Rattaché à l’Université Paris 8, le laboratoire Paragraphe ouvre un champ d’études à l’intersection de la psychologie, de l’informatique et de la science de l’information et de la communication (SIC). Composé de plusieurs groupes de travail d’orientations différentes, il déploie ses aires de recherche autour des termes relativement neufs tels que transdisciplinarité, ubiquité, hypermédiations, ethnométhodologie, sans oublier de se référer aussi à la création artistique exploitant de nouvelles technologies.
Parmi ses nombreuses activités, on compte par exemple l’organisation d’un colloque international intitulé "HyperUrbain" (en collaboration avec Paris 1 et la FING). La deuxième édition se tiendra cette année les 3 et 4 juin à la Cité des sciences et de l’industrie, en vue de mutualiser des réflexions autour de la ville dans sa dimension sociale qui s’observe au travers des usages des technologies d’information et de communication, proposant ainsi un lieu de rencontre entre les SIC et les sciences humaines et sociales (SHS).
Pour connaître plus concrètement ce qui est de la transdisciplinarité de ce laboratoire, je consulte un article récemment entré dans ArchivSIC, d’un de ses membres (RIEDER Bernhard. Etudier les réseaux comme phénomènes hétérogènes : quelle place pour la "nouvelle science des réseaux" en science humaines et sociales ? sic_00379526).
Bernhard Rieder y réexamine les notions de "réseau" traditionnellement utilisées dans les SHS. D’une part cela désigne selon lui une structure des électroniques et de nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) et d’autre part le terme s’applique à l’analyse des réseaux sociaux fortement liée à la sociologie. S’agissant de la NTIC, le réseau représente une morphologie particulière, caractérisée par la flexibilité, la malléabilité ou la multi-directionnalité qui s’oppose au schéma hiérarchique et ordonné. Dans l’analyse de réseaux sociaux, il propose avant tout une méthodologie de formalisation de modèle portant sur les unités sociales, décrites au travers des liaisons entre des individus plutôt que de leurs propriétés.
La notion de réseau dans les NTIC, se référant aux aspects techniques ou au moins métaphoriques, n’aurait pas beaucoup inspiré l’analyse sociologique, bien que celle-ci ait été marquée plutôt par l’apport des mathématiques, notamment par la théorie des graphes permettant de visualiser et de calculer la densité et l’état de connexion. Rieder montre alors un tournant méthodologique important introduit par une branche des mathématiques appliquées, élaborée dans les années 1990 autour des découvertes de "petit monde" (un faible nombre de connections aléatoires suffisent pour modéliser un réseau régulier) ou de "power law" (la majorité des nœuds affichant un degré relativement bas alors qu’un nombre restreint des nœuds assemble un nombre très élevé des connections), et qui se résume enfin dans ce qu’on appelle la "nouvelle science des réseaux"(NSR). Le courant récent de ces études ont induit aussi des concepts variés, entre autres l’"attachement préférentiel", constatant que « les riches deviennent plus riches », que les nœud les plus connectés gagnent encore plus de connections.
L’auteur accentue le fait que cette NSR propose des méthodes inductives de modélisation sans présupposer des liens sociaux concrets comme objet d’analyse. D’où la possibilité d’extrapolation de ces observations sur le plan macro dans l’analyse de phénomènes sociaux ou de compositions sociales.
Comme on imagine bien, l’apport de la NSR serait bien efficace pour la SIC, si l’on voulait analyser des phénomènes socio-culturels de réseautage sur le web ou le système de page ranking.
Tel est un exemple de la réflexion transdisciplinaire, celle-ci demanderait la réactualisation coordonnée des connaissances hétérogènes, y compris l’empirique du quotidien, n’est-ce pas ?
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