mardi 24 mars 2015

Quand les musées partent à la rencontre des internautes de Twitter avec la MuseumWeek 2015

Participerez-vous cette semaine à la #MuseumWeek2015 ? 

D'après Elisabeth Taburet-Delahaye[1], directrice du musée de Cluny, " la MuseumWeek est une nouvelle occasion de dépoussiérer notre image, de multiplier les contacts avec nos publics et de favoriser les rencontres avec de nouvelles communautés".

Un évènement international

Lancée en France en 2014 par une douzaine de community managers d'institutions culturelles de l'hexagone, la MuseumWeek (semaine des musées) avait rassemblé 630 musées et provoqué environ 15000 twittos européens [2]. Sous le hashtag #MuseumWeek, community managers, visiteurs et internautes publient un tweet ou une photographie relatifs à une oeuvre.

Reconduite cette année du 23 au 29 mars 2015, la MuseumWeek est devenue mondiale avec plus de 2000 participants internationaux, provenant d'environ soixante pays et 1100 villes. C'est le Royaume Uni qui compte le plus de participants, la France en compte quant à elle plus de 300.

Un projet collaboratif 


La Museum week est coordonnée par Benjamin Benita [3], chargé d’études et de stratégie numérique chez Universcience. Le groupe de pilotage regroupe quatre pôles : le pôle "communication", le pôle "communication digitale", le pôle "empowerment et pédagogie", le pôle "évaluation et réception", ainsi que des référents nationaux et internationaux, le Ministère de la Culture et de la Communication et l'équipe Twitter, pour un total environ de 40 volontaires travaillant sur ce projet. 

Quel programme ?


Un programme quotidien a été organisé afin de faire participer différents publics sur différents sujets. A chaque jour son lot de tweets, en lien avec les secrets des musées le lundi, les souvenirs le mardi, l'architecture le mercredi, le thème de l'inspiration le jeudi, les réactions et photos des familles le vendredi, les oeuvres préférées des visiteurs le samedi et enfin les selfies le dimanche. 
 

Vous vous en souviendrez en 2035 


Pour savoir en temps réel qui participe à la Musem Week et où, une carte interactive est disponible en ligne.
Afin de garder une trace numérique dans le temps des milliers de tweets publiés à l'occasion de la MuseumWeek, la Cité des Sciences et de l’Industrie archivera l’ensemble des Tweets de la #MuseumWeek 2015 dans une capsule temporelle. D'après le blog de Twitter, "l’objet sera réouvert en 2035, comme témoignage aux futures générations de ce que la culture réservait de meilleur en 2015".


Aider les musées à communiquer sur les réseaux sociaux

Le Ministère de la Culture et de la Communication a publié un guide pratique destiné à l'animation des communautés intitulé "Lumière sur les réseaux sociaux", pour que chacun puisse développer le lien numérique[4]. 
Depuis le 1er janvier 2013 les quatorze musées de la Ville de Paris sont réunis au sein d’un nouvel établissement public administratif, Paris Musées qui a pour mission (entre autres), d’accompagner les musées pour communiquer davantage sur les réseaux sociaux.
Au sein des musées, les chargés des contenus numériques et les community managers sont les nouveaux professionnels dédiés pour impulser et entretenir ce nouveau lien entre musées et visiteurs

Pourquoi faire ?


Pour Sébastien Magro, chargé de projets nouveaux médias au Musée du Quai Branly, "les réseaux sociaux sont à la croisée des trois disciplines : la communication, l’information et la médiation" d'où l'initiative Muzeonum, la plateforme des professionnels du numérique au musée. 
Alors que le réflexe des français de se renseigner par eux-mêmes sur les actualités culturelles a tendance à se perdre, les musées peuvent profiter de Twitter et des réseaux sociaux en général pour aller à la rencontre des internautes et les informer des évènements de l’établissement. 
D'après Benjamin Benita, "le musée renforce son esprit citoyen avec les réseaux sociaux.
Un lien se crée entre le musée et les visiteurs. Le musée devient citoyen et à hauteur d'homme". L'internaute est devenu un visiteur à part entière. 


Sur quels réseaux sociaux ?

Toujours selon Benjamin Benita, les publics fréquentent chacun leur réseau social. Sur Facebook, l'information se veut pédagogique et décalée, avec un lien trans-générationnel. Les geeks et autres férus du numérique ont plutôt tendance à aller sur Twitter. N'oublions pas Youtube, Instagram ...
Selon les statistiques du site Museum Analytics, les musées américains et londoniens sont les plus suivis sur Facebook et Twitter. 

Rendez-vous après la MuseumWeek 2015 pour savoir si elle a bénéficié aux comptes Twitter des musées français !


Sitographie

[1] Audrey DEFRETIN, Claire SEGURET : Trois questions à … Elisabeth Taburet-Delahaye, directrice du musée de Cluny. Publié le 20/03/2015, http://museumweek2015.org/fr/blog/2015/03/20/trois-questions-a-elisabeth-taburet-delahaye-directrice-du-musee-de-cluny/ [en ligne]. (Page consultée le 24/03/2015)

[2] Justine RYST:  C'est parti pour la #MuseumWeek 2015. Publié le 22/03/2015, https://blog.twitter.com/fr/2015/cest-parti-pour-la-museumweek-2015 [en ligne]. (Page consultée le 24/03/2015)

[3] MUSEUM WEEK : #MuseumWeek : gouvernance du projet.http://museumweek2015.org/fr/blog/2015/03/18/museumweek-gouvernance-du-projet/ Publié le 18/03/2015, http://museumweek2015.org/fr/blog/2015/03/18/museumweek-gouvernance-du-projet/ [en ligne]. (Page consultée le 24/03/2015)

[4] MINISTERE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION : Les réseaux sociaux « culture », un nouvel espace de dialogue. Publié le 27/11/2014, http://www.culturecommunication.gouv.fr/Actualites/En-continu/Les-reseaux-sociaux-culture-un-nouvel-espace-de-dialogue [en ligne]. (Page consultée le 24/03/2015)

Humanités numériques et Réseaux sociaux



Ou comment l’Histoire est analysée par les réseaux sociaux.

De quoi s’agit-il ?
L’anthropologie computationnelle est cette branche des “humanités numériques” qui cherche à comprendre la mentalité des peuples en utilisant les ressources de l’ordinateur et du Net.[1].
Cette discipline profite de la puissance des ordinateurs pour acquérir une nouvelle dimension et ouvrir la voie à de nouveaux domaines de recherche.

Une méthode de « ranking »
Les chercheurs du MIT ont ainsi utilisé Wikipédia de quatre nationalités pour établir quels étaient, pour chaque « Humanité», les personnages les plus importants puis ils ont ensuite cherché à créer un “réseau social” de ces personnes en analysant les liens qui pointaient dans chaque page vers un de leurs contemporains.
L’utilisation d’un algorithme de type « page rank » a permis de classer les grands “influenceurs”, témoignage de la dynamique sociale existante.
Cette étude a permis ainsi de modéliser, de garder les traces des migrations et de repérer les relations ou corrélation d’une culture  avec ses voisins.

Le projet Pantheon [2]
Ce projet ne se concentre pas que sur les influenceurs, mais aussi sur leur “production culturelle”.[1]
Cette analyse ne prend donc en compte que les personnalités dont la réputation a traversé les frontières de leur pays , les limites de leur époque et leur activité. La mesure de leur activité culturelle est ainsi cartographiée, les relations d’influence sont mises à jour et permettent de dégager des tendances informationnelles.
L’intérêt de Pantheon réside moins dans le classement des célébrités que dans l’analyse des modèles de cette production culturelle globale.[1]

D’autres expériences en cours
Global Language Network“ cartographie les relations entre les langues à partir du nombre de traductions de livres ou l’Observatoire de la complexité économique propose lui “une narration visuelle sur les échanges entre pays“[1]. Le défi des humanités lorsqu’il opère dans un horizon informatique semble  immense.

Enfin,
comme une dataviz vaut mieux que de longs discours, à consulter : captivant !!


[1]Rémi Sussan- L’Histoire vue par les réseaux sociaux - en ligne le 17 mars 2015 (consulté le 24 mars 2015) http://www.internetactu.net/2015/03/17/lhistoire-vue-par-les-reseaux-sociaux
Pour aller plus loin
Jean Guy Meunier - Humanités numériques ou computationnelles : Enjeux herméneutiques
http://www.sens-public.org/spip.php?article1121 publié en ligne 5 décembre 2014  (consulté le 24 mars 2014)

mardi 17 mars 2015

Le nouveau module SciVerse: quelles implications pour la recherche?

Un module d'analyse d'un nouveau genre chez Elsevier

Elsevier a annoncé en février dernier la création d'un nouveau module incorporé dans SciVal (sa plate-forme d'analyse) intitulé SciVerse [1]:il s'agit selon l'éditeur d'une plate-forme qui va permettre aux chercheurs de trouver d'autres auteurs, des publications et des journaux susceptibles de les intéresser. La plate-forme utilisera les citations, mais également les données d'usage des chercheurs[2] utilisant Scopus et Science Direct. On ne s'appuie donc plus uniquement sur les publications des chercheurs, mais sur les données disponibles sur l'ensemble des utilisateurs utilisant ces services en ligne, en utilisant une approche Big Data. Concrètement, les "traces" laissées par les utilisateurs  vont permettre de dégager des profils thématiques, entre autres possibilités.

L’intérêt est ici d'inclure les utilisateurs qui ne publient pas, mais qui utilisent la plate-forme (pour faire des recherches par exemple), et permet d'intégrer de nouvelles données. Selon Elsevier [3], il sera donc possible d'évaluer l’intérêt pour telle ou telle thématique de recherche, cibler les auteurs/institutions/éditeurs populaires, ou encore produire de nouvelles métriques d'analyse de la performance, ce qui ne manquera pas de susciter quelques questions.

Big Data et IST: quelle approche de la science, pour quels bénéficiaires?

Comme le relève l'article de l'INIST [2], Elsevier joue ici de sa taille et du nombre d'utilisateurs dépendant de ses services (pour publier ou consulter une publication) pour mettre en place une approche Big Data, une première à cette échelle pour l'information scientifique et technique (IST). Par ce biais, l'éditeur se positionne sur la "Research Intelligence", tournée vers l'entreprise et les décideurs soucieux d'investir dans la recherche et développement. Cette approche, développée par le leader mondial de l'édition scientifique, contribuera certainement à renforcer son hégémonie, et à imposer son modèle économique, qui suscite par ailleurs de nombreuses réserves [4].

De plus, alors que les données de SciVerse pouvaient déjà être réutilisées par  des "tiers" [5] pour développer des API ou d'autres types d'applications commerciales, SciVal Trends peut légitimement susciter des interrogations sur l'utilisation des données de la recherche, et leur contrôle par les chercheurs eux-mêmes. Ce type de service va également favoriser les grandes organisations, et principalement les grands groupes privés, qui ont les moyens humains et financiers de s'engager dans une démarche Big Data. Or, ceci aura des implication sur les financements de la recherche en général, puisqu'il pourrait favoriser les thématiques jugées les plus "populaires". De manière plus globale, on peut s'interroger sur la nature et la fiabilité des algorithmes utilisés, et sur les contrôles exercés sur ces algorithmes.   

Références:


[1] Elsevier, "New SciVal Trends module lets users analyze their own research areas (with webinar)", publié en ligne le 25 février 2015 (consulté le 17 mars 215)
 http://www.elsevier.com/connect/new-scival-trends-module-lets-users-analyze-their-own-research-areashttp://www.elsevier.com/connect/new-scival-trends-module-lets-users-analyze-their-own-research-areas

[2]INIST-CNRS, "Elsevier annonce le lancement de SciVal Trends qui exploite et analyse les données d'usage des chercheurs utilisant Scopus et Science Direct", publié le 13 mars 2015 dans DIST Info.
http://www.cnrs.fr/dist/z-outils/documents/Distinfo2/Distinf13.pdf
 
[3]GFII, "Elsevier Announces the Launch of SciVal Trends, a New Module for Research Analyses which Incorporates Citation and Usage Data", publié en ligne le 25 février 2015 (consulté le 17 mars 2015).
http://www.gfii.fr/fr/document/elsevier-announces-the-launch-of-scival-trends-a-new-module-for-research-analyses-which-incorporates-citation-and-usage-data


[4]"Protocole d’accord Elsevier : vers le maintien de la rente et la confirmation d’un contrôle hégémonique des données de la recherche", publié en ligne par SavoirCom1 le 21 février 2014 (consulté le 17 mars 2015)
http://www.savoirscom1.info/2014/02/protocole-daccord-elsevier-vers-le-maintien-de-la-rente-et-la-confirmation-dun-controle-hegemonique-des-donnees-de-la-recherche/

[5]Martin Fenner, "Elsevier launches SciVerse, integrates ScienceDirect + Scopus + More", publié en ligne le 29 août 2010 (consulté le 17 mars 2015)
http://blogs.plos.org/mfenner/2010/08/29/elsevier_launches_sciverse_integrates_sciencedirect_scopus_more/