Le 13 mars dernier, Google a annoncé sur son post [1] l'arrêt de Google Reader à partir du 1er juillet prochain.
Cette annonce a provoqué de vives réactions dans la communauté des internautes, entraînant des migrations massives vers des services concurrents [2].
Au-delà de ces premières conséquences, il convient certes de revenir sur les solutions alternatives (nous n'aborderons pas ici les applications de lecture de flux RSS destinées à usage mobile), mais aussi d'essayer de tirer quelques enseignements de l'utilisation peut-être un peu trop confiante de services gratuits hébergés en ligne.
Quelques rappels sur Google Reader
Google Reader est un lecteur de flux RSS et Atom en ligne lancé par Google en novembre 2005. Il propose une interface de navigation et de lecture similaire à celle de Gmail, lancé en avril 2004. Parmi ses nombreuses fonctionnalités, Google Reader offrait la possibilité de stocker sans limite de nombre d'entrées l'historique d'un flux RSS, ce qui peut faire de Google Reader un bon outil d'archivage d'un flux RSS [3].
Remplacer Google Reader
Parmi les différentes recommandations que l'on peut lire çà et là sur le Web, différents types de solutions semblent se profiler :
1. Mimer Google Reader
Ainsi que le suggère Tristan Nitot [4], fondateur et président de l'association Mozilla Europe, le service Feedly [5] se rapproche beaucoup de Google Reader avec un hébergement en SaaS. Depuis l'annonce de l'arrêt programmé de Google Reader, ce service a d'ailleurs connu un afflux massif de nouveaux utilisateurs [2].
Un autre produit semble se placer dans le sillage de Google Reader : The Old Reader [6]. L'ergonomie, proche de celle de Google Reader, est particulièrement soignée. Toutefois un accent plus marqué porté sur une utilisation simple et minimalisme laisse à penser que la richesse fonctionnelle sera moindre. Il convient également de préciser que The Old Reader est encore en phase bêta.
2. Faire différemment
Une alternative classique à Google Reader est l'intégration des abonnements aux flux RSS dans un logiciel de messagerie, de type Mozilla Thunderbird [7]. Cette option présente l'avantage de laisser la possibilité à l'utilisateur de sauvegarder plus aisément l'historique sur le disque dur de sa machine.
Tirer quelques enseignements
Au-delà des premières solutions évoquées, la décision unilatérale de Google d'arrêter Google Reader pose au moins question à deux niveaux :
1. au niveau de la sauvegarde des données ;
2. au niveau de la continuité de service.
1. La sauvegarde des données
L'annonce en mars d'un arrêt en juillet laisse au moins aux utilisateurs le temps de préparer la migration vers un nouvel outil assortie d'une reprise de l'existant et ce, à deux niveaux :
1.1. au niveau des abonnements
1.2. au niveau de l'historique des flux
1.1 La reprise des abonnements
La reprise des abonnements (comprendre : la liste des flux RSS auxquels s'est abonné l'utilisateur) se fait via un export au format OPML. Le fichier OPML liste chaque flux RSS avec l'adresse URL permettant d'y accéder.
1.2 La reprise de l'historique des flux
La reprise de l'historique des flux est une exigeance plus délicate à satisfaire, car elle suppose la possibilité d'export l'historique de consultation des flux RSS depuis le début.
Contrairement à la reprise des abonnements, la reprise de l'historique des flux est rarement prise en charge ou très peu mise en avant par les services de lecture de flux RSS.
Paradoxalement, Google semble avoir le plus travaillé sur cette fonctionnalité, grâce à l'outil Google TakeOut, permettant à l'utilisateur de Google Reader de télécharger une archive contenant des fichiers JSON et un fichier XML reprenant l'ensemble des abonnements. La présence de cette fonctionnalité ne dispense pas l'utilisateur attentif de tests approfondis d'ici le 1er juillet pour vérifier son bon fonctionnement.
2. La continuité de service
Un autre enseignement que l'on peut tirer de l'arrêt annoncé de Google Reader tient en la nature même de ce service – un service gratuit, hébergé en ligne. Du point de vue des garanties apportées à l'utilisateur, la gratuité et l'hébergement en ligne représente un risque double :
- la gratuité fait de l'utilisateur un simple utilisateur et non un client, donc sans recours commercial ;
- l'hébergement en ligne rend l'utilisateur dépendant d'Internet et des serveurs de Google pour l'accès à ses données.
Fort de ces éléments, nous pouvons peut-être nous demander s'il ne conviendrait pas mieux dans une optique durable et professionnelle (assortie des responsabilités associées sur la pérennité des données) de s'orienter davantage vers des solutions à héberger soi-même de type TinyTinyRSS [8] ou Leed [9].
Derrière cette affaire Google Reader se cache sans doute un appel à une réflexion plus profonde sur la gouvernance documentaire de nos usages des outils informationnels, à commencer par les plus quotidiens.
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