mardi 11 mars 2014

La peur de "Big Brother" et ses avatars actuels

Depuis juin 2013 et les déclarations d'Edward Snowden sur la N.S.A. (National Security Agency, une des agences de renseignement des Etats-Unis), de plus en plus d'internautes et de citoyens pensent que le cauchemar de surveillance généralisée décrit par George Orwell dans son roman 1984 (publié en 1949) s'est bel et bien réalisé - au moins sur Internet. Pour le dire d'un mot, "(...) Edward Snowden a changé notre vision du monde" (selon Jean-Marc Manach).

Nous laisserons de côté la question de savoir si cette crainte est justifiée ou non ; il s'agit là en effet d'un débat extrêmement polémique, donc les répercussions politiques et médiatiques sont immenses, et qui de ce fait n'entre pas dans le cadre de ce blog.

Ce qui nous intéressera ici, plus modestement, ce seront quelques répercussions parmi d'autres de ce nouvel état d'esprit.

Par exemple, il semble incontestable que de plus en plus d'internautes (en-dehors de la communauté des "geeks") utilisent déjà des parades pour se mettre à l'abri d'intrusions malveillantes, dont ils pensent qu'elles sont tout à la fois systématiques et inéluctables. Dans un récent article de son blog Bug Brother, Jean-Marc Manach livre (à la fin de l'article) une panoplie d'outils destinés à mettre "à l'abri" tout ce qu'un internaute estimera être confidentiel. Ce dernier article n'est d'ailleurs qu'un résumé des actions menées par Jean-Marc Manach pour "sensibiliser" l'opinion à la problématique de la surveillance généralisée d'Internet (il s'agit en fait de la liste de ses interventions sur le sujet dans différents médias).

Face à cet "activisme" somme toute traditionnel dans ses méthodes, le blogueur Olivier Ertzscheid développe une réflexion stimulante. Pour Olivier Ertzscheid, les méthodes attribuées à la N.S.A. (la collecte massive de données personnelles) ne diffèrent en rien de celles pratiquées par les grands acteurs commerciaux d'Internet tels que Google ou Facebook. D'ailleurs, si espionnage il y a, c'est parce qu'Internet reposerait tout entier sur une sorte de "pacte faustien" dont la remise en cause remettrait en cause l'existence d'Internet lui-même : le système dit de "l'opt-out", qui facilite cette collecte massive de données. De plus, les avancées technologiques actuelles rendraient illusoires toute tentative d'empêcher techniquement ce type de collecte.

Plutôt que de chercher à empêcher certains acteurs de collecter massivement des données personnelles, la seule solution, selon Olivier Ertzscheid, serait de mettre en place ce qu'il appelle des "data-éthicistes", qui veilleraient à ce que les données collectées soient le plus possible utilisées à bon escient et sans porter atteinte aux droits fondamentaux des utilisateurs d'Internet.

Par définition, une agence de renseignement ne confirmera ni n'infirmera jamais les actions qu'on lui attribue, et ne les rend jamais (officiellement) publiques. Il est donc difficile d'évaluer la véracité des déclarations d'Edward Snowden. Mais l'opinion publique a été profondément influencée, à la fois par le roman d'Orwell auquel nous nous référions au début de ce billet, et surtout par les faits historiques bien réels dont ce roman s'inspire. En fait, Edward Snowden n'a pas changé notre vision du monde, il n'a fait que révéler quelle était la vision du monde que nous avions déjà.

Sources :

Manach (Jean-Marc), Le Gif qui révèle la paranoïa de la NSA (Blog Bug Brother, 11 février 2014) :

Ertzscheid (Olivier),  Jamais nous n'avons été aussi discrets que sous la NSA (Blog affordance.info, 28 février 2014) :

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