mercredi 13 novembre 2019

Dématérialisation en Afrique : Expériences, enjeux et défis

Ces dernières années, la dématérialisation des services publics s’est imposée comme un pilier de la stratégie numérique de nombreux États africains, comme l’illustre le Smart Rwanda Master Plan ou le partenariat conclu à la fin du mois d’octobre entre Pretoria et Microsoft pour l’adoption d’un système de cloud. Cette effervescence d’initiatives occulte parfois la diversité́ des défis auxquels sont confrontés les États Africains et l’importance de leur apporter une réponse agile et différenciée.[1]

C’est dans cette perspective, que certains Etats comme le Sénégal ont élaboré une stratégie numérique à l’horizon 2025 dont l’objectif de maintenir une position de pays leader innovant en Afrique dans le domaine du numérique. Cette politique s’inscrit dans une démarche globale de transformation structurelle de l’économie qui s’appuie sur les innovations technologiques afin de permettre aux sous-secteurs d’être plus compétitifs face à un marché mondial en constante mutation.
 Longtemps en retrait dans le domaine du numérique par rapport aux autres continents, l'Afrique et les pays qui la composent sont aujourd'hui en plein développement dans ce secteur et compte faire des nouvelles technologies le fer de lance de l'économie africaine.
C'est pourquoi aujourd'hui le numérique a conquis progressivement des pans entiers de la vie économique obligeant certaines entreprises dans une moindre mesure l’État à modifier leur structuration et leurs business models sur le terrain. C’est la raison pour laquelle, dans la plupart des pays africains, on assiste à la création d’un département ministériel chargé de l’économie numérique. Ceci a favorisé l’émergence de nombreux acteurs et projets du numérique tant du côté de l’administration publique que privée. Pour ce qui concerne les acteurs locaux, nous pouvons citer Softnet Group au Burkina Faso, Gainde 2000 au Sénégal, Open Bee en Tunisie, etc.
Malgré, l’environnement économique contraignant du continent Africain, certains Etats se démarquent par des innovations technologiques qui facilitent à l’administration et le secteurs privé la délivrance aux usagers et aux clients des solutions adaptées à leurs besoins.

Quelques expériences de réussites de la dématérialisation : Cas de GAINDE 2000 du Sénégal :

 [2] 
Gainde 2000 est une entreprise Sénégalaise spécialisée dans la dématérialisation des procédures. Elle propose des solutions innovantes à la fois aux États, aux acteurs économiques que sont les entreprises et aux citoyens. L’entreprise a investi dans les compétences et une capacité à épouser les réalités africaines pour répondre à des problématiques ponctuelles qui relèvent de contextes socio-économiques particuliers. Les solutions proposées par la plateforme est le concept de guichet unique pour lequel le Sénégal a été le cinquième pays au monde à l’intégrer afin de faciliter le commerce. Ce système met en relation tous les acteurs du commerce pour faciliter les transactions.
Défis et enjeux de la dématérialisation en Afrique :
L'adoption de la technologie numérique ne permet pas uniquement de développer l'efficacité, mais aussi de réduire la complexité des processus, leur coût et le temps qu'ils requièrent. Pour les économies africaines, qui se trouvent dans le besoin pressant d'améliorer leur compétitivité, la dématérialisation des procédures administratives est incontournable, pour améliorer la qualité de vie des citoyens africains, mais aussi pour séduire les investisseurs étrangers via un meilleur classement Doing Business.
Néanmoins, force est de constater le continent Africain doit relever plusieurs défis d’ordre structurel et conjoncturel ,que Jean-Baptiste Eyoukéliyè Kogoe dans son ouvrage intitulé les défis de la dématérialisation en afrique a résumé de la manière suivante « écartelée entre une classe sociale majoritairement analphabète, une intelligentsia digitale éphémère, des faiblesses économiques patentes, un pouvoir d’achat très faible pour ne pas dire incapacitant, des priorités nationales qui sont tous situées à la base de la pyramide de Maslow, des tares historiques, sociologiques et anthropologiques qui font émerger un sentiment d’afrophobie du tout numérique, un cadre juridique pas très bien établi, un commerce électronique encore balbutiant, des déserts énergétiques et numériques presqu’universels, un cyberespace sous fortes menaces, des problèmes liés à la rustique infrastructure télécom et une babélisation rampante de la donnée qu’elle soit publique ou privée »[3]

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