateur de contenu spécifique aux Sciences Humaines et sociales est accessible au public depuis le 1er Octobre 2017. Son offre se distingue par un nouvel objet de recherche "centraliser toutes les productions de contenus en ligne sur l'histoire" [4], explique Sébastien Poublanc, coordinateur scientifique du projet collaboratif francophone.

L'équipe chargée du projet, ceux que l'on nomme les "moissonneurs", a limité le nombre de ressources du corpus actuel mais qui a pour vocation de s'étoffer au fur et à mesure que d'autres volontaires viendront soutenir le travail d'éditorialisation des contenus. Car c'est une des spécificités majeures de ce projet : qualifier avec des métadonnées la ressource "moissonnée". 
Aujourd'hui, vingt personnes (aux profils pluridisciplinaires, essentiellement des chercheurs) sont chargés de repérer puis indexer des contenus autopubliés qui parfois peuvent s'avérer peu bavards en informations sur leur contexte de création. Précisons qu'un avertissement en bas de la notice descriptive rappelle aux publics visés (autant chercheurs, étudiants et passionnés d'histoire) que la moisson réalisée par l'équipe du projet n'engage pas une approbation scientifique du contenu mais la valeur de la ressource dans la pratique sociale en ligne de l'autopublication sur un sujet spécifique "le passé, ici et maintenant !".
Notes : 

[1] CGU : User-generated content 
[2] Carnets de recherche de CLEO sur OpenEdition. En ligne.http://hypotheses.org/, consulté le 19 octobre 2017.
[3] Site EUCHRONIE. En ligne. http://euchronie.org/, consulté le 19 octobre 2017.
[4] "Euchronie, le passé en ligne", Interview de Sébastien Poublanc par Julia Bellot. En ligne, http://www.lhistoire.fr/euchronie/euchronie-le-pass%C3%A9-en-ligne, consulté le 19 octobre 2017.

Pour aller plus loin : 
"Euchronie : un projet collaboratif francophone inscrit dans les humanités numériques", Digital Librairies & Information Sciences. En ligne. https://dlis.hypotheses.org/1399, consulté le 19 octobre 2017.

Pas de transformation numérique des entreprises sans actions de formation



La transformation numérique a déjà commencé et les entreprises voient dans cette révolution des opportunités de nouveaux marchés, ... de transformation de la relation client ; et surtout une nouvelle manière de créer de la valeur.

Pourtant, certaines entreprises sont encore frileuses et hésitent à se lancer dans cette transformation,  notamment les PME et ETI (1).
Cette inertie est inquiétante quand on sait que les consommateurs ont compris depuis longtemps l'intérêt de cette révolution et s'approprient les us et coutumes du numérique.
Ne risque-t-on pas pour certaines entreprises de voir ces consommateurs s'éloigner un peu plus ? La transformation semble donc inévitable !

Comment prendre le virage de la transformation numérique ?

La transformation numérique exige de nouvelles compétences mais aussi une grande adhésion de la part des collaborateurs de l'entreprise qui manifestent souvent de fortes résistances au changement (2).
Ces déficits peuvent être comblés par une action de formation au sein de l'entreprise afin que cette transformation pénètre toute l’entreprise et conduise à l'acceptation du changement.
Pour cela il faudra revoir les priorités de formation afin d'éviter les inégalités face au digital au sein de l'entreprise (3). Aussi, n'oublions pas que les collaborateurs eux-mêmes sont demandeurs et souhaitent que leur employeur accorde davantage d’importance à la formation dans le domaine des outils numériques (4).

Pour les entreprises, la formation est d’autant plus intéressante à exploiter qu’elle est fortement stimulée par le gouvernement, notamment à travers les différents dispositifs de formation professionnelle continue (5).

L'exemple de La Poste (6) est probant en ce sens. Pour devenir leader des services de proximité, La Poste a bien compris que cela passe par la réussite de sa transformation numérique et pour atteindre son objectif La Poste a déjà délivré sa formation "Tous numériques" à 80 000 postiers, soit les 2/3 d'entre-eux !



Pour en savoir plus sur la transformation numérique et l'accompagnement, rdv à la Conférence CCM Benchmark. L'objectif de cette conférence est de fournir des éléments d'information et de compréhension en termes d'accompagnement des collaborateurs [...] de formation, de travail collaboratif.




(1) Dirigeants de PME et ETI face au digital - BPI france LeLAB <https://www.bpifrance-lelab.fr/Analyses-Reflexions/Les-Travaux-du-Lab/Dirigeants-de-PME-et-ETI-face-au-digital>
(2) (5) Cavazza Frédéric - La formation est l'étincelle de la transformation digitale - FredCavazza.net <https://fredcavazza.net/2017/10/09/la-formation-est-letincelle-de-la-transformation-digitale/?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+fredcavazza+%28FredCavazza.net%29&utm_content=Netvibes>
(3) La Pinta Franck - Transformation digitale : comment les RH peuvent aider l’entreprise ? - http://www.francklapinta.com <http://www.francklapinta.com/transformation-digitale-comment-les-rh-peuvent-aider-lentreprise/>
(4) Déficit de formation aux outils numériques - http://www.collaboratif-info.fr <http://www.collaboratif-info.fr/edito/deficit-de-formation-aux-outils-numeriques>
(6) La transformation numérique de La Poste passe par la formation de 260 000 postiers - Les Echos Entrepreneurs <https://business.lesechos.fr/entrepreneurs/partenaires/viva-technology/partenaire-1112-la-transformation-numerique-de-la-poste-passe-par-la-formation-de-260-000-postiers-310865.php>

mardi 17 octobre 2017

Propos malveillants sur Internet : diffamation ou libre expression ?

Alors que de nombreux internautes profitaient cet été de leur temps libre pour publier leurs photos de vacances et partager leurs avis sur leur destination, s'inscrivant ainsi dans le mouvement mondial du partage facilité par les nouvelles technologies, le Tribunal de Grande Instance (TGI) de Paris s'activait quant à lui pour lutter contre le partage... de propos diffamatoires.
Les commentaires haineux et expressions déplacées sur les réseaux sociaux ou les sites web font l'objet depuis plusieurs années de mesures de protection (modération des commentaires, filtrage, voire suppression totale de la possibilité de commenter...) dont l'efficacité est limitée (1), même si elles permettent la plupart du temps d'éviter la majorité des commentaires passibles de sanctions pénales (insultes raciales ou sexistes, incitation à la haine...). D'ailleurs, la loi a été renforcée sur le sujet avec la publication, le 3 août 2017, d'un décret d'application sur les "provocations, diffamations et injures non publiques présentant un caractère raciste ou discriminatoire" (2).
Il est cependant plus difficile de lutter contre la diffamation, dans la mesure où, selon la loi, est diffamante "toute allégation (...) d'un fait non avéré qui porte atteinte à l'honneur et à la considération d'une personne" (3) : comment, dès lors, être certain que le fait n'est pas avéré, d'une part, et qu'il porte atteinte à l'honneur de la personne, d'autre part ?
Ainsi, un conseiller de l'ancien président François Hollande a vu sa plainte pour diffamation rejetée, début juillet 2017. Pourtant, le Tribunal a bien admis que les propos considérés (publiés sur Facebook) étaient diffamatoires : il a toutefois estimé que la plainte aurait pu porter sur un autre motif (4). Plus récemment, fin septembre, le TGI de Besançon a également débouté une plainte contre des propos tenus sur WhatsApp et par e-mail, car il considérait que le dommage n'était pas prouvé (5).
Au-delà de la question de l'atteinte à l'honneur ou non, une autre raison de voir sa plainte pour diffamation rejetée est sa prescription. La jurisprudence en matière d'Internet était jusque-là peu étoffée, mais une ordonnance du TGI de Paris, confirmée en appel en septembre, s'est appuyée sur le code source du site accusé, ainsi que sur le site d'archivage du web Archive.org, pour prouver la date de publication des propos incriminés et en déclarer ainsi la prescription (6). Malgré une tentative de législation en la matière en 2004 (rejetée par le Conseil constitutionnel), le délai de prescription sur Internet n'est pas encore clairement défini (7). Cette décision récente poussera peut-être le législateur à se pencher sur le sujet ?
Diffamation ou non, la question peut donc se poser... des deux côtés : que vous vous sentiez visé par des propos diffusés sur le web ou que vous ayez peur d'être accusé pour avoir critiqué publiquement quelqu'un. De ce côté néanmoins, certains conseils peuvent être suivis pour éviter de vous retrouver en justice (8) !


(1) SMYRNAIOS Nikos, MARTY Emmanuel. "Profession "nettoyeur du net". De la modération des commentaires sur les sites d'information français". Réseaux, 2017/5 (n°205), p. 57-90. [consulté le 17 octobre 2017] <https://www.cairn.info/revue-reseaux-2017-5-page-57.htm>

(2) VALLAT Thierry. "Renforcement de la répression de la diffamation et des injures racistes et discriminatoires non publiques par le décret du 3 août 2017". In La grande bibliothèque du droit, en ligne [consulté le 17 octobre 2017] <http://www.lagbd.org/index.php/Renforcement_de_la_r%C3%A9pression_de_la_diffamation_et_des_injures_racistes_et_discriminatoires_non_publiques_par_le_d%C3%A9cret_du_3_ao%C3%BBt_2017_(fr)>

(3) Fiche pratique "Diffamation". Site Internet service-public.fr [consulté le 17 octobre 2017] <https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F32079>

(4) LEGALIS. "Diffamation sur Facebook envers un conseiller du président de la République". En ligne [consulté le 17 octobre 2017] <https://www.legalis.net/actualite/diffamation-sur-facebook-envers-un-conseiller-du-president-de-la-republique/>

(5) LEGALIS. "Diffamation sur WhatsApp : pas de référé pour des actes isolés". En ligne [consulté le 17 octobre 2017] <https://www.legalis.net/actualite/diffamation-sur-whatsapp-pas-de-refere-pour-des-actes-isoles/>

(6) LEGALIS. "Diffamation : la date dans le code du site prouve la prescription de l'action". En ligne [consulté le 17 octobre 2017] <https://www.legalis.net/actualite/diffamation-la-date-dans-le-code-du-site-prouve-la-prescription-de-laction/>

(7)  FROCHOT Didier. "Délit de diffamation en ligne : toujours la question du délai de prescription". En ligne sur le site les-infostrateges.com. Publié le 10 octobre 2017 [consulté le 17 octobre 2017] <http://www.les-infostrateges.com/actu/17102443/delit-de-diffamation-en-ligne-toujours-la-question-du-delai-de-prescription>

(8) DIEHL Alexandre. "Quels termes éviter sur un site web sous peine d'être taxé de diffamation ?". Recherche et référencement, n°190, mars 2017. Début de l'article disponible en ligne [consulté le 17 octobre 2017] <http://recherche-referencement.abondance.com/2017/03/quels-termes-eviter-sur-un-site-web.html>

Organisation des connaissances

Connaissances orientées document ou bien connaissances guidées par la requête utilisateur ? 


Récemment, la revue "Knowledge Organization" [1] aborde l'organisation des connaissances. Elle met en avant deux paradigmes qui avancent en parallèle. 
  1. L'un donne la priorité au document. 
  2. Le second à la requête utilisateur. 

D'emblée, l'auteur, Birger HJORLAND, aborde le concept de document ou de "vedette-matière". Il met en avant différentes approches théoriques. Dans un premier temps, il cite les points de vue orientés contenu de Charles Ammi Cutter. Dans un second temps, il cite le point de vue orienté requête utilisateur, prôné par S.R. Ranganathan. Dans un troisième temps, il fait référence au point de vue orienté connaissance du sujet, lequel point de vue est défendu par Patrick Wilson. 

Enfin, Birger HJORLAND souligne une distinction majeure. Pour lui, l'essentiel se trouve entre le point de vue orienté ou guidé par le document et celui guidé par la requête utilisateur.

Le point de vue orienté document voit le sujet comme un élément ou bien un paramètre inhérent au document lui-même. En revanche, le point de vue guidé par la requête utilisateur considère le sujet comme un attribut, une annotation, du document dans le but d'en faciliter l'exploitation et l'usage.

Toujours concernant l'organisation des connaissances, le dixième colloque ISKO [2, 3] réunit un wokshop de 50 chercheurs. En deux mots, il examine les quatre grandes thématiques suivantes :
  1. Les approches épistémologiques, historiques, des humanités numériques.
  2. L’organisation de leur contenu.
  3. L'activité des chercheurs en sciences humaines et sociales.
  4. L'évaluation des systèmes et la prise en compte des utilisateurs.
Pour bien comprendre cette dualité, "connaissances orientées contenu" et "connaissances orientées requête", une étude de la revue "Education for Information" [4], pour explorer les tendances dans l'organisation des connaissances, a sondé soixante-huit écoles à travers le monde : Asie du sud-est, Europe, Amérique du Nord.

Cette revue a procédé à une analyse dite quantitative des descriptions des cours, dans le but d'identifier les enseignements couverts par ces cursus de la Science de l'Information. Les résultats relèvent deux orientations phares : les matières d'organisation des connaissances les plus dispensés sont :
  1. L'organisation de l'information.
  2. Le catalogage.
Ce n'est que par la suite qu'arrivent :
  1. Le contrôle bibliographique.
  2. Les métadonnées.
  3. L'indexation.
  4. La classification.
  5. L'analyse du sujet.
Et arrivent, loin derrière, les connaissances organisées sous forme de :
  1. Taxonomie.
  2. Ontologie.
  3. Thésaurus.
  4. Bibliothèques électroniques.
Enfin, dans la revue "Knowledge Organisation", Richard P. SMIRAGLIA [5] met l'accent sur les méthodes empiriques susceptibles de comprendre l'évolution diachronique de la connaissance. Pour ce faire, il a rassemblé des exemples divers et variés, issus de la recherche en cours.

Dans une première phase, il procède à la description de deux manières afin d'évaluer les Systèmes d'Organisation des Connaissances. Il tente d'analyser comment les systèmes :
  1. modélisent leurs concepts.
  2. sont alimentés avec des objets dits "classifiés et cibles".
Dans une seconde phase, il fournit des exemples de méthodes empiriques :
  1. L'analyse de domaine.
  2. L'ontogénie empirique.
  3. L'analyse de réseau.
Par ces exemples concrets, il démontre la force de l'analyse empirique, et continue, des outils d'organisation des connaissances, comme les classifications et les domaines dans lesquels elles sont utilisées de façon efficace.

Sources :

[1]  HJORLAND, Birger. Reviews of Concepts in Knowledge Organization. Knowledge Organization, 2017, vol. 44, n°1, p.55-64

[2] CHEVRY PEBAYLE, Emmanuelle (dir.). Systèmes d'organisation des connaissances et humanités numériques : actes du 10e colloque ISKO France 2015. Londres: ISTE éditions, 2017. XXVII-338 p.  ISBN : 978-1-78405-214-0 

[3] Les colloques de l'association ISKO France (International Society for Knowledge Organization) :
http://www.isko-france.asso.fr/home/index.php/fr/ ;
Site web consulté le 17 octobre 2017. 

[4] ALAJMI, Bibi, REHMAN, Sajjad ur. Knowledge organization trends in library and information education : assessment and analysis. Education for Information, 2016, vol. 32, n°4, p. 411-420

[5] SMIRAGLIA, Richard P. Empirical methods for knowledge evolution across knowledge organization systems. Knowledge Organization, 2016, vol. 43, n°5, p.351-357