Le 28 septembre 2017, Jean-Michel Salaün, Professeur dans différentes entités universitaires (Ecole normale supérieure de Lyon, ENSSIB, EBSI de Montréal...) connu pour ses apports scientifiques aux Sciences de l'information et de la documentation, signait un tweet rédigé de la manière suivante : "Comme promis, la postface à Vu, lu, su (dispo aussi sur hypothèses) archinfocloud.ens-lyon.fr/index.php/apps … Dernier twt, adieu à mes followers." Ce "faux" dernier tweet car Jean-Michel Salaün continue à tweeter, nous interroge néanmoins sur le contenu de cette postface.
L'ouvrage Vu, lu, su est paru il y a cinq ans, en 2012 aux éditions de La Découverte. Son titre exact est : Vu, lu, su : les architectes de l'information face à l'oligopole du Web. Le document est vu grâce au développement du terminal mobile; lu en suivant un axe personnel et donc découpé en thématiques d'intérêt; su enfin grâce aux réseaux sociaux. Dans cette postface, Jean-Michel Salaün annonce donc sa retraite académique. Cette postface est l'aboutissement de cinq années de réflexion après la parution de l'ouvrage. Le chercheur souligne les changements majeurs du web en un si court laps de temps : le développement des algorithmes, de l'intelligence artificielle, les conséquences de la réalité virtuelle, l'avènement de l'économie du partage, des outils nomades... Son intérêt cependant se porte particulièrement vers le document : l'ordre numérique documentaire est resté le même malgré les changements opérés. Quel est-il ?
L'organisation documentaire est toujours dominée par les "GAFTA" notamment Apple, Google et Facebook. Cette domination tend à se renforcer. Si la révolution documentaire a bien eu lieu, elle est très récente: "fin du siècle dernier et première décennie du nouveau millénaire", nous précise Jean-Michel Salaün. Sinon son caractère massif, ces transformations du document sont l'objet de cette postface. Il s'agit principalement de comprendre ce qu'est l'architecture de l'information et partant l'architecte de l'information. Ainsi le document est intrinsèquement lié à celui/celle qui le construit. Ce dernier connaît aussi bien l'organisation de l'information, le design que l'expérience utilisateur. Pourtant ces termes, essentiels aux yeux de l'enseignant-chercheur, sont peu usités dans le domaine académique ou de la formation. Jean-Michel Salaün le regrette et il reste persuadé que ces trois expertises sont au coeur de l'analyse informationnelle du document. Le concept d'architecture de l'information reste la réponse au défi de l'apparition du document numérique. L'ordre documentaire qui en émerge est ainsi dominé par le modèle de Facebook. Pourquoi ?
Facebook symbolise le partage de l'information et la plateforme est créatrice selon l'auteur, d'un nouveau genre de documents qui construit pour chaque communauté un imaginaire, une série de récits personnalisés. Or, cet imaginaire est à une échelle mondiale, devenu politique. Ce changement dont l'origine est l'échange de documents, fait vaciller le monde ancien. Le nouvel ordre documentaire se base sur un nouvel agencement des documents et donc de l'information. Les "industries de la mémoire", les géants du web, gèrent aujourd'hui une masse de documents comme jamais; ce que l'on nomme le Big Data. Une maîtrise de l'architecture de l'information, de la maison du web, serait un pas pour une régulation du nouvel ordre documentaire que Jean-Michel Salaün appelle de ses voeux.
Un appel pour la journée mondiale de l'architecture de l'information à Toulouse, le 24 février 2018 [consulté le 6 novembre 2017]. <https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSdmebSS1ecukGJ-VPhmYQ62m_UiJWm8vZuw0soptTORZoAfHQ/viewform >
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