mercredi 26 novembre 2014

Transbook, vers le livre numérique

Aujourd'hui, s'est ouvert le Salon du Livre et de la Presse Jeunesse à Montreuil (SLPJ). Et cette année, il fête ses trente ans ainsi que la naissance de Transbook, un projet de coopération européenne autour de la transition numérique de l'édition jeunesse.

L'édition jeunesse occupe une place significative au sein de l'édition française. En 2013, le secteur du livre pour la jeunesse représentait 61 millions d’euros de chiffre d’affaires, soit 17% de la valeur totale du marché du livre, et 74 millions de volume vendus, soit près de 25% de  l’ensemble des volumes du marché (1). L'Europe voit une opportunité dans l'économique numérique et a décidé d'accompagner des acteurs du secteur à la transition numérique (auteurs, illustrateurs, traducteurs, éditeurs, librairies, bibliothécaires). Le projet rassemble des organisation dans sept pays européens : Europäische Kinder-und Jugendbuchmesse( Allemagne), Art Basics for Children (Belgique), Tantagora (Espagne), Hamel in Culturale Associazione (Italie), Nobrow Ltd (Royaume-Uni) et Literarne informaçné centrum (Slovaquie).

Planifié sur quatre ans, le projet propose différentes actions réparties sur trois axes principaux :
- inciter les acteurs à investir les nouveaux business modèles et modes de création ;
- dynamiser les carrières des créateurs ;
- favoriser l'appropriation de pratiques de médiation innovantes.

Le projet sera inauguré au SLPJ par une conférence le vendredi 28 novembre 2014 concernant les écritures numériques, le jeu vidéo et l'apprentissage. D'autre part, le MÏCE numérique (Marché International et Interprofessionnel de la Création pour Enfants) constitue un moment fort du projet.  Ce marché a pour objectif de favoriser les créations transmédias en organisant la rencontre entre différents acteurs de l'édition mais également de l'audiovisuel.

Rendez-vous au Salon du Livre et de la Presse Jeunesse du 26 novembre au 1er décembre à l'Espace Paris-Est-Montreuil 93100 Montreuil !

Sources
(1) "Un quart des livres vendus en France relève de la littérature jeunesse" Cécile Mazin, 20/11/2014 (consulté le 26/11/2014)
https://www.actualitte.com/economie/un-quart-des-livres-vendus-en-france-releve-de-la-litterature-jeunesse-53874.htm

"Projet Transbook : pour la transition numérique du livre jeunesse" Elisabeth Sutton, 24/11/2014, ID BOOX (consulté le 26/11/2014)
http://www.idboox.com/economie-du-livre/projet-transbook-pour-la-transition-numerique-du-livre-jeunesse/

Présentation de Transbook, SLPJ (consulté le 26/11/2014)
http://www.salon-livre-presse-jeunesse.net/transbook-la-litterature-jeunesse-europeenne-en-mouvement/

Synthèse Transbook, SLPJ (consulté le 26/11/2014)
http://www.salon-livre-presse-jeunesse.net/wp-content/uploads/Synthese_Transbook.pdf

Affaire Elsevier

Rappel du contexte
C'est Rue89 [1] qui a dévoilé le 10/11/2014 le contrat que vient de passer le Ministère de la Recherche avec l'éditeur néerlandais Elsevier.
Ce contrat de 172 millions d'euros permet à 476 universités et établissements hospitaliers d'accéder à un corpus de 2 000 revues scientifiques pour une durée de 5 ans



Fig. 1 : Logo Elsevier, source : Wikipedia - Domaine public

Quelques mots sur le circuit de l'édition scientifique
Le plus souvent, pour publier un article de recherche scientifique, il faut payer.
Ce sont les crédits de la recherche qui financent les publications de leurs chercheurs.
L'évaluation des articles scientifiques est réalisée par les pairs bénévolement ; ce travail est indirectement financé par la Recherche. 

La polémique
La divulgation de ce contrat a suscité beaucoup de remous au niveau national.
Le Ministère de la Recherche ne vient-il pas de payer une deuxième fois pour des articles dont il a payé initialement la publication ? 
Ce contrat de 5 ans ne peut que freiner le développement de l'Open Access en France.
C'est le consortium Couperin qui a mené les négociations, sans beaucoup de marges de manoeuvres puisque ce contrat résulte d'une volonté ministérielle.

M. J.-P. Finance, président de Couperin, a donné quelques éléments d'explications sur cet accord national avec Elsevier dans une interview [3]. Il précise qu'un modèle de publication en Open Access, où l'on se passe des éditeurs, pose le problème de la "reconnaissance de la qualité [des] travaux de recherche".
"Sortir de cette logique nécessite une adhésion complète des chercheurs et un changement de paradigme en termes d’évaluation."
La négociation nationale a permis de dégager un gain de l'ordre de 2% par rapport aux années précédentes sur les deux premières années (pour rappel, l'augmentation des contrats est de +4% depuis 2002).
Il prône une négociation européenne qui permettrait de réaliser des plus grandes économies. 
Par ailleurs, cette nouvelle négociation permet aux universités d'être propriétaires des documents pour une durée indéfinie.

Quelles alternatives ? 
  • Open Access, dépôt libre :  pas de validation scientifique.
  • Open Access, modèle Green Road (voie verte) : dépôt libre d'articles déjà validés. Une durée d'embargo pour l'éditeur est négociée.
  •  Open Access, modèle Gold Road (voie dorée) : l'auteur paye et non plus le lecteur.

  •  Les épi-journaux : revues numériques avec comité éditorial.
D'autres modèles hybrides existent.

Fig. 2 : Logo du libre accès, source : Wikipedia - Domaine public



Des exemples européens
  • En Allemagne, une loi fixe les droits d'exclusivité des éditeurs à un an.
  • L'université de Liège incite fortement les chercheurs à publier leurs travaux dans leur portail en Open Access : seuls les travaux déposés dans l'archive sont pris en compte dans l'évaluation de l'activité de recherche.
  • Les négociations entre les universités néerlandaises et Elsevier sont bloquées. En cause, l'extension de l'Open Access [5]. 

Cette polémique pose la question fondamentale de l'accès aux données.
Le manifeste [6] d'Aaron Swartz écrit en 2008 sur l'accès à l'information reste toujours d'actualité.


Sources
[1] Pierre-Carl Langlais et Rayna Stamboliyska - La France préfère payer (deux fois) pour les articles de ses chercheurs - http://rue89.nouvelobs.com - 10/11/2014 - http://rue89.nouvelobs.com/2014/11/10/france-prefere-payer-deux-fois-les-articles-chercheurs-255964
[2] Pierre-Carl Langlais -Affaire Elsevier : une réaction des négociateurs sous paywall - scoms.hypotheses.org - 20/11/2014 - http://scoms.hypotheses.org/339
[3] Cyril Duchamp - interview de J.-P. Finance et Grégory Colcanap : Négociation Couperin-Elsevier : "Nous sommes arrivés à un modèle plus équitable de contribution" - AEF - http://f-origin.hypotheses.org/wp-content/blogs.dir/1658/files/2014/11/AEF.pdf
[3] Wikipedia - Libre accès (édition scientifique) - dernièer modification le 19 novembre 2014 - http://fr.wikipedia.org/wiki/Libre_acc%C3%A8s_%28%C3%A9dition_scientifique%29
[5] ActuaLitté - Pays-Bas, L'Open Access motif de discorde entre les universités et Elsevier - 05/11/2014 - https://www.actualitte.com/les-maisons/pays-bas-l-open-access-motif-de-discorde-entre-les-universites-et-elsevier-53603.htm  
[6] Aaron Swartz - Guerilla Open Access Manifesto - archive.org - juillet 2008 - https://archive.org/stream/GuerillaOpenAccessManifesto/Goamjuly2008_djvu.txt


lundi 24 novembre 2014

Nouveau pas vers un web sans pub... franchi grâce à Google !

Des services comme SQweb proposaient déjà aux internautes de les délivrer des publicités en contrepartie d’un abonnement payant... Le géant Google lance à son tour une telle solution et rend ainsi le scénario d’un web dénué de publicités plus réaliste et imminent.


On peut être surpris qu'avec le service Contributor Google remette en cause le modèle publicitaire alors même qu'il représente 90% du chiffre d'affaire du groupe (1). Mais le lancement de ce nouveau service - qui limite la pub sur le web dans le but de rendre la navigation des internautes plus agréable - relève d'une stratégie. Il arrive au secours du constat révélé par l'enquête du site PageFair, selon laquelle 144 millions de personnes utilisent un logiciel qui bloque les publicités. Or, pour les annonceurs, c'est autant de recettes non récoltées par leurs intermédiaires - comme Google AdSense - ou par les éditeurs eux-même. Dans leur ligne de mire, le très répandu logiciel Adblock.

D'ailleurs Google Contributor s'en inspire sur le principe, mais avec la démarche inverse. Là où "Adblock Plus" filtre certaines publicités pour ne laisser passer que celles d'éditeurs faisant partie d'une "liste blanche" (2), Google Contributor ne peut pour le moment bloquer que les publicités qui passent par sa régie publicitaire AdSense (3). Et alors que de multiples versions d’Adblock sont gratuites, la solution de Google est payante. Par un abonnement mensuel de 1 à 3 dollars (entre 0,8 et 2,40 euros), l’utilisateur est libre de consulter plus ou moins de sites - en fonction du montant de sa cotisation - parmi les partenaires de Google pour cette phase de test (4). Pour l’instant disponible sur dix sites américains, le service pourrait se développer rapidement s’il s’avérait être une bonne alternative à la publicité.

Un service vraiment avantageux ?


Il pourrait l'être dans la mesure où utilisateur et éditeur sont censés s'y retrouver. En effet, la publicité intempestive ne nuira plus aux visiteurs des sites partenaires du service, remplacée par des encadrés vides ou des messages de remerciements. Et l’abonnement proposé par Google Contributor a été pensé pour pallier le manque à gagner du revenu publicitaire pour l'éditeur du site. Cependant, le pourcentage que se réserve Google sur cette transaction reste bien évidemment inconnu. Ce sont les nombreux avantages du service que le groupe met en avant. Notamment l'abolition de la lourdeur qui consisterait à devoir payer pour ne plus voir de pub sur chaque site qu’on a l’habitude de consulter (comme le permet YouTube depuis peu (1) ou encore le site de presse anglais The Guardian (5)).

La firme de Montain View se saisit de nouveaux idéaux pour le web de demain : « Aujourd'hui, Internet est essentiellement financé par la publicité. Mais s'il existait un moyen de soutenir directement les créateurs des sites que vous visitez tous les jours ? », lit-on sur le site de Contributor. On pourrait croire que la propagation de ce nouveau service représenterait un pas de plus vers le web indépendant - vis à vis des publicitaires. Mais il confirmerait surtout encore davantage l’hégémonie de Google sur le monde numérique, et poserait en de nouveaux termes les problématiques de transparence auxquelles le géant refuse de se confronter.

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(1) "Google fait payer l’accès à des sites sans publicité" Aude Carasco, 23/11/14, La Croix (consulté le 24/11/14)
http://www.la-croix.com/Culture/Nouvelles-technologies/Google-fait-payer-l-acces-a-des-sites-sans-publicite-2014-11-23-1268811
(2) "Les drôles de méthodes commerciales d'Adblock Plus avec les éditeurs" Nicolas Jaimes, 14/10/14, JDN (consulté le 24/11/14)
http://www.journaldunet.com/ebusiness/publicite/adblock-plus-business-model.shtml
(3) "Google fait payer les internautes pour supprimer les pubs en ligne" Lucie Ronfaut, 21/11/14 , Le Figaro (consulté le 24/11/14)
http://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2014/11/21/01007-20141121ARTFIG00306-google-remplace-la-publicite-en-ligne-par-des-dons.php
(4) "Google propose aux internautes de payer pour bloquer les publicités" Nicolas Jaimes, 21/11/14 , JDN (consulté le 24/11/14)
http://www.journaldunet.com/ebusiness/publicite/google-contributor-alternative-publicite-1114.shtml
(5) "Google Contributor Service: Pay To Remove Ads!", Rasim Van Nierop, 21/11/14, Capital Wired (consulté le 24/11/14)
http://www.capitalwired.com/google-contributor-service-pay-to-remove-ads/26659/

La mort numérique


Lorsque le rêve ultime des transhumanistes, la vie éternelle, sera  réalisé, la question de la survie de nos données numériques à notre décès ne se posera plus. Mais, d'ici à ce que cette prophétie se concrétise, la question apparaît de plus en plus incontournable. Rien que sur Facebook, on estime qu'il y a aujourd'hui 130 millions de profils "appartenant" à une personne décédée. Dans ce contexte, de plus en plus d'internautes s'interrogent sur le devenir de leurs données personnelles ou de celles de leurs proches après la mort.

De ce questionnement est né le concept de "mort numérique" qui peut se définir comme fin la de toute interaction d'une personne sur le web en raison de son décès. Mais l'identité numérique de la personne survit à ce décès. Qu'en advient-il ? Que deviennent nos comptes sociaux, nos blogs, nos sites internet ? Nos proches, si ils en ont connaissance, peuvent-ils en demander la modification ou la fermeture ?

Pour la CNIL, les droits d'accés, de modification et de suppression prévus par la loi sont des droits personnels qui s'éteignent à la mort de la personne concernée. La loi n'autorise donc pas les héritiers à avoir accès à ces données, mais seulement à entreprendre des démarches pour les mettre à jour (pour enregistrer le décès ?).

Pourtant, il est fréquent que les familles des défunts veuillent avoir accès à ses données ou désirent les supprimer. Quels sont leurs droits en la matière ? Sur le plan du droit d'auteur, cela s'analyserait en l'exercice du droit de retrait ou de repentir, droit moral qui, précisément (et exceptionnellement), ne peut pas être transmis aux héritiers. Pour combler cette "faille", et pour que les comptes des défunts ne leur survivent pas éternellement, les grands acteurs de l'internet (Facebook, Google etc.) proposent des fonctionnalités permettant de paramétrer la "mort numérique".

Si les héritiers du défunt peuvent signaler un décès, ils ne peuvent pas avoir accès aux données de ses comptes et encore moins les modifier. La seule solution dont ils disposent lorsqu'ils s'estiment lésés par le traitement des données concernant un proche décédé est de saisir les tribunaux pour préjudice subi. De même lorsque c'est la personne décédée qui subit un préjudice - atteinte à sa mémoire, réputation ou honneur - il est possible pour les héritier de saisir les tribunaux pour sanctionner l'atteinte ainsi réalisé.

Au delà du point de vue juridique, il existe d'autres manières de faire vivre son "identité numérique" après sa mort. Des sites proposent de créer un avatar du défunt qui dialoguera avec les vivants, d'autres de créer une tombe virtuelle sur lesquelles on peut disposer des objets virtuels (fleurs, bougies ...), d'autres encore gèrent les identités numériques post-mortem. L'administration publique n'est pas en reste et certaines collectivités locales  proposent des cimetières 2.0 avec bornes interactives et archives de l'état-civil.

Mais la régulation de la mort numérique ne se limite pas à la seule protection des données des défunts ou à des opportunités commerciales. Le droit des contrats et le droit des successions devront sans doute évoluer pour répondre à ces nouvelles situations.

Enfin, du point de vue des acteurs du web, alors qu'un règlement européen consacrant de nouveaux droits (droits à l'oubli, droit à la portabilité des données) s'apprête à être adopté, il semble important d'introduire dans les débats la prise en compte de la "mort numérique" par les réseaux sociaux.

Michaël Frontère

CNIL, " Mort numérique ou éternité : virtuelle, que deviennent vos données après la mort ? "

CNIL, "Mort numérique : peut-on demander l'effacement d'une personne décédée ?" (en ligne le 29 octobre 2014) (consulté le 24 novembre 2014) http://www.cnil.fr/linstitution/actualite/article/article/mort-numerique-peut-on-demander-leffacement-des-informations-dune-personne-decedee/

Les infostratèges, "Internet : éternité virtuelle VS mort numérique" (en ligne le 06 novembre 2014) (consulté le 24 novembre 2014) http://www.les-infostrateges.com/actu/14111901/internet-eternite-virtuelle-vs-mort-numerique

Tendances droit, "La mort numérique" (en ligne le 13 octobre 2014) (consulté le 24 novembre 2014) http://www.tendancedroit.fr/apercu-la-mort-numerique/



Blog Universdoc millésime 2014-2015

Pour la sixième année consécutive les élèves de l'INTD vont unir leur vigilance pour vous offrir une vision de l'actualité professionnelle et de la recherche dans leur domaine de formation.
A l'occasion de l'atelier Universdoc, une mise en situation professionnelle au Centre de ressources documentaires,  la  promotion 2014-2015 du titre 1 " Chef de projet en ingénierie documentaire "
effectuera une veille sur les sources de l'Universdoc.
Après avoir repéré une information critique, un billet de veille sera rédigé et publié.

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