Le bras de fer qui opposait l'ABF à la SCELF sur la gratuité des lectures à voix haute en bibliothèques publiques a probablement connu son épilogue le vendredi 12 janvier 2018 lors de la conférence de presse de la ministre de la Culture Françoise Nyssen.
Depuis 2016, la Société Civile des Editeurs de Langue Française revendiquait auprès des bibliothèques publiques de lui verser des droits sur les lectures à haute voix en s'appuyant sur le code de la propriété intellectuelle L122-4 selon lequel "tout acte de représentation en public est soumis à droit d’auteur". Un barème de 30€ est ainsi imposé même sans billetterie pour toute activité de lecture. Magnanime, la SCELF proposait un perception de droits sur la base d'un forfait annuel de 100€ des bibliothèques qui disposent d'un budget pour leurs animations...
Vendredi 12 janvier, lors de la conférence de presse de la Ministre de la Culture Françoise Nyssen pour la présentation de la Nuit de la Lecture, cette dernière a tranché: "La perception des droits sur les lectures en public, j'y suis opposée."[1]
Dès le début des revendications de la SCELF, l'Association des Bibliothécaires de France s'est opposée à la fin de la gratuité des lectures à voix haute dans les bibliothèques publiques, notamment défendant la sauvegarde de l'heure du conte pour les enfants: " Au nom de leurs missions de service public et de la promotion de de la lecture et en raison des difficultés budgétaires des communes, l'ABF réclame une exonération totale pour ce type d'animations culturelles".[2]
L'ABF a pu compter sur des alliés de poids et inattendus : les auteurs ! "Les lectures publiques proposées par les bibliothécaires comme les libraires sont indispensables aux auteurs. Elles contribuent à faire connaitre les auteurs ainsi que leurs livres. Il n'est donc pas question de grappiller quelques euros à cette occasion" explique le Société des Gens De Lettres (SGDL).[3]
Daniel Pennac, auteur du livre "Comme un roman" dans lequel il établit les droits imprescriptibles du lecteur est remonté: "Il y en a marre de tondre le tondu: cette idée de redevance sur les lectures publiques ne tient compte ni de la réalité, ni des besoins".[4]
L'arbitrage de la Ministre de la Culture arrivera également à calmer l'Education Nationale dont les enseignants s'inquiétaient d'une nouvelle contrainte: " Sur le plan de la philosophie sociétale, le paiement d'un tel droit pose question sur la marchandisation de tout et n'importe quoi".[5]
Sources :
[1] HEURTEMATTE
Véronique. La Ministre de la culture opposée à une taxe sur les
lectures publiques en bibliothèque, Livres Hebdo, http://www.livreshebdo.fr/article/la-ministre-de-la-culture-opposee-une-taxe-sur-les-lectures-publiques-en-bibliotheque .13 janvier 2018
[2] Association des Bibliothécaires de France. Communiqué de presse, www.abf.asso.fr, http://www.abf.asso.fr/1/175/636/ABF/communique-suite-au-rendez-vous-du-14-novembre-2016-avec-la-scelf .13 juin 2017
[3] GIRARD
Hélène. Pourquoi les auteurs sont sur la même longueur d’onde
que les bibliothécaires ? la Gazette.fr, http://www.lagazettedescommunes.com/543852/lectures-en-public-pourquoi-les-auteurs-sont-sur-la-meme-longueur-donde-que-les-bibliothecaires/ .10 janvier 2018
[4] GARY
Nicolas. Daniel Pennac: faire payer la lecture publique, c’est
non, Actua Litté.com, https://www.actualitte.com/article/monde-edition/daniel-pennac-faire-payer-la-lecture-publique-c-est-non/86701 .11 janvier 2018
[5] OURY
Antoine. La taxe sur la lecture publique
pourrait-elle s’appliquer aux écoles ? Actua Litté.com, https://www.actualitte.com/article/monde-edition/la-taxe-sur-la-lecture-publique-pourrait-elle-s-appliquer-aux-ecoles/86718 .12 janvier 2018
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire