vendredi 16 avril 2010

Twitter entre dans l'histoire

Aussi fugace soit-elle, l'information qui circule quotidiennement sur la plateforme de microblogging Twitter n'en a pas moins une valeur patrimoniale. Dans un communiqué diffusé le 14 avril 2010 sur son blog et via son compte Twitter, la prestigieuse Bibliothèque du Congrès américain a ainsi annoncé qu'elle allait archiver électroniquement les milliards de "tweets" (littéralement "gazouillis") postés publiquement sur le site depuis sa création en mars 2006.

Limités à 140 caractères, ces messages très courts envoyés chaque jour par millions ont fait la réputation de Twitter: permettant de diffuser de manière quasi-instantanée des informations, ils ont permis au site américain de s'imposer comme un nouvel outil de communication. Devançant parfois les médias traditionnels, Twitter a ainsi été le premier à annoncer les attentas de Bombay de décembre 2008; il a également servi de canal privilégié lors des manifestations en Iran de juin 2009 ou encore dans les heures qui ont suivi le séisme en Haïti de janvier 2010, alors que le réseau téléphonique était coupé.

Parmi les tweets "historiques" qui vont passer à la postérité, on peut citer celui de Barack Obama annonçant le 5 novembre 2008 sa victoire aux élections présidentielles américaines. Chargée du dépôt légal aux Etats-Unis depuis 1870, la Bibliothèque du Congrès hérite d'un fonds considérable de plusieurs milliards de messages. Ce sont près de 50 millions de tweets qui sont en effet postés chaque jour par les 100 millions d'utilisateurs que comptent Twitter aujourd'hui. Il ne s'agit pourtant pas véritablement d'une première en matière d'archivage du web pour la vénérable institution, qui a déjà collecté 167 téraoctets de données sur internet depuis 2000.

Seuls les messages "publics" vont toutefois être archivés: les utilisateurs ayant choisi de protéger la confidentialité de leurs tweets en en limitant la consultation à leur simple réseau de contacts n'ont donc pas d'inquiétude à avoir. Twitter a également annoncé que la Bibliothèque du Congrès devrait respecter un délai de six mois avant de pouvoir exploiter le fonds, et ce uniquement dans une optique non commerciale de préservation et de recherche.

Outil révolutionnaire ou complètement inutile, selon les points de vue, Twitter a en tous cas beaucoup fait parler de lui ces dernières semaines. Au moment où était annoncé le partenariat avec la Bibliothèque du Congrès, on apprenait en effet que les tweets à caractère publicitaire allaient faire leur apparition sur le site, dont le modèle économique reste encore à définir...

jeudi 15 avril 2010

Les réseaux sociaux - vers un nouveau couloir humanitaire ?

Quand la presse écrite s'offre une tribune sur Twitter dans un but caritatif
USA Today, le quotidien national le plus distribué aux Etats-Unis (d'après l'Audit Bureau of Circulation, chiffres de septembre 2009) a lancé hier, 15 avril 2010, une campagne de levée de fonds pour organisations caritatives qui s'appuie sur Twitter. L'organisation caritative qui obtiendra le plus de #AmericaWants tweets et autres retweets se verra offrir une pleine page de publicité dans le journal, diffusé à 1 900 000 exemplaires - ce qui revient à un emplacement d'une valeur de 189 400 $ (139 771 €). Le règlement ne précise pas si les citoyens hors des Etats-Unis sont en droit de participer et désigner leur ONG ou association préférée.

Le journal justifie cette action par une étude menée sur 492 adultes. Celle-ci montre comment les modalités du don caritatif varient en fonction de l'âge du donateur ; tandis que les plus âgés préféreront envoyer un chèque par courrier postal ou participer à des événements à but caritatif, les représentants de la génération Y (nés entre 1981 et 1991) se tournent eux plus volontier vers l'envoi d'SMS et, surtout, les réseaux sociaux.

Associations humanitaires, ONG et réseaux sociaux

Les sites de social networking (Facebook et MySpace en tête) n'avaient pas attendu la sortie de cet article pour lancer leurs applications de don en ligne, respectivement Causes (lire la description et profession de foi) et Impact.

Les atouts des réseaux sociaux n'ont pas échappé aux ONG françaises. Après l'Etablissement Français du Sang sur Facebook, les organisateurs de la Semaine nationale de mobilisation pour le don de moelle osseuse ont eux proposé une offre à 360° comprenant entre autre une application sur l'Apple Store pour épauler une campagne plus "classique" dans les rues de grandes villes.

Vers un nouveau business model ?
Conscients des promesses d'importants développements importants à venir en matière de marketing caritatif, les investisseurs du Net se pressent pour lancer les outils de levée de fonds de demain et assurer la présence des ONG sur le Web. On peut ainsi citer une plate-forme de don en ligne, Giveo (http://giveo.com/), lancée il y a deux semaines pour toucher les jeunes donateurs) tandis que Chris Hughes, l'un des fondateurs de Facebook et le responsable de la campagne "Yes We Can" d'Obama ainsi que du site My.BarackObama.com, promet pour l'automne prochain un réseau social entièrement consacré au monde associatif : Jumo (http://www.jumo.com).

Open access to knowledge - promoting sustainable progress : 76e congrès de l’IFLA

Pour son édition 2010, le Congrès international des bibliothèques et de l'information se déroulera sous le thème : l'accès libre au savoir, promouvoir un progrès durable.

Cet événement est organisé autour de six grands axes :
  • le libre accès aux connaissances, aussi important que la liberté d'expression 
  • l'accessibilité pour tous, y compris les personnes empêchées 
  • l'ouverture à tous, qui que vous soyez et d'où vous venez 
  • la place du domaine public, sur Internet ou dans un lieu physique, où les personnes puissent partager du contenu  
  • l'émergence de nouvelles idées, avec des utilisateurs tournés vers l'innovation 
  • la publication en libre accès, pour l'enrichissement des connaissances et l'instauration d'un meilleur équilibre entre droit d'auteur et liberté d'information.
Voir le programme complet

Le Congrès aura lieu du 10 au 15 août 2010 à Göteborg (Suède). Les participants pourront aussi bénéficier des nombreuses activités proposées par le Festival de la culture qui se déroulera simultanément.

Voir toutes les informations sur le site de l'IFLA

Informations pratiques :

- Dates de pré-inscription : du 1er mars au 26 juillet 2010
- Lieu : centre des Congrès de Göteborg
- Tel : +44 141 331 0123
- Envoyer un mail : ifla2010@congrex.com

Knol et Wikipédia

Le projet Knol

Le projet KNOL, démarré en 2007 a été lancé par Google. Le parallèle avec Wikipédia est rapidement apparu, particulièrement aux yeux des utilisateurs de la fameuse encyclopédie en ligne. L’objectif premier de Knol est de proposer à des internautes de poster en ligne des articles sur des domaines de connaissance choisis par eux-mêmes. «Knol est un mot-valise issu de Knowledge (connaissance) et de Mol (abréviation de mole, unité de mesure de quantité de matière chimique). Un Knol est donc une petite quantité de connaissance (« a unit of knowledge ») c'est-à-dire un article que l'on souhaite faire partager à d'autres utilisateurs. », est-il écrit sur l’article de Wikipédia sur le sujet, mercredi 14 avril 2010.

Sur Knol, qui est aussi le nom du site, la fonctionnalité première est le partage de la connaissance en ligne. Plusieurs fonctionnalités secondes permettent cet échange entre les internautes. Leur est ainsi donnée la possibilité de proposer une évaluation, de rectifier, de commenter un article ( un knol ), ou encore d’y ajouter des liens. Ce travail de type collaboratif est facilité par un mode de contribution très simple sur Knol . L’ouverture d’un formulaire du type de ceux qui sont proposés sur les CMS classiques, permet à un internaute lambda de poster lui-même son article. Une restriction existe pourtant : l'obligation de passer par un compte sur Google. Knol, création de Google, demeure ainsi dans son orbite via ce préalable pour y participer.

Comparaison avec des encyclopédies collaboratives du type Wikipédia

La différence vient d’abord de l’origine des deux projets. Knol, est un service proposé par Google, tandis que Wikipédia demeure indépendant. Chez le premier, même si le souci éthique est mise en avant, la dimension marchande est effectivement prééminente. Dans une autre sphère, Wikipédia, qui depuis peu passe par des appels directs à la contribution financière de ses utilisateurs pour perdurer, l’utopie à origine de sa naissance infuse encore son souffle à cet outil-libre. Pour le moment, Wikipédia reste l’encyclopédie en ligne la plus populaire, mais rencontre des difficultés pour demeurer à ce niveau, comme souvent lorsqu’il s’agit de survivre en privilégiant l’application de valeurs comme le partage et la liberté, sur la recherche de biens tels que la sécurité ou le profit.

La différence entre Knol et Wikipédia se joue à un autre niveau, plus technique : celui du principe de modération. En effet sur Wikipédia, l’avancée dans la connaissance s’opère par un processus double de modération : fonction remplie par une équipe qui travaille en amont, mais qui modère a posteriori ; action conjuguée à celle internautes contributeurs qui peuvent corriger ou compléter à leur guise un article déjà posté. Sur Knol en revanche, les contributeurs ne peuvent modifier les articles des autres auteurs, mais seulement les commenter ou alors poster leur propre version sur la même thématique. En théorisant un peu, sur Wikipédia, l’avancée vers la connaissance s’opèrerait plutôt par un travail de nature collaborative au risque de l’erreur. Sur Knol la juxtaposition des points de vue dans des domaines variés, laisserait peut-être l’internaute sur le seuil de l'exactitude, dans les processus d'acquisition de connaissance. Celui qui utilise Knol pour se documenter sur un sujet, doit en effet faire lui-même la part des choses, par l’exercice de son discernement entre plusieurs points de vue sur un même thème. Pour exercer son jugement, il pourra encore se reporter à l'article sur le même thème s'il existe dans Wikipédia, ou sur d'autres outils de partage de connaissance, comme par exemple l'Encyclopédie de l'Agora.

mercredi 14 avril 2010

L'illusion de l'archivage numérique

Un rapport publié le 29 mars 2010 par l’Académie des sciences et des technologies nous met en garde sur les différents problèmes liés à la sauvegarde des données par numérisation.
Cette technique qui n’a cessé de se développer ces dernières était pourtant apparue comme la panacée au tournant du siècle. Le stockage numérique garantissait une longévité exceptionnelle, confinant à l’éternité…

Plusieurs soucis sont cependant intervenus au fil du temps. En 2007, l’homme a produit 281 milliards de gigaoctets de données (soit 45 Go par être humain). Or, les capacités de stockage n’étaient que de 264 milliards de Go. L’homme produit donc plus qu’il ne peut garder. Or, en 2011, on estime qu’il sera produit 1 800 milliards Go de données !
Selon les auteurs du rapport, « Les progrès spectaculaires des disques durs et la chute de leur prix permettent maintenant de stocker aisément de l'information ; mais archiver de cette façon sur des décennies ou un siècle pose un tout autre problème, du fait que les supports numériques n'ont qu'une durée de vie de cinq à dix ans environ » .
Si les supports numériques pour archiver ne manquent pas (disques durs, mémoires flash, bandes magnétiques…), la pérennité de cette sauvegarde laisse à désirer. Des institutions comme l’INA ou la BNF ont bien saisi cette problématique. Elles n’hésitent ainsi pas à dupliquer très régulièrement (2 à 3 ans) des données déjà numérisées.
Cependant pour les PME et les particuliers, le coût d’une telle manœuvre serait très (trop ?) important. Par exemple, on considère que cela reviendrait à environ 1000 euros par an et par foyer.

Selon le rapport, il n’y aurait pour le moment « pas de solution acceptable ». L’archivage en ligne ou la duplication « régulière » serait trop chers pour les PME et pour les particuliers. Les disques optiques numériques, comme le Century Disc, pourraient être une solution. Mais, à cause d’un manque d’investissement des Etats et des entreprises dans les recherches sur ces techniques, ce procédé reste onéreux. Les auteurs concluent donc sur la nécessité d’informer la population et sur l’urgence d’une mobilisation des chercheurs et des investisseurs.

Académie des sciences et Académies des technologies. Longévité de l'information numérique - Les données que nous voulons garder vont-elles s'effacer ? Éditions EDP Sciences - Mars 2010

lundi 12 avril 2010

Mir@bel un nouvel outil de veille en SHS

Mir@bel est né à l'automne 2009 du besoin de disposer d'informations sur les contenus en ligne des principales revues francophones en sciences humaines et sociales.
C'est un réservoir d'informations qui, pour chaque revue recensée, indique où trouver en ligne le texte intégral des articles, les sommaires des numéros, les résumés des articles et les références bibliographiques.
Ce projet est piloté par dix institutions partenaires dont l'ENS de Lyon, l'IEP de Grenoble et l'IEP de Lyon, qui se sont engagées à assurer la veille sur les revues.
Parallèlement à cette veille manuelle, de nombreuses informations sont mises à jour automatiquement par le biais des principaux portails de revues francophones en SHS : Cairn, Erudit, Persée, Revues.org
L'alimentation de Mir@bel dépendra du nombre de partenaires (bibliothèques, centre de documentation, éditeurs, portails,...) qui souhaiteront intégrer le projet.

Source http://www.reseau-mirabel.info

"Les vrais révolutionnaires du numérique"

Publié aux Éditions Autrement (mars 2010), l'ouvrage Les vrais révolutionnaires du numérique fait référence aux travaux menés par Christophe Deshayes [Documental (l’observatoire IMpertinent des technologies)] et Michel Berry [École de Paris du management].

Ce qui est traité ici n’est pas le foisonnement d’appareils technologiques nouveaux, alliant performances et esthétisme, mais une révolution profonde des rapports sociaux qui touche tous les secteurs : la vie sociale, les associations, les loisirs, la ville, l’école et l’entreprise.

Annoncer une révolution, c’est-à-dire la substitution d’un monde par un autre, nouveau, différent, d'un point de vue uniquement technologique est très insuffisant. Donc, pas de 'grand soir' au sens historique du terme. Les acteurs de la révolution numérique se défient des idéologies, et ont souvent perdu confiance dans la politique. Un moteur essentiel et inattendu de cette révolution est l’émergence, dans toutes les activités humaines, d’une puissante logique de réseaux de collaboration et d’entraide.

Chaque exemple traité dans les six chapitres de l'ouvrage donne à voir et à comprendre les transformations en cours, mais aussi initie des débats pour en stimuler les effets positifs et en conjurer les risques. Les deux premiers chapitres démêlent les propos embrouillés tenus sur le web 2.0. puis traitent de l'omniprésence du jeu. Le chapitre suivant montre comment certains mouvements associatifs ont saisi les moyens nouveaux qu’offrent les technologies numériques, pour éventuellement établir des rapports plus favorables avec les entreprises et les pouvoirs institués. Dans le quatrième chapitre, les auteurs font un point sur les transformations dans l'éducation. Le cinquième chapitre traite de l’évolution de la vie urbaine, et plus particulièrement des déplacements. Enfin, le dernier chapitre aborde l'entreprise, jusque-là plus imperméable que les exemples précédents à développer des pratiques coopératives, car celles-ci se marient mal avec les conceptions classiques de la hiérarchie et de la division des rôles.

Pour les auteurs, si elle propose de changer l’ordre des choses, cette "révolution" n'en possède aucun des attributs classiques. Aucune violence de masse perpétrée, aucune idéologie apparente, nul penseur emblématique à sa tête, simplement une cohorte improbable et hétérogène d’acteurs issus de la société civile conscients des enjeux de leur action, le tout s’opérant dans une ambiance plutôt ludique.

Finalement, peu importe que les institutions soient bloquées puisqu’il ne semble plus nécessaire de transformer les institutions pour réussir à changer le quotidien des gens ordinaires.