lundi 15 février 2021

Evaluation et redéploiement d'une veille

Lorsqu’une veille est installée, elle est donc convenable à la stratégie et aux besoins exprimés pour les projets en cours. Néanmoins, elle peut être confrontée à des contraintes telles que la baisse des remontées d’informations, baisse d’efficacité pour les usagers, etc. Il est donc question de faire un bilan pour l’évaluer et définir comment la redéployer. Pour ce faire, nous allons avoir des retours d’expériences, des réponses d’experts, et des propos d’éditeurs sur leurs technologies. [1]

Pour évaluer l’efficacité d’un dispositif de veille, les veilleurs sont invités à lancer des enquêtes de satisfactions auprès de leurs clients. Il est cependant conseillé de ne pas abuser du temps disponible des répondants pour obtenir le plus grand nombre possible de réponses. Ces enquêtes de satisfaction permettent « d’obtenir un retour qualitatif, surtout quand il est accompagné de commentaires judicieux. » [2]

Le veilleur doit, en effet, évaluer ses sources d’information notamment au moment de la constitution de corpus de sources et tout au long de ses activités. Or, Pierre-Yves Debliquy déplore le défaut de synchronisation entre les veilleurs et les utilisateurs finaux. D'après lui, ce sont « les utilisateurs finaux qui doivent être les premiers à s'exprimer et à dire si la veille remplit sa fonction ou pas, car ce sont eux qui vont utiliser l'information collectée par les veilleurs. » [3]

Aussi, pour améliorer le corpus de sources, il faut privilégier un bon site qui propose des informations fiables, originales et documentées. Il convient de repérer toutes les ressources disponibles sur ce site. Une autre technique consiste à  examiner les liens entrant (sites extérieurs pointant vers la sources). De nombreux outils de « backlink » sont à la disposition des veilleurs comme : Majestic, Ahrefs, Semrush, Rank Signals, etc. 

Bruno Texier recommande aux veilleurs de (re)lire le célèbre traité « De la guerre » de Carl Von Clausewitz [4]. Il conseille aux veilleurs d’appliquer la méthode du « coup d’œil » lors de la validation d’une source en étudiant ses comptes Twitter et « de garder un œil»  sur tout ce qui se passe sur le cycle de renouvellement dans la filière numérique. [5]

Selon l’expérience de Pierre-Yves Debliquy, l’évaluation d’un dispositif de veille varie entre entre une PME et un grand groupe. Il constate qu’il est judicieux de travailler par projet dans les PME, et de mettre en place un système de veille qui collecte et stocke de l’information. Aussi, selon lui, l'évaluation d'un dispositif de veille doit être permanente si les veilleurs veulent gagner la confiance de leurs utilisateurs. Il rajoute : « A mes yeux, l'intelligence collective qui existe au sein de l'organisation est plus utile qu'un logiciel de veille » [6]

Toutefois, les éditeurs de veille commencent à se mettre au service de l'évaluation. Laurence Marcelli, directrice associé de l’éditeur Iscope explique : « Notre solution propose des statistiques d’usages paramétrables permettant de connaitre le nombre d’utilisateurs et de savoir de façon anonymisée lesquels consultent quel type de contenu, quand et à quelle fréquence » avant de rajouter : « nous proposons également des exports vers des outils internes à l’entreprise pour évaluer la valeur ajoutée de la veille. » [7] Chez Kentika par exemple, des indicateurs permettant d'évaluer l'activité sont présents dans chaque volet de l'outil dédié à la collecte, à la diffusion et à la pérennisation de la veille. 

Aussi, la question de l’évaluation d’un dispositif de veille se pose également au Canada. L’institut national de de santé publique du Québec (INSPQ) a décidé de procéder à la révision de ses activités en matière veille scientifique suite au contexte de la propagation de la grippe A (H1N1) entre 2009 et 2010 [8]. « Deux types d’évaluation sont couramment effectuées à l’Institut : un qui s’applique à toutes les veilles, et un qui concerne les produits de veille », expliquent Julien Chevrier et Mahée Lacourse dans un retour d’’expérience [9] ; « la phase d’évaluation est réalisée de façon ponctuelle, à au moins une reprise dans les premiers mois d’activité de la cellule de veille et, par la suite, sur une base plus au moins régulière ou au besoin. » [10]


Sources : 

[1] : Bruno Texier, Veille : évaluez, redéployer, Archimag n°340 décembre 2020 - janvier 2021, p. 17-18.

[2] : Ibid.

[3] : Bruno Texier, Attention au manque de synchronisation entre veilleurs et clients finaux , Archimag n°340 décembre 2020 - janvier 2021, p. 19.

[4] : Le stratège Prussien Carl Von Clausewitz (1780-1831) vantait « le coup d’œil » (en français dans le texte) permettant d’identifier les tenants et les aboutissants d’un champ de bataille. 

[5] : Bruno Texier, Veille : évaluez, redéployer, Op.cit.

[6] : Bruno Texier, Attention au manque de synchronisation entre veilleurs et clients finaux Op.cit.

[7] : Clémence Jost, Les éditeurs de veille au service de l'évaluation,  Archimag n°340 décembre 2020 - janvier 2021, p. 20

[8] : Bruno Texier, La veille en coopération avec les scientifiques, Archimag n°340 décembre 2020 - janvier 2021, p. 22

[9] : Ibid.

[10] : Ibid. 






 


Aucun commentaire: