lundi 4 mars 2013

Que penser de l'exception des données culturelles dans le domaine de la réutilisation des données publiques ?



Dans sa feuille de route en matière d'ouverture et de partage de données qui vient d'être présentée jeudi 28 février 2013, l'Etat n'aborde pas le sujet des données culturelles. En cela, il semble montrer que la remise en question totale de cette exception n'est pas une priorité et, par conséquent, qu'il continue à la défendre. 

Néanmoins, remettre en question cette exception, régie par la loi du 17 juillet 1978, cela veut dire remettre en question l'organisation générale du secteur culturel en France. 

Si la donnée culturelle est laissée à la réutilisation, elle devient un bien marchand, ce qui entraînerait la remise en question du concept de bien culturel comme bien non marchand. En effet, quand on regarde les types de données qui sont aujourd'hui ouvertes, comme les statistiques des trains arrivant à l'heure ou la carte des sanisettes parisiennes, il est difficile de toujours parler de données stratégiques et indispensables à notre éveil intellectuel. 

Or, c'est le concept d'exception culturelle qui fonde la politique culturelle française et
remettre en question cette exception entraîne déjà, et entraînera d'autant plus, la réorganisation du secteur culturel dans son ensemble, déjà soumis à de fortes pressions. Libérer certaines données peut, en effet, remettre en cause l'existence même d'un établissement culturel, par exemple la Réunion des Musées Nationaux.
Cependant ouvrir les données culturelles afin de permettre leur réutilisation ne serait-t-il pas un moyen d'inventer de nouveaux modes de financement de la culture, dans un pays en crise ?
Les musées, par exemple, expriment souvent leurs réticences en brandissant la peur de voir le public déserter les expositions. Or, la mise à disposition des collections sur internet  n'a pas empêché le public de s'y rendre.
Dans le cas des archives, parler de protection des données personnelles pour ne pas ouvrir les données, c'est bien aller contre la feuille de route du gouvernement, et oublier les délais de communicabilité qui existent déjà.

Le problème est que "les données culturelles" sont une appellation très vague recouvrant des types de données très différents. Qui s'intéresse aux statistiques de consultation du site web d'un musée ? Cette donnée est-elle comparable à un inventaire d'archive ou au catalogue d'une bibliothèque ? Il s'agit donc de faire un travail de classement des données afin de différencier celles  à ouvrir et celles à conserver fermées.
Cela semble être le chemin défendu actuellement par la France, alors que la directive européenne est en rediscussion.









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