mercredi 6 mars 2019

Le Grand débat ou le parcours des data

En décembre 2018, l’Etat a répondu au mouvement lancé par les « Gilets jaunes » un mois avant en proposant l’ouverture d’un grand débat national, auquel s’invitent aujourd’hui data et intelligence artificielle. 


Photo libre de droit

Depuis le 15 janvier 2019, des milliers de Français participent à ce grand débat en émettant des propositions sur tous les sujets qu’ils jugent importants. Education, écologie, fiscalité… tout y passe. Par le biais d’une plate-forme dédiée, tout d’abord, mais également sous format libre, par courrier, par courriel, ou à travers des cahiers de doléances (ou cahiers citoyens) disponibles dans les mairies de près de 9000 communes. Clôturées depuis le 20 février dernier, ces contributions papier se montent à plus de 10 500. Quant aux formulaires en ligne, ils dépassent les 850 000 et devraient assurément croître avant la clôture des dépôts, en avril prochain [1].


Ce procédé de démocratie participative prévoit de faire la part belle au numérique. Si l’on sait d’ores et déjà que l’Institut de sondages Opinion Way aura la charge des contributions en ligne, on en sait moins sur le sort prévu pour l’ensemble des contributions papier. Le format de ces documents est variable : les participations ont été obtenues sur des feuilles volantes comme sur de simples cahiers. La Bibliothèque nationale de France a un rôle à jouer dans cette étape puisque c’est elle qui devra référencer, indexer, numériser et retranscrire les documents dactylographiés en fichiers texte (Word, DocX), alors qu’un appel d’offres a été lancé pour trouver un prestataire candidat à la retranscription des documents manuscrits [2].

Une fois passées ces étapes, les cahiers de doléances et tout autre type de document papier seront gérés par un consortium que pilote Roland Berger et deux autres sociétés spécialisées dans la Civic tech.  Pour les contributions en ligne [3] comme pour les formats libres, le recours à l’intelligence artificielle semble une évidence, tant la masse de documents à traiter doit l’être dans un temps imparti des plus restreint. Pour ces deux chantiers concomitants, le recours à des logiciels « intelligents » permettra d’isoler les groupes de mots qui ressortent fréquemment et dont l’unité linguistique est la même ; l’analyse et l’interprétation humaine travailleront de concert dans cette entreprise dont les résultats devraient être consultables par tous en open data [4].

L'ampleur d'un tel projet rend son cheminement laborieux et soulève nombre d'interrogations quant à la réception qu'auront les citoyens des résultats. Pour autant, cela reste une entreprise inédite qui associe l'exercice démocratique à l'innovation technologique.




[1] TEXIER, Bruno. 2019. Grand débat national : l’autre chantier de dématérialisation du gouvernement. Archimag [en ligne]. 19 février 2019. [Consulté le 05 mars 2019]. Disponible à l’adresse : https://www.archimag.com/vie-numerique/2019/02/12/grand-d%C3%A9bat-national-autre-chantier-d%C3%A9mat%C3%A9rialisation-gouvernement

[2] GOUVERNEMENT. Compte rendu du Conseil des ministres du 13 février 2019 : Point d'étape sur le grand débat national [en ligne]. 13 février 2019. [consulté le  5 mars 2019] : https://www.gouvernement.fr/conseil-des-ministres/2019-02-13/point-d-etape-sur-le-grand-debat-national

[3] DEMICHELIS, Rémy. 2019. Grand débat national : à quoi l'intelligence artificielle peut-elle aider ?. Les Echos [en ligne]. 5 mars 2019. [Consulté le 05 mars 2019]. Disponible à l’adresse : https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/0600782799543-lintelligence-artificielle-peut-elle-vraiment-aider-le-grand-debat-2248867.php 

[4]  TEXIER, Bruno. 2019. Grand débat : Une combinaison homme/machine pour analyser les cahiers de doléances. Archimag [en ligne]. 22 février 2019. [Consulté le 05 mars 2019]. Disponible à l’adresse : https://www.archimag.com/vie-numerique/2019/02/22/grand-d%C3%A9bat-combinaison-homme-machine-analyser-cahiers-dol%C3%A9ance

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