lundi 9 février 2015

"Comment le Big Data rattrape aujourd’hui la papyrologie (1)"

Lors de ensevelissement de Pompéi sous les cendres, en 79 après J.-C., Herculanum fut aussi frappée par le souffle de l'éruption carbonisant les matériaux périssables tels que le bois, le cuirs mais aussi les rouleaux de papyrus.
Découverts en 1752,lors des fouilles archéologiques commandées par Charles de Bourbon, dans la "villa des papyrus", ces 1800 rouleaux de carbones présentaient déjà un aspect hermétique à la lecture.

Des techniques historiques plus ou moins destructrices

Depuis leur découverte, de nombreuses techniques ont été mises en place, sans donner de résultats probants : de la plus ancienne (et la moins destructrice) du père Piaggio, en 1753, permettant l'ouverture progressive de ces volumen millimètre par millimètre, jusqu'aux décennies 1960-1970 avec la technique dite "d'Oslo" qui, par l'emploi d'un produit gélatineux permettait de décoller les différentes couches formant le document, à la plus rudimentaire qui consistait utiliser un couteau afin de disjoindre les spires provoquant la destruction du rouleau, les essais n'ont pas manqué.
Récemment des techniques d’approche plus moderne ont été tentées avec différentes techniques d'imagerie mais sans donner de résultats très satisfaisants : "Ainsi, concernant l’utilisation des rayons X, l’encre utilisée dans l’Antiquité étant fabriquée à partir de carbone issu des résidus de fumée, elle a donc une densité quasi identique à celle de la feuille de papyrus brûlée, ce qui la rend difficile à distinguer(2)."

Une approche à distance

La technologie employée à l'heure actuelle est celle de la tomographie X en contraste de phase (XPCT). En effet, cette nouvelle technique permet de discerner les lettres de leur support en s'appuyant sur les variations d'indices de réfraction percevoir la différence entre l'encre et le papier. Cette méthode présente l'avantage de pouvoir étudier le contenu des volumen sans savoir recours à la nécessité de les ouvrir et donc, de les détériorer.

Elle a pour l'instant été employée sur deux rouleaux confiés par l'Institut de France au Synchrotron européen de Grenoble dont l'équipe internationale de chercheurs issus du CNR italien, de l’ESRF, et du CNRS, composée de physiciens, de mathématiciens et d’historiens.
Selon Vito Mocella, membre du CNR italien :  «Notre but était de montrer que la technique a marché pour lire à l'intérieur des papyrus sans y toucher [...] À présent, nous devons peaufiner la technique et les algorithme(3)».
Selon Daniel Delattre, chercheur au CNRS, ces données issues de la recherches scientifiques se retrouveront en libre accès.

"La seule bibliothèque de l’Antiquité retrouvée complète à ce jour" (1)

Si les ouvrages retrouvés à ce jour ne sont, majoritairement, pas œuvres perdues mais bien des textes connus, on peut citer cependant la découverte d'une partie des livres d’Épicure, De la Nature, ainsi que les poèmes de l'un de ses disciples, Philomène de Gadara.
Il reste encore 700 à 800 rouleaux dont le contenu est encore à découvrir ce qui prendrait encore une dizaine d'années, selon les chercheurs, laissant une large place à de possibles découvertes.
De plus le troisième étage de la villa des papyrus, situé au niveau de la mer, dont l'existence a été faite dans les années 2000, reste toujours a explorer.

 De nouvelles possibilités ?

Cette avancée majeure dans le domaine pourrait, à terme, être employée sur d'autres corpus dont les restes, carbonisés, auraient été conservés et permettraient de retrouver le contenu des ouvrages détruits. On peut citer le cas récent de l'INION à Moscou (4) dont l'incendie du 2 février 2015, a détruit des ouvrages anciens mais surtout uniques.



(1)Aurélie Sobocinski, Des papyrus antiques carbonisés déchiffrés à la lumière des rayons X , Le Monde, publié le 20/01/2015, [consulté le 9/02/2015]

(2)
Pascale Mollard-Chenebenoit,

jeudi 5 février 2015

Ressources Humaines VS Big Data

C'est au tour des professionnels du recrutement de se montrer "adaptables", de "se réinventer" de "saisir de nouvelles opportunités"...

Leur activité avait déjà été sensiblement impactée par la multiplication des sites d'annonces professionnels et  des réseaux sociaux tels que Viadéo, Linkedin, Facebook. Désormais, la révolution technologique bouleverse les usages et les processus de recrutements restés jusqu'ici relativement classiques (1).
Aujourd'hui, les professionnels ont accès à une profusion de profils qu'il leur faut savoir appréhender pour opérer à une sélection pertinente. Et dans le sillage de ces candidats potentiels, c'est tout un cortège d'informations disponibles via d'autres réseaux sociaux (dont Facebook...) qu'il leur faut apprendre à traiter, analyser et valoriser.
En résumé, les professionnels du recrutements sont eux aussi confrontés à la problématique de la prolifération des données, ce qui en langage RH pourrait se traduire par "le challenge du big data".

Pour cette filière, c'est "un tournant technologique et culturel majeur, qu'il ne faudra pas rater sous peine de se voir distancer par la concurrence"(2). D'autre part, l'alliance de la branche française de Facebook  avec la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) début 2014 (3) a clairement signifié l'urgence de miser sur les opportunités qu'offre le nouvel "or noir".
Car le big data c'est bien entendu la possibilité de croiser des informations permettant de découvrir de nouveaux profils et d'affiner les propositions faites aux entreprises. Mais c'est également le moyen d'observer et d'analyser le marché de l'emploi sous différentes facettes grâce aux traitements statistiques d'afflux massifs de données.
Autant de nouvelles connaissances qui permettront aux cabinets de recrutements de mettre en place des stratégies de placement et de communication encore et toujours plus performantes.


Sources : 
Fabien Renou, "Avec les big data, le recrutement entre dans une nouvelle ère",Journal du Net , 01/09/14

LE FIGARO.fr, "Facebook aide les PME à recruter"

Xerfi, "Le conseil en recrutement et la filière RH – Défis et opportunités liés aux nouvelles technologies numériques" 3eme trimestre 2014

Digital Humanities. Quand les sciences humaines et sociales rencontrent le numérique

Du 29 juin au 3 juillet prochains se tiendra, à Sydney, la Conférence annuelle des humanités numériques (Digital Humanities, DH) (1). Le choix de ce lieu qui, pour la première fois, se situera hors de l’Europe et de l’Amérique du Nord, rend compte, de manière emblématique, de l’expansion de ce "champ de recherche" au niveau international, au-delà des barrières disciplinaires, culturelles ou linguistiques.

Les humanités numériques ? Une nouvelle manière de pratiquer la recherche
Opérant un rapprochement entre les sciences humaines et sociales (SHS) et  les technologies de l'information et de l'informatique, les humanités numériques tiennent compte non seulement de l'usage croissant, voire hégémonique, des nouvelles technologies au sein de la recherche, mais prennent également en considération les modifications générées par cette utilisation sur les objets, les méthodes, les pratiques mêmes de la recherche, ainsi que des conditions de sa diffusion.
Toutes les disciplines des sciences humaines et sociales sont concernées par cette transformation profonde (2) : l'histoire, la linguistique et la littérature en premier chef - en raison de leur accès privilégié à de grands corpus de documents. La lexicométrie, le data mining ou encore la data visualisation ont ainsi permis des approches différentes de ces corpus, notamment par l'importance des données traitées et la distance permise.
Plus récemment, la sociologie, avec l'analyse des réseaux sociaux et la prise en compte de nouveaux acteurs aux comportements inédits, a trouvé à explorer de nouveaux champs, nécessitant de nouvelles méthodes, de nouveaux paradigmes d'interprétation.
De même, la géographie a vu, avec les SIG (système d'information géographique), ses moyens d'appréhension et de représentation de l'espace profondément modifiés. L'intégration, par ailleurs, de séries temporelles permet désormais d'exploiter la dimension temporelle des données géospatialisées.

Les humanités numériques ? Un rapprochement entre science et société
Outre ces enjeux d'ordre épistémologique et méthodologique, le souci d'instaurer un nouveau rapport entre science et société caractérise les humanités numériques. Conscients du rôle social dévolu à la recherche, ses acteurs prônent en effet "l'enrichissement du savoir et du patrimoine collectif, au-delà de la seule sphère académique, (…) l'accès libre aux données et aux métadonnées et (…) sont favorables à la diffusion, à la circulation et au libre enrichissement des méthodes, du code, des formats et des résultats de la recherche" (3).

Les premiers pas de la reconnaissance institutionnelle
Sans entrer dans les problèmes que la désignation des humanités numériques suscite (ni science auxiliaire des SHS, ni interdiscipline, ni discipline à part, peut-être une transdiscipline ? (4)), les DH s'efforcent, depuis les années 70, de promouvoir ces nouvelles manières d'appréhender le monde, par la création d'associations nationales et internationales (5) mais aussi de faire reconnaître, institutionnellement, les nouvelles compétences nécessaires à leur pratique.
L'annonce, en octobre 2014, de la proposition du Conseil National du Numérique de créer un bac en humanités numériques, constitue déjà un premier pas vers cette reconnaissance.
Même si beaucoup reste à faire pour les DH ne soient pas considérées comme une filière "à part" mais bien comme une évolution concernant l'ensemble des élèves, des étudiants, et de manière plus large, l'ensemble des citoyens.


[1] Conférence annuelle des humanités numériques, Sydney,  29 juin-3 juillet 2015 (consulté le 05/02/2015)
[2] Page wikipédia "Humanités numériques" (consulté le 05/02/2015)
[3] Manifeste des Digital Humanities (2011) (consulté le 05/02/2015)
[4] Réflexion collective menée, en janvier 2014, entre les membres de la liste de diffusion, en langue française, Digital Humanities (consulté le 05/02/2015)
[5] Voir les liste d'associations nationales et internationales, notamment sur le site d'ADHO, la page wikipédia "Humanités numériques". A noter la création en 2014 de l'association francophone des humanités numériques, Humanistica (consultés le 05/02/2015)
   

lundi 2 février 2015

Emploi : dans le numérique, une demande forte mais pas assez de candidats


Le secteur du numérique recrute mais est en manque de candidatures, selon le premier baromètre "les métiers du numérique" publié le  29 janvier 2015 [1]. Cet indicateur, destiné à devenir trimestriel, vise à dresser le portrait d’un secteur en pleine expansion et en évolution constante.

Ce baromètre a été publié par le pôle de compétitivité Cap digital et la start-up Multiposting (éditeur de solutions dédiées au e-recrutement). Il met en évidence un paradoxe : les métiers du numérique ne savent pas se rendre assez attractifs et peinent à recruter, alors que le marché de l’emploi est morose.

Un marché complexe à analyser
Faute de référentiels métiers, le secteur peine à se définir. Cette étude fournit un indicateur sur le nombre d'offres d'emploi diffusées dans le secteur, en classant en grandes familles des métiers du numérique et de l'informatique. On retrouve des activités "classiques" : administrateurs, chefs de projet, développeurs, mais aussi des termes qui nécessitent d'être précisés. Les "Spécialistes" sont des "acteurs qui favorisent l'accès et la sécurité aux services numériques". Ce sont par exemple des juristes experts d'internet, ou des professionnels de la sécurité informatique. Les postes en "Marketing, communication et vente" regroupent des "acteurs qui optimisent la présence des entreprises sur le web". Enfin - et c'est plus particulièrement ce dernier qui nous intéresse ici - le "traitement de l'information" qui regroupe les "acteurs chargés du traitement des données, de la recherche, de la production et de la gestion éditoriale des contenus". Pour chaque famille de métiers, un "indice d'attractivité" est établi, qui analyse le nombre de candidatures reçues pour une offre.

Les métiers de la data en forte hausse
Parmi les développeurs, de loin les plus recherchés (plus des 2/3 des annonces), l’étude constate une hausse des offres pour les métiers relatifs à la « data » (data scientist, big data... ) : + 25,5 % sur un an.

Les métiers du marketing en retrait
A l'inverse, les métiers du marketing, de la vente et de la communication sont en baisse : - 24 % par rapport à 2013.

Une demande de spécialistes importante
L'augmentation de recherche de spécialistes (+18 %) s'explique par la hausse de la présence du numérique dans tous les secteurs où des problèmes spécifiques apparaissent : par exemple, les questions relatives aux données personnelles dans l'assurance.

Le cas des métiers de l'analyse de l'information
Les offres en matière de traitement de l'information génèrent beaucoup moins d'offres et présentent deux caractéristiques : elles représentent la plus forte hausse de l'étude par rapport à 2013 : + 30 %, mais ont l’indice d’attractivité le plus élevé du baromètre : les candidats sont donc plus nombreux à répondre à une même offre dans ce secteur.
© Cap Digital / Muliposting
A noter : une journée portes ouvertes des startups parisiennes du numérique, « How I met my startup », sera organisée le 2 avril prochain.

Sources :

[1] Cap Digital : "Le premier baromètre Cap Digital et Multiposting « Les métiers du numérique »" [en ligne] publié le 29/01/2015 (consulté le 02/02/2015)
http://www.capdigital.com/le-premier-barometre-cap-digital-et-multiposting-les-metiers-du-numerique/

[2] La Tribune :  "Les métiers du numérique explosent, les candidatures ne suivent pas" [en ligne] publié le 29/01/2015 (consulté le 02/02/2015)
http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20150129tribbe72e7f6c/les-metiers-du-numerique-explosent-les-candidatures-ne-suivent-pas.html

[3] ITespresso : "Métiers du numérique : beaucoup d’offres, mais trop peu de candidats" [en ligne] publié le 29/01/2015 (consulté le 02/02/2015)

http://www.itespresso.fr/metiers-du-numerique-beaucoup-doffres-mais-trop-peu-de-candidats-87299.html

[4] Le Figaro : "Emploi: forte demande dans le numérique" [en ligne] publié le 30/01/2015 (consulté le 02/02/2015)
http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2015/01/30/97002-20150130FILWWW00358-emploi-forte-demande-dans-le-numerique.php


[5] La ruche : "Métiers du web : un manque de candidats face à un besoin croissant des entreprises" [en ligne] publié le 29/01/2015 (consulté le 02/02/2015)
http://laruche.wizbii.com/15183-metiers-web-manque-candidats/


[6] 01Business : "Le paradoxe du marché de l’emploi informatique à son comble" [en ligne] publié le 30/01/2015 (consulté le 02/02/2015)
http://pro.01net.com/editorial/643631/le-paradoxe-du-marche-de-l-emploi-informatique-a-son-comble/


[7] Journal du net : "Numérique : les offres d'emploi explosent, mais pas les candidatures" [en ligne] publié le 30/01/2015 (consulté le 02/02/2015)
http://www.journaldunet.com/solutions/emploi-rh/emploi-du-numerique-barometre-multiposting-et-cap-digital.shtml

Moscou : une bibliothèque de premier ordre victime d'un incendie

Samedi dernier, un incendie a dévasté la bibliothèque de l'Institut d'information scientifique des sciences humaines (Inion). Il s'agit de la principale bibliothèque universitaire de Russie. Les dégâts sont considérables (1).

Des collections prestigieuses
Fondée en 1918, la bibliothèque était la quatrième plus importante bibliothèque de Russie de par la quantité d'ouvrages conservés (4). Son fonds conserve 10.5 millions de pièces. Elle conservait plus des documents historiques datant du XVIe au XXe siècles, rédigés en plusieurs langues. Parmi eux, on distingue plus de 300 000 livres en langues slaves, des documents officiels issus du Royaume-Uni, d'Italie ou des Etats-Unis, ainsi que des manuscrits de Shakespeare (4). Après la seconde guerre mondiale, en 1956, des livres rares dans les domaines de l'économie, de la philosophie ou encore des classique du marxisme-léninisme ont été importés d'Allemagne comme trophées. (2)

Un terrible incendie
Le feu a commencé le vendredi soir vers 22H. Il s'est prolongé  jusqu'au lendemain soir sur les 2 000 m2 du bâtiment et a mobilisé 200 pompiers. D'abord cantonné sur le secteur des bureaux, il s'est ensuite propagé aux livres eux-mêmes jusqu'à provoquer l'effondrement du toît sur 1 000 m2. Dans un premier temps, les responsables se sont montrés rassurants pour finalement renoncer à l'évacuation des livres car la chaleur de l'incendie à l'intérieur des bâtiments était trop importante (1).


Les enquêteurs ont indiqué aux médias russes qu'un court-circuit pourrait être la cause de l'incendie.
Les pompiers tentent d'étendre l'incendie à la bibliothèque de l'Institut d'information scientifique des sciences humaines à Moscou, le 31 janvier 2015 (ALEXANDER UTKIN / AFP).
Les pompiers tentent d'étendre l'incendie à la bibliothèque de l'Institut d'information scientifique des sciences humaines à Moscou, le 31 janvier 2015 (ALEXANDER UTKIN / AFP).


Les pertes patrimoniales sont considérables
Des documents uniques ont été détruits. Selon M. Vladimir Fortov, Président de l'Académie des sciences, plus de 15% des documents ont été détériorés. Il ajoute : "C'est une grande perte pour la science : il s'agit de la plus vaste collection de ce type dans le monde, équivalente, probablement, à la Bibliothèque du Congrès américain à Washington"(3).

Plus que les flammes, ce serait surtout les quantités d'eau utilisées pour éteindre l'incendie qui auraient causé le plus de dégâts. Tout n'est pas perdu : des techniques de restauration pourront redonner un peu de leur panache à ces documents.
Selon l'Agence fédérale en charge des organisations scientifiques, il sera difficile de mesurer l'ampleur des dégâts tant que le feu ne sera pas totalement éteint. Pour sauver cette collection unique et limiter les effets de l'incendie, elle a annoncé un plan de mesures d'urgence. (2)


La bibliothèque de l'Inion est également une référence pour tous les instituts de sciences humaines. Les scientifiques évoquent un "Tchernobyl" culturel (3). Alexeï Riabinine, professeur d'histoire à la Haute Ecole d'Economie de Moscou considère que cet événement est un "choc considérable pour les scientifiques du monde entier".

Il reste maintenant à inventorier les pertes et sauver ce qui peut encore l'être.


Sources


(2) [S. N.] RUSSIE. Un incendie ravage la plus grande bibliothèque in Nouvel Observateur, 1er février 2015

(4) [S. N.] RUSSIE : L'incendie d'un “temple” universitaire à Moscou in Courrier International, 2 février 2015.

mercredi 28 janvier 2015

Be less busy !

" Be less busy". Voici le slogan affiché sur le site officiel de Slack (1).

Slack est une plateforme avec pour mission affichée de rendre la vie professionnelle plus facile, agréable et productive. Pour cela, elle centralise les outils de communications utilisés dans le travail en équipe : messagerie instantanée en groupe, partage de liens, documents, commentaires, etc.
La création de "chaines" ou canaux de discussions par sujets, groupes, projets tend à diminuer le flux d'emails professionnels.
Slack propose l'intégration d'applications tels que Twitter, DropBox, GoogleDocs dont le contenu est réuni sur la plateforme. Il est aujourd'hui possible d'intégrer plus de 70 services extérieurs (voir la liste complète sur le site).
Il est possible d'archiver et rechercher dans l'ensemble des documents déposés car l'outil propose une indexation et un moteur de recherche.
L'ensemble du contenus est accessible où que l'on soit car le service propose la synchronisation avec les appareils des utilisateurs : ordinateur, smartphone (applications disponible sous iOS et Android).

Lancé en février 2014, Slack a déja été adopté par des entreprises telles que Airbnb, Wall Street Journal, Amazon, etc. D'après les chiffres fournis par Slack et publiés dans Le Figaro, 30 000 équipes échangent 200 millions de messages tous les mois (2).
Mais certains entrevoient déjà les limites de ce nouvel outil. En effet, le site américain The Verge (actualité spécialisée en sciences, technologies, art et culture) dénonce la possibilité pour une entreprise d’accéder aux messages de ses employés (3). La politique de confidentialité a en effet été adaptée pour les entreprises dans l'obligation légale de conserver les communications des employés, comme cela est prévu pour certaines industries aux États-Unis.  L’accès aux archives de conversations pourra être demandé par un responsable d'équipe, pour les entreprises ayant souscrit au modèle payant proposant ce service.

La plateforme fonctionne sur le modèle Freemium. L'offre gratuite dite "légère" ("Lite" sur le site) donne accès à 10 000 messages archivés, 5 intégrations, applications pour iOS, Android et Mac Desktop ainsi qu'une assistance. Slack propose plus de services avec trois autres offres, payantes. A ce jour, le plateforme compterait 280 000 utilisateurs actifs dont 70 000 payants (2).

Le créateur de cette plateforme, Stewart Butterfield, est déjà célèbre pour la plateforme de partage de photos FlickR, dont il est le cofondateur. Il était présent à la conférence DLD15 (Digital Life Design, réseau mondial sur l'innovation, la numérisation, la science et la culture) qui s'est tenue en janvier 2015 à Munich afin de présenter ce nouvel outil.

Slack fait partie du top 10 des lauréats des innovations numériques mondiales, Grand prix qui sera remis lors du Forum Netexplo les 4 et 5 février prochains (4).


Sources :

(1) Site officiel Slack (consulté le 28/01/2015)

(2) "Slack révolutionne la communication en entreprise" Géraldine Russell, Le Figaro, 26/11/2014 (consulté le 28/01/2015)

(3) "Slack alters privacy policy to let bosses read your messages" Casey Newton, 24/11/2014 (consulté le 28/11/2015) 

(4) Top 10 des lauréats du Grand Prix Netexplo (consulté le 28/01/2015)

Bientôt tous journalistes ?

Une équipe de chercheurs américains et portugais a mis au point un algorithme permettant de vérifier automatiquement des informations en ligne.


L'étude porte sur de simples faits, issus de la toile, constitués d'un sujet, d'un verbe et d'un complément. Exemples de phrases testées :
Barack Obama est musulman.
Rome est la capitale de l'Inde.
Les chercheurs ont utilisé les knowledge graph (graphiques de connaissances) et ont analysé les nœuds de ces graphes. Un tel graphe est constitué d'un ensemble complexe de nœuds.
L'algorithme repère les phrases simples (sujet, verbe, complément) parmi ces nœuds et quantifie le lien qui unit un sujet à son complément.
Les chercheurs se sont basés sur des dizaines de milliers de knowledge graph issus de Wikipedia pour démontrer leur algorithme [1].


Principe 

Dans cette méthode, un sujet qui est relié par différents nœuds adjacents à son complément s'avère être une information véridique. En revanche si le chemin qui relie un sujet à son complément n'est pas composé de nœuds adjacents, l'information sera mise en doute. Cela revient à calculer la proximité sémantique de ces deux entités. L'algorithme recherche le plus court chemin entre les deux entités et évalue cette proximité.

Un deuxième calcul est effectué, il porte sur l'unicité : plus le chemin est unique entre un sujet et son complément et plus le fait sera véridique. En effet, si de multiples chemins sont possibles pour un même fait, on peut en conclure que ce fait n'est pas une information spécifique et notable.

Chemin le plus court entre "Barack Obama" et "musulman", source : arvix.org.
Dans cet exemple le chemin comporte 8 nœuds et l'algorithme lui a assigné une faible valeur de vérité.

 

Applications possibles

Selon les chercheurs, cette nouvelle méthode de vérification pourrait être utilisée par Wikipedia pour vérifier tous les nouveaux faits introduits dans l'encyclopédie.

Certains imaginent déjà une extension qui serait intégrée à nos navigateurs et qui permettrait de vérifier directement les informations trouvées sur le web [2].

Le gain de temps ne serait pas négligeable pour les journalistes qui ont une quantité importante d'informations à vérifier. La fonction même de journaliste pourrait être remise en cause [3].

L'algorithme est encore en cours de développement, son taux de réussite est significatif mais pas encore suffisant. Et il ne détecte pas encore les effets de langage comme l'ironie.

Cette vérification automatique de l'information viendrait s'ajouter au crowdchecking (la foule apporte la preuve d'une information) déjà existant.
Son potentiel est important. En effet, cette automatisation pourrait permettre de démolir rapidement certaines théories (théorie du complot par exemple) ou d'arrêter la propagation de la désinformation, aujourd'hui très rapide sur les médias sociaux.

Sources
[1] Collectif - Computational fact checking from knowledge networks - Arvix.org - 14/01/2015 - http://arxiv.org/pdf/1501.03471v1.pdf
[2] Michael Byrne - Yes, Please: An Algorithm for Fact Checking the Internet - Motherboard - 25/01/2015 - http://motherboard.vice.com/read/an-algorithm-for-fact-checking
[3] Guillaume Scifo - Automatiser la vérification de l’information avec un algorithme - Atelier.net - 27/01/2015 - http://www.atelier.net/trends/articles/automatiser-verification-de-information-un-algorithme_433337?utm_source=atelier&utm_medium=rss&utm_campaign=atelier