vendredi 30 novembre 2018

Les Insta Novels de la New York Public Library

La New York Public Library (NYPL) poursuit sa stratégie de développement sur les réseaux sociaux. Elle propose, depuis août dernier, une nouvelle pratique de la lecture à partir de son compte Instagram. La NYPL espère ainsi toucher un public plus large et plus jeune.

En partenariat avec l'agence de création publicitaire Mother [1], La NYPL a conçu des Insta Novels qui reposent sur la fonctionnalité des "Stories Instagram" (publications éphémères d'images ou vidéos). Leur placement à la une du compte de la NYPL leur assure une pérennité et permet aux abonnés de les consulter quand ils le souhaitent. Ces ebooks, des classiques de la littérature anglaise, sont composés d'animations réalisées par des dessinateurs contemporains et du texte intégral de l'oeuvre [2].

Trois Insta Novels sont actuellement disponibles :

  • Les Aventures d'Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll
  • La Séquestrée de Charlotte Perkins
  • Le Corbeau d'Edgar Allen Poe (spécialement réalisé pour Hallowen [3])
Un quatrième (La Métamorphose de Franz Kafka) devrait rejoindre cette bibliothèque numérique en fin d'année.

En octobre, la New York Public Library a annoncé que près de 93000 personnes avaient lu Alice au pays des merveilles. De plus, le nombre d'abonnés à son compte Instagram a augmenté. Enfin ses autres platefomes de livres numériques ont également bénéficié d'une augmentation de leur trafic [4].

Cette initiative ouvre de nouvelles perspectives pour les bibliothèques. Son développement pourrait permettre de diversifier les publics et de toucher des personnes qui n'ont pas l'habitude de venir en bibliothèque.


Sources :

[1] New York Public Library. The New York Public Library introduces classic literature to "Instagram Stories" with Insta Novels. 22/08/2018. Disponible en ligne [consulté le 27 novembre 2018] :< https://www.nypl.org/press/press-release/august-22-2018/new-york-public-library-introduces-classic-literature-instagram >

[2] Jost, Clémence. La New York Public Library diffuse gratuitement des livres sur Instagram, et c'est vraiment très beau. Archimag. 23/08/2018. Disponible en ligne [consulté le 27 novembre 2018] : < https://www.archimag.com/bibliotheque-edition/2018/08/23/new-york-public-library-gratuit-livres-instagram-vraiment-reussi >

[3] Oury, Antoine. Découvrir Le Corbeau d'Edgar Allan Poe sur Instagram. ActuaLitté. 02/11/2018. disponible en ligne [consulté le 27 novembre 2018] : < https://www.actualitte.com/article/lecture-numerique/decouvrir-le-corbeau-d-edgar-allan-poe-sur-instagram/91681 >

[4] Svachula, Amanda. Instagram Now Home to Classic Feminist Literature. The New York Times.  05/10/2018. Disponible en ligne [consulté le 27 novembre 2018] : < https://www.nytimes.com/2018/10/05/arts/design/instagram-literature-new-york-public-library.html >


mercredi 28 novembre 2018

2018, une année de crise pour Facebook

Le scandale Cambridge Analytica a déclenché une crise dont le point culminant était l'audience de son fondateur, Mark Zuckerberg, devant le Sénat américain. Convoqué aussi par une Commission britannique pour expliquer la fuite des données personnelles des utilisateurs, Zuckerberg continue à refuser de se présenter devant les parlementaires mondiaux.

Le recrutement de Nick Clegg [1], ancien premier-ministre britannique, comme responsable de la communication et des affaires publiques de Facebook, est une indication de la stratégie pour faire face à la crise politique et financière provoquée par la découverte du cas Cambridge Analytica. L'histoire, révélée par les journaux anglais The Observer et The Guardian en mars 2018, a démontré comment ce cabinet d'étude anglais a pu siphonner les données personnelles de 87 millions d'utilisateurs de Facebook, dans le but d'influencer l'élection américaine de 2016.

Facebook est devenu, depuis 2009, le leader mondial des réseaux sociaux [2], utilisé par 2,2 milliards de personnes, dont 68% de la population adulte juste aux États-Unis, selon l'enquête 2018 du Pew Research Center. Cependant, un étude montre un recul de l'usage de la plateforme pour s'informer ; selon l'Institut Reuters, 36 % de Français ont déclaré s'informer via les réseaux sociaux en 2018, une baisse de 9% par rapport à l'année de 2016 [3].

Néanmoins, si la confiance dans Facebook paraît avoir diminué, il ne suffit pas de quitter la plateforme, défend Siva Vaidhyanathan [4], en réaction à la campagne Twitter #DeleteFacebook. Ce professeur de media studies à l'Université de Virginia, auteur de "Anti-Social Media: how Facebook disconnects us and undermines democracy", propose une réponse citoyenne : demander plus de régulation, en commençant par l'application des mesures antitrust, étant donné que Facebook est aussi propriétaire de Messenger, Instagram et Whatsapp. La déconnexion, dans ce cas, "est l'opposée de l'activisme", déclare l'auteur.

Sources :

[1] RONFAUT, Lucie. Facebook recrute l'ex n°2 du gouvernement britannique Nick Clegg pour sa communication. En ligne sur Le Figaro. Publié le 19 octobre 2018 : [Consulté le 28 novembre, 2018]. <http://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2018/10/19/32001-20181019ARTFIG00194-facebook-recrute-l-ex-n2-du-gouvernement-britannique-nick-clegg-pour-sa-communication.php>

[2] MYRNAIOS, Nikos. Du réseau de l’élite aux scandales en série : brève histoire de Facebook. En ligne sur INA Global. Publié le 28 septembre 2018 : [Consulté le 28 novembre, 2018]. <https://www.inaglobal.fr/numerique/article/du-reseau-de-l-elite-aux-scandales-en-serie-breve-histoire-de-facebook-10275>

[3] LE CAROFF, Coralie. Facebook, média de masse : un poids à relativiser. En ligne sur INA Global. Publié le 27 septembre 2018 : [Consulté le 28 novembre, 2018]. <https://www.inaglobal.fr/numerique/article/facebook-media-de-masse-un-poids-relativiser-10276>

[4] VAIDHYANATHAN, Siva. Don’t Delete Facebook. Do Something About It. En ligne sur New York Times. Publié le 24 mars 2018 : [Consulté le 28 novembre, 2018]. <https://www.nytimes.com/2018/03/24/opinion/sunday/delete-facebook-does-not-fix-problem.html>


Les médias haussent le ton




Tandis que les assistants vocaux et les applications à commande vocale se multiplient et prennent de plus en plus de place dans les foyers, certains médias trouvent le moyen de se faire entendre.


Aujourd'hui, l'utilisateur n’a besoin que de sa voix pour faire des requêtes.
En effet, il lui suffit d' interroger son application ou son assistant pour obtenir une réponse orale en temps réel.
Ainsi, il devient inutile de saisir ses demandes sur un écran ou un clavier.
Les enceintes de salon proposent désormais une variété de services : l'actualité, la météo, la musique, l'heure, etc.[1]

Ces objets font appel à diverses applications web et à de vastes bases de données, le plus souvent hébergées dans le cloud.
Dans un premier temps, ils s’attachent à comprendre la requête de l’utilisateur, c’est-à-dire à retranscrire la parole et à analyser le langage utilisé. Puis, ils vont extraire les informations clés et les envoyer à l’application appropriée. Celle-ci retourne un résultat qui est ensuite converti en langage naturel et synthétisé. La plupart de ces techniques relèvent de l’intelligence artificielle, sans laquelle les assistants vocaux ne pourraient pas fonctionner : reconnaissance des mots, des structures de phrases employées, des interprétations possibles, etc.[1]



D'après Laurent Frisch, directeur du numérique à Radio France, l'écoute de l'audio seule se développe très rapidement et devient très prisée.
Les assistants vocaux et les applications sont en plein essor. Il va donc falloir produire des contenus de toute sorte, afin d’offrir le plus grand choix possible à l’utilisateur. M. Frisch explique qu'il y a de la place pour de nombreux acteurs et il affirme que la radio en tant que média à un rôle important à jouer puisqu’elle sait produire de l'audio de qualité autant sur le plan technique qu'au niveau éditorial. Ainsi, il ajoute que la radio peut apporter de l'audience aux assistants vocaux.
De son côté, le digital peut permettre à la radio d'évoluer vers de nouvelles formes d'écriture.[2]

Certains médias papier tel que les Échos sont déjà présents sur les appareils et services de Google et Amazon.Clémence Lemaistre, rédactrice en chef numérique des Échos, explique qu'ils ont "une stratégie ambitieuse et volontaire sur le digital".[3]
Ainsi, en 2017, ils ont développé avec une agence des applications pour les assistants Amazon Echo et Google Home, proposant un résumé de l'actualité sportive ou de la politique internationale : "Nous avons donc créé un édito des Échos prononcé par un éditorialiste. C'est une vraie voix humaine qui raconte son texte."[3]

D'après Clémence Lemaistre, il faut réfléchir dès à présent à la place et à l'identité que l'on veut avoir sur les assistants vocaux. Cela demande beaucoup de préparation parce qu'il y a beaucoup de facteurs à prendre en compte : techniques, éditoriaux, etc.[3]


Sources :

 [1] Audrey Dufour. La Croix. Comment fonctionnent les assistants vocaux ? LaCroix.com.Publié le 22 mai 2018 : [Consulté le 26 novembre 2018].https://www.la-croix.com/Sciences-et-ethique/Numerique/Comment-fonctionnent-assistants-vocaux-2018-05-22-1200940679 

  [2] Xavier Eutrope.La radio en 2018 vue par Laurent Frisch. En ligne sur inaglobal.fr. Publié le 8 janvier 2018 :[Consulté le 26 novembre 2018]. https://www.inaglobal.fr/radio/article/la-radio-en-2018-vue-par-laurent-frisch-10058

 [3] Xavier EUTROPE.Assistants vocaux, quelle voix pour l'information ? En ligne sur inaglobal.fr. Publié le 23 octobre 2018 :[Consulté le 26 novembre 2018]. https://www.inaglobal.fr/numerique/article/assistants-vocaux-quelle-voix-pour-l-information-10286

mardi 27 novembre 2018

Blockchain et RGPD et données personnelles

La Blockchain est une technologie au potentiel de développement fort qui suscite de nombreuses questions à propos de sa compatibilité avec celle du RGPD. Cependant, depuis le 24 septembre 2018 la CNIL se propose d'apporter des solutions concrètes aux acteurs qui souhaitent l'utiliser dans le contexte de traitement de données personnelles.

L'impact de la Blockchain sur les droits des personnes (droit à la vie privée et droit à la protection de leur données personnelles) fait appel à une analyse spécifique. La CNIL étant l'une des premières autorités à se saisir officiellement du sujet, va s'inscrire dans une démarche de coopération avec ses homologues européens pour proposer une approche solide et harmonisée.

Pour aller plus loin, voir les premiers éléments d'analyse de la CNIL sur la Blockchain. https://www.cnil.fr/sites/default/files/atoms/files/la_blockchain.pdf

Sources : CNIL. Blockchain et RGPD : quelles solutions pour un usage responsable en présence de données personnelles ? Publié le 24 septembre 2018 : [Consulté le 27 novembre 2018]. https://www.cnil.fr/fr/blockchain-et-rgpd-quelles-solutions-pour-un-usage-responsable-en-presence-de-donnees-personnelles

jeudi 22 novembre 2018

De l'émotion au capitalisme affectif : une valeur numérique sûre

Lors des dernières rencontres Ethics by Design à Paris début octobre, deux chercheurs en sciences de l'information et de la communication, Camille Alloing et Julien Pierre, ont présenté une conférence sur le rapport étroit entre les émotions, sentiments et affects et la production de valeur des services numériques. Tous deux ont co-écrit un livre, paru en 2017 chez Ina édition, intitulé "Le web affectif".

En 2016, la plateforme Facebook a élargi l'offre des icônes expressives : l'usager est passé du simple "like" exprimé par un pouce à toute une série d’émoticônes représentant la surprise, la colère, le rire et la tristesse, pouvant même exacerber l'expression de sa passion grâce à un cœur sur fond rouge. C'est cet exemple de Facebook Reaction que nos deux chercheurs ont choisi pour illustrer leur propos sur l'affectivité numérique, bien que le concept soit également utilisé par d'autres plateformes numériques comme Twitter et Netflix, et même par des industriels du secteur comme Apple, Samsung et IBM.

Cette analyse de sentiments (sentiment analysis) constitute l'informatique affective, fondée en 1997 par une chercheuse du MIT (Massachussets Institute of Technology). Dans un objectif marketing, cette méthode réunit et applique des éléments issus d'autres disciplines, notamment les sciences cognitives et la psychologie, pour, en retour, proposer aux internautes une meilleure offre de contenus et d'interfaces, des voix de synthèse, des agents conversationnels (chatbot) et des mouvements robotiques, le tout en guise de réponse émotionnelle.

Ainsi, les six émotions citées de la plateforme Facebook réduisent la complexité des sentiments humains à, selon leur description, "like, love, haha, wow, sad, angry". Le paradoxe, comme le font noter les auteurs, est de vouloir étendre l'empathie à l'échelle universelle tout en la réduisant à un minimum d'expressions, formulées par six petites icônes. Ainsi, le design des nouvelles interfaces intègre une dimension psychologique afin de donner une réponse émotionnelle à la marchandisation, mais d'autres usages comme le divertissement, le partage ou l'autoformation sont également importants à étudier lorsqu'il s'agit d'en évaluer l'éthique et de transparence.

Ces supposées émotions universelles, soulignent Camille Alloing et Julien Pierre, ne tiennent pas compte de la différence entre l'expression et l'émotion, et omettent par ailleurs l'importance du contexte socio-culturel. Designers et community managers doivent pouvoir ressentir les tendances émotionnelles des usagers, et même si l'OCDE souligne l'empathie comme une des qualités indispensables du travailleur du 21è siècle, cette simplification du concept de l'empathie, selon ces chercheurs, oublie le frayage, cette capacité de notre cerveau à faire passer nos émotions d'une neurone à l'autre, mais aussi le filtrage. Il en résulte un danger : celui de voir nos émotions guider nos parcours en-ligne, et pire encore, notre expérience vécue.

Sources : Julien Pierre, Camille Alloing. Le design du web affectif : entre empathie et universalité. Retour sur les phases de conception de l’affectivité numérique. H2PTM 2017, Oct 2017, Valenciennes, France. 2017, H2PTM’17 Le numérique à l’ère des designs, de l’hypertexte à l’hyper-expérience. https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01626544/document

mardi 20 novembre 2018

Le Big Data, nouvel eldorado des politiques de santé ?


Le 12 octobre 2018, Agnès Buzyn, ministre de la Santé, se félicitait de la création d'un Health Data Hub, lequel s'inscrit dans la volonté de refondation de notre système de santé voulu par le président Macron. L'objectif de ce nouveau dispositif : "mettre le patrimoine mondial des données de santé au service de la recherche, des professionnels de santé, des citoyens [...] et de la puissance publique" (1). Un vaste programme, qui interroge certes la notion de protection de données personnelles... et qui invite à repenser le corps social ?

Le 12 juin 2018, dans la droite ligne de la stratégie nationale d'intelligence artificielle française portée par le rapport Villani, la ministre de la Santé annonçait le lancement de la mission de préfiguration d'une plateforme d'exploitation des données, mission confiée à Jean-Marc Aubert, directeur de la Drees (direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques).
Le rapport final, rendu public le 12 octobre dernier, présente la feuille de route de la mise en place du Health Data Hub, une plateforme destinée à collecter toutes les données et innovations dans le domaine de la santé. Son intérêt n'est pas seulement économique, mais souligne les bénéfices d'une médecine préventive et prédictive, d'un partage plus efficace des informations du patient par tous les intervenants de la santé. 

Quelques mois auparavant, la France adoptait le règlement général sur la protection des données personnels (RGPD). Les données de santé étant considérées comme sensibles, elles doivent être encadrées par des dispositions particulières, comme le rappelle la CNIL. Or, si le rapport de la Drees n'omet pas de souligner que la donnée n'est pas la propriété de son producteur, il ajoute toutefois qu'"en dehors du cadre strictement légal, il est nécessaire de procéder à la large diffusion de la culture de la donnée" (p. 20 du rapport). 

Des questions restent en suspens (qui pourraient d'ailleurs intéresser le Projet open data impact de la Fing). Quid de l'interopérabilité des données de santé entre le patient et les soignants ? Quid du cycle de vie de la donnée personnelle ? D'autant que, même si le cadre juridique français peut être considéré comme un des meilleurs, dans la société numérique, le droit est souvent dépassé par les progrès technologiques, comme le rappelle une juriste en droit public, sans parler de l'hétérogénéité des législations entre les nations (2). Ces questions entre éthique et juridique seront à l'ordre du jour du prochain Technolex 2018, qui se déroulera le 28 novembre prochain au collège des Bernardins, à Paris, sur le thème "Opportunités et nouvelles règles du jeu", avec un focus sur l'e-santé.


Sources :

(1) Citée par JOST C., "Agnès Buzyn crée un Health Data Hub : un guichet unique de partage des données de santé", Archimag, le 18-10-2018 [consulté le 19-11-2018],
http://www.archimag.com/univers-data/2018/10/18/agnes-buzyn-health-data-hub-guichet-partage-donnees-sante
(2) N'DA B., "L'encadrement juridique de la gestion électronique des données médicales", thèse de doctorat en droit public, université de Lille-2, http://www.theses.fr/2014LIL20022

mercredi 14 novembre 2018

Faire rimer transformation numérique et transition écologique

Depuis plusieurs mois, les études sur la consommation énergétique du numérique se multiplient. Le développement du bitcoin, gros consommateur d'énergie [1], puis de la technologie blockchain appliquée à d'autres applications interrogent, à l'heure où les signaux d'alerte de la planète sont au rouge. En septembre, 700 scientifiques français lançaient un appel pour le climat [2]. Un point sur le coût écologique de la transformation numérique dans les entreprises s'impose pour les professionnels de l'information.


Tout comme nous nous sommes adaptés à la dématérialisation de nombreuses démarches dans notre vie quotidienne, les entreprises ont largement entamé leur phase de dématérialisation. D'abord présentée comme vertueuse de l'environnement grâce aux économies matérielles qu'elle permet (réduction des volumes de papier, réduction des transports), la visibilité des coûts n'a pas été immédiate pour les utilisateurs. Les mots "immatériel" ou "virtuel" ont induit en erreur sur le long terme [3].

Désormais, un discours de mise en garde sur l'empreinte écologique générée par les activités numériques émerge. Les volets sont très nombreux : fabrication du matériel informatique, consommation électrique de tous les équipements informatiques et du stockage des données... D'après le CNRS, "Ordinateurs, data centers, réseaux...engloutissent près de 10% de la consommation mondiale d'électricité. Et ce chiffre ne cesse d'augmenter"[3]. 
Les entreprises en prennent-elles la mesure ? En France, d'après une étude menée par WWF et WeGreenIt, les entreprises obtiennent la note de 59/100 [4]. Une bonne moyenne, à ceci près que seules 24 des 150 entreprises sélectionnées ont répondu à cet appel. Toujours selon cette étude, les entreprises seraient très immatures en terme de conception responsable de leur services numériques ; la plupart des personnes interrogées n'avaient pas conscience de cet enjeu. Le sujet peine à devenir grand public, et pourtant, il n'est pas anecdotique dans la démarche de transformation numérique. 
D'après le WWF et WeGreenIt, c'est aujourd'hui que les bonnes pratiques et usages doivent être intégrés, au risque de prendre du retard, d'augmenter considérablement l'empreinte carbone des entreprises, de participer au réchauffement climatique, à la dégradation des éco-systèmes et des ressources de la planète. La transformation numérique doit désormais rimer avec transition écologique. S'il est aujourd'hui très difficile d'établir des comparaisons de coûts énergétiques entre les système "matériel" et "immatériel", et d'en approuver l'un par rapport à l'autre, il est nécessaire de se s'informer dès maintenant sur des solutions alternatives, optimisées et répondant à des critères environnementaux. 
Le professionnel de l'information, amené à travailler au cœur de la transformation numérique aura à cœur de se tenir informé sur ce sujet dès à présent. 


[1] Sylvand, Christine. Le Bitcoin : un coût énergétique excessif ?. En ligne sur Techniques de l'ingénieur. Publié le 9 novembre 2018 : [Consulté le 14 novembre 2018]. https://www.techniques-ingenieur.fr/actualite/articles/le-bitcoin-un-cout-energetique-excessif-60023/#reagir-article

[2] La rédaction du Monde avec AFP. Climat : 700 scientifiques lancent un appel. Publié le 8 septembre 2018 : [Consulté le 14 novembre 2018]. https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/09/08/climat-700-scientifiques-francais-lancent-un-appel_5351987_823448.html

[3] Cailloce, Laure. Numérique, le grand gachis énergétique. En ligne sur CNRS Le journal. Publié le 5 mai 2018 : [Consulté le 14 novembre 2018]. https://lejournal.cnrs.fr/articles/numerique-le-grand-gachis-energetique

[4]Moracchini, Stéphane. La transformation numérique, chance ou danger pour l'écologie. En ligne sur Collaboratif-info. Publié le 12 octobre 2018 : [Consulté le 14 novembre 2018].
 http://www.collaboratif-info.fr/edito/la-transformation-numerique-chance-ou-danger-pour-lecologie

Pour en savoir plus sur la consommation numérique : 
Nicolas Martin. La méthode scientifique. Consommation numérique : la fabrique à CO2(.0). En ligne sur France Culture. Publié le 17 Octobre 2018 : [Consulté le 17 Octobre 2018].
https://www.franceculture.fr/emissions/la-methode-scientifique/consommation-numerique-la-pompe-a-co20

lundi 12 novembre 2018

Wikipedia : bleu pour les filles, rose pour les garçons

Garçons trop confiants, fille plus défiantes. Et si le genre donnait le ton  de la recherche documentaire sur Wikipédia ?

A l'heure où le CDI, la bibliothèque sont parfois peu fréquentés en raison d'horaires inadaptés, voire d'espace d'accueil peu convivial, l'encyclopédie collaborative, est à la fois un outil de recherches validé auquel on accorde une confiance épistémique mais dont la réputation reste parfois controversée. La défiance vient surtout des filles, évaluatrices plus prudentes et sensibles aux risques informationnels. Voilà ce que démontre une étude réalisée d'après un questionnaire soumis à 841 élèves âgés de 11 à 25 ans. A tout âge et tout niveau d'études, les filles ont une foi moindre que les garçons dans ce support, idem pour l'information issue des blogs et réseaux sociaux. Elles sont aussi plus sensibles aux jugements négatifs d'autrui sur Wikipédia. Un point d'accord toutefois :  les deux parties ont l'impression de capter le même niveau de connaissance informationnelle. Des tendances générales que ce chercheur de l'Université de Toulouse 2 souhaiteraient bien mettre à profit pour ouvrir le débat  sur les enjeux et modalités d'une personnalisation de l'éducation aux médias et à l'information. Car même si la jeunesse n'est pas une catégorie homogène, le genre constitue bien une variable ayant des effets sur les représentations d'une source d'information prisée par tous ceux qui étudient.

Source :

Gilles Sahut, Les jeunes et Wikipédia : un rapport genré ?, LERASS-Laboratoire d'Etudes et de Recherches Appliquées en Sciences Sociales https://archivesic.ccsd.cnrs.fr/sic_01916490v1